La sortie du glyphosate n'est pas pour demain. Sur Brut, Emmanuel Macron a reconnu ne pas avoir "réussi", malgré la promesse : "Je n'ai pas changé d'avis" sur cet objectif, mais "je n'ai pas réussi" à l'accomplir, c'est un échec "collectif", a déclaré le chef d'Etat qui, en novembre 2017, s'était engagé dans un tweet pour une interdiction "au plus tard dans trois ans". En janvier 2019, Emmanuel Macron avait déjà averti que la France ne parviendrait pas à se passer du glyphosate "à 100 %" en trois ans. "Pas faisable et ça tuerait notre agriculture", estimait alors le président.
"Quand on veut lutter contre les pesticides, c'est l'Europe le bon niveau"
"Pourquoi on n'a pas réussi ? (...) Quand les autres ne vont pas au même rythme que nous, ça crée de la distorsion de concurrence et on sacrifie notre agriculture pour régler le problème", a-t-il fait valoir vendredi. "Quand on veut lutter contre les pesticides, c'est l'Europe le bon niveau", a-t-il poursuivi. "On ne peut pas gagner la bataille tout seul si on n'a pas les autres européens", a-t-il insisté.
L'Elysée a indiqué récemment que le président souhaite porter la question au niveau européen, où pour l'instant seul le Luxembourg s'est engagé à se passer du glyphosate d'ici fin 2020. L'autorisation actuelle du glyphosate dans l'Union européenne court jusqu'à fin 2022.
Les ONG, elles, se montraient très critiques fin novembre face à cette option. "Le gouvernement a berné les citoyens en faisant une promesse qu'il ne tient plus", reproche Agir pour l'environnement, faisant valoir que l'agriculture biologique montre qu'il est possible de se passer du désherbant. Au niveau européen, "rien ne garantit (qu'une interdiction) sera actée par les 27 en 2022", s'inquiétait Greenpeace.
"Cancérogène probable" ou évaluation "biaisée"
Le glyphosate, désherbant "à large spectre", a été classé comme "cancérogène probable" en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Un avis que ne partagent pas l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui estimait "improbable" qu'il présente un danger cancérogène pour l'homme, et l'Agence européenne des produits chimiques (Echa). Mais des scientifiques et ONG ont dénoncé une évaluation "biaisée" car basée sur des rapports fournis par les industriels.
En France, l'Anses a restreint en octobre, sous six mois, les usages agricoles du glyphosate, qui reste le deuxième produit phytosanitaire le plus utilisé (9700 tonnes vendues en 2018, contre 8800 en 2017). Selon une évaluation de l'agence sanitaire, le glyphosate peut être le plus souvent remplacé, en particulier par des moyens mécaniques (désherbage manuel, machines dédiées...) même si cela entraîne un besoin de main d'oeuvre supplémentaire.
Avec AFP.
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