Tony Rinaudo, agronome australien, promoteur de la régénération naturelle assistée.
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Environnement

Changement climatique : reverdir les zones désertiques sans planter d’arbres, c’est possible

La Régénération Naturelle Assistée (RNA) est une technique de développement agricole et économique. Imaginée par l’agronome australien Tony Rinaudo, elle est utilisée par l’ONG Vision du Monde dans 27 pays d’Afrique et d’Asie, avec pour objectif de s’étendre à plus d’une centaine de pays dans les prochaines années. 

Chaque année, ce sont en moyenne 21,5 millions de personnes qui sont contraintes de quitter leur foyer en raison de catastrophes météorologiques. Parfois forcées de s’installer au cœur d’environnements délétères, certaines familles doivent alors faire face à d’importantes menaces sanitaires et climatiques (montée des eaux, recrudescence des épidémies, etc.). Une situation dont pâtissent notamment les plus jeunes, puisque dans le monde, on estime aujourd’hui à plus d’un milliard le nombre d’enfants menacés par cette crise. C'est dans ce contexte que Vision du Monde, grâce au Partenariat World Vision International, intervient avec un objectif simple : protéger les familles du changement climatique. Pour ce faire, l’ONG utilise une méthode baptisée Régénération Naturelle Assistée (RNA). 

Qu’est-ce que la RNA ? 

Aussi appelée Farmer Managed Natural Regeneration (FMNR) en anglais, la RNA a été développée au Niger il y a 25 ans par Tony Rinaudo, un célèbre agronome australien. Cette méthode vise à reboiser des zones désertiques sans planter d’arbres, mais en organisant la repousse des végétaux déjà présents. Ainsi, "les agriculteurs locaux élaguent des souches et des tiges d’arbustes et coupent les branches mortes", explique l’ONG. "En laissant uniquement ce qui est capable de se régénérer, les plantes retrouvent des forces pour grandir à nouveau."

"Simple, évolutive et ne nécessitant aucun intrant ou équipement externe pour être mise en œuvre", selon Tony Rinaudo, cette approche permet à la végétation qui repousse de contribuer à restaurer la fertilité du sol, freiner son érosion mais aussi accroître la biodiversité du territoire, entre autres. Outre sa simplicité, la méthode de RNA présente l'avantage d'être peu coûteuse. En effet, elle nécessite un investissement d'environ 40 à 50 dollars par hectare, contre 400 à 8 000 dollars par hectare pour la plantation de nouveaux arbres.  

Si les bienfaits de la RNA sur l’environnement ne sont plus à prouver, cette méthode est aussi gage d’impact positif pour les populations locales qui en bénéficient, rappelle Tony Rinaudo. "La RNA peut doubler le rendement des cultures, fournir du bois de construction et du bois de chauffage, du fourrage et de l'ombre pour le bétail, des aliments, des composants pour les médicaments, et augmenter les revenus et le niveau de vie des familles d'agriculteurs et de leurs communautés."

Une méthode qui s’exporte 

Parmi les 27 pays d’Afrique et d’Asie qui ont pu bénéficier de la RNA par le biais de Vision du Monde, nous retrouvons le Kenya, et plus particulièrement Myaribut, l’un de ses villages. S’il a beaucoup souffert de la sécheresse, de la déforestation, de la détérioration des pâturages ou encore de la mort du bétail, ce dernier a pu profiter du coup de pouce de l’ONG pour retrouver un second souffle. Après une formation par les équipes de Vision du Monde, les habitants ont pu eux-mêmes mettre en œuvre cette approche, qu’ils transmettent désormais aux nouvelles générations.   

"Avec l'augmentation du nombre d’arbres résultant de la RNA, l'érosion des sols a diminué, et les rivières commencent à se remplir à nouveau", témoigne Ruth, une jeune agricultrice du village de Myaribut. "Grâce à l'augmentation des niveaux d'eau, les habitants du village peuvent puiser l'eau pour l'agriculture et l'élevage. Ils profitent également de la présence des arbres pour pratiquer l’apiculture." En outre, cette approche a permis l’autonomisation d’un grand nombre de femmes, tant d’un point de vue économique que professionnel, puisque nombre d’entre elles ont pu bénéficier de compétences essentielles au bon fonctionnement de l’agriculture locale, mais également d’un revenu financier.  

De nouveaux projets en cours 

Si des projets sont en préparation au Mali, en Bolivie ou encore au Bangladesh, l’association se montre aussi désireuse de tendre la main aux habitants de l'Upper East, l’une des régions les plus pauvres du Ghana. Entre insécurité alimentaire et effets du changement climatique, ce sont plusieurs centaines de villageois qui doivent faire face à des conditions de vie difficiles.  

Afin de leur permettre de restaurer et protéger leur environnement, mais aussi de les former aux compétences environnementales et agricoles ainsi qu’à l’accès à l'épargne et au crédit, Vision du Monde a lancé un appel aux dons

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