Emmanuel Macron à l'Élysée.
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Politique

A Paris, Macron organise un ballet de chefs d'Etats pour inventer des financements climat

Chefs d'Etats riches et pauvres, financiers, experts du climat... Tous se réunissent jeudi à Paris à l'initiative du président français Emmanuel Macron pour réimaginer un système financier mondial à même de mieux armer les Etats fragiles contre le changement climatique et la pauvreté.

Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, l'argent sera au centre des discussions de ce sommet jeudi et vendredi au Palais Brongniart, auquel une centaine de pays seront représentés dont une cinquantaine de chefs d'Etats et de gouvernements sur place.

"Désormais, la bataille contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie et la lutte pour la biodiversité sont très liées ensemble", avait affirmé M. Macron fin avril, en référence à ce "sommet pour un nouveau pacte financier" dont l'idée a germé au moment de la COP27 à Charm-el-Cheikh en novembre.

L'objectif est donc de dépoussiérer l'architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et de le faire vite: "Si on commence dans les années 2030, cela nous coûtera beaucoup plus et les dilemmes seront vertigineux", dit à l'AFP Sarah Jane Ahmed, conseillère d'un groupe de 58 pays très vulnérables appelé V20.

Les besoins sont immenses: un groupe d'experts indépendants sur le financement de la lutte contre le changement climatique, créé sous l'égide des Nations unies, a estimé l'an dernier que les pays en développement autres que la Chine devront dépenser plus de 2.000 milliards de dollars par an d'ici à 2030 pour le développement et pour répondre à la crise du climat et de la biodiversité. Le compte est loin d'y être.

"Véritable refondation"

La France reconnaît que Paris "n'a pas la capacité de décider", selon une conseillère d'Emmanuel Macron, qui anticipe que la réunion débouchera sur une "feuille de route".

Des réformes institutionnelles aux sujets de taxation, de la question de la restructuration des dettes des pays pauvres au rôle du secteur privé, une large palette de sujets sera abordée durant ces deux jours, qui s'étendent indirectement sur trois avec la réunion annuelle parallèle du Club de Paris mercredi au ministère de l'Economie, avec au menu les questions d'endettement des pays pauvres.

L'Elysée entend donner un "élan politique" à l'idée d'une taxe internationale sur les émissions de carbone de l'industrie du transport maritime, à deux semaines d'une réunion cruciale de l'Organisation maritime internationale (OMI).

D'autres sujets occuperont les échanges, de l'idée de la suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle, très soutenue par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, à une potentielle taxation internationale sur les transactions financières qui a peu de chances d'avancer.

Les banques multilatérales de développement, bailleurs de fonds des pays vulnérables, de l'Amérique latine à l'Afrique sub-saharienne, seront aussi appelées à prêter davantage, quelques mois après l'annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale. Son nouveau président, Ajay Banga, sera là, tout comme la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

Ambition contre réalité

"Un événement de ce type a le mérite de mettre beaucoup de sujets au coeur des discussions internationales et les faire sortir de leur niche", se réjouit auprès de l'AFP Louis-Nicolas Jandeaux, de l'ONG Oxfam. Il relève toutefois "un vrai écart entre l'ambition initiale et la réalité, où peu de nouveaux financements sont attendus".

Le parterre s'annonce pourtant garni à Paris, avec notamment le président sénégalais Macky Sall, le chancelier allemand Olaf Scholz, ou la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen accompagnée de l'envoyé spécial pour le climat John Kerry, et la militante Greta Thunberg en marge.

Très attendue sur la dette car prêteur incontournable de l'Afrique mais rechignant à participer à un cadre commun de restructurations avec les pays occidentaux, la Chine sera représentée par son Premier ministre Li Qiang.

Les pays riches seront mis face à leur promesse, censée être tenue cette année après beaucoup de retard, de financer 100 milliards de dollars par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement. Egalement en ligne de mire, le recyclage de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux, une monnaie de réserve du FMI.

Avec AFP.