Réunir 150 citoyens tirés au sort pour définir des mesures permettant "d'atteindre une baisse d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 dans un esprit de justice sociale", pouvait sembler tenir de la gageure, ou de l'instrumentalisation, dans la foulée de la crise des gilets jaunes, déclenchée justement par une forme de taxe carbone.
Et si d'autres pays ont mené de telles conventions citoyennes (Canada, Irlande...), sa légitimité n'allait pas de soi en France. "Au départ, j'étais assez dubitative", se rappelle Barbara Pompili, présidente (LREM, ex-EELV) de la commission du Développement durable à l'Assemblée nationale.
"Consciente de la nécessité de réinventer des lieux de participation", elle juge toutefois que cette "autre forme de démocratie (...) mérite de tenter le coup". Elle a suivi certaines sessions de la convention et tout en estimant que ses propositions risquent de faire écho à des mesures déjà proposées par des parlementaires ou ONG, reconnaît qu'elles "avaient peut-être besoin de passer par un autre filtre de validation".
Les organisateurs de la convention ont pris soin de ne pas contester la légitimité du Parlement, se rendant à plusieurs reprises à des auditions. Pour Julien Blanchet, rapporteur général du comité de gouvernance de la convention et vice-président du Conseil économique, social et environnemental (Cese, qui abrite les travaux de la CCC), cette "nouvelle forme de démocratie augmentée où les citoyens participent à l'élaboration des politiques publiques" peut justement contribuer à "conforter" la démocratie représentative traditionnelle. A condition que les parlementaires "s'en saisissent (pour) s'en servir comme levier".
⌛️ Plus que quelques jours avant le vote et l'adoption finale des propositions de la #ConventionCitoyenne pour le #climat ??
Mais au fait, qu'est-ce que la Convention Citoyenne ⁉️
Éléments de réponses ?⤵️ pic.twitter.com/h5Xn39Wpem
— Convention Citoyenne pour le Climat (@Conv_Citoyenne) June 15, 2020
"On attend que ça nous renforce", dit en écho Barbara Pompili, alors que 55 députés de divers groupes ont de leur côté écrit lundi aux "citoyens" pour s'engager à "prendre la suite de vos travaux pour concrétiser par la voie législative les mesures qui le nécessitent".
"Débat systémique"
Les thèmes de la CCC, déjà portés sur la scène mondiale par les mouvements de jeunes incarnés par exemple par la Suédoise Greta Thunberg, ont pris une nouvelle urgence avec la crise du Covid. Qui a par ailleurs bouleversé le calendrier de la Convention, initialement prévu pour s'achever fin janvier et déjà perturbé fin 2019 par le conflit sur la réforme des retraites.
Le "monde d'après" est désormais sur toutes les lèvres. Au risque de diluer les travaux de la CCC? Emmanuel Macron a réitéré fin mai son engagement dans un courrier: "des décisions fortes seront prises" sur les bases de la Convention. Mais il a aussi souligné dans son allocution dimanche que la "reconstruction économique, écologique et solidaire (...) sera préparée durant tout l'été avec les forces vives de notre Nation".
"Ça ne peut pas mieux tomber," veut croire Yves Mathieu, co-directeur de "Missions publiques", une des structures expertes en organisation de dialogues citoyens qui accompagne la CCC. "La convention arrive avec une vision systémique, au moment d'un débat systémique".
Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, est plus circonspect et espère que le président "s'en tiendra à sa promesse de reprise 'sans filtre' et ne considèrera pas la convention comme un menu à la carte où il peut piocher". "Depuis le début du quinquennat il y a eu beaucoup de moments de débats pour au final avoir des propositions qui sont déjà sur la table depuis des années. Il ne faudrait pas recommencer sous prétexte que le coronavirus a changé le monde, on est dans le temps de la mise en oeuvre".
Si la Convention climat est considérée comme un succès, certains espèrent que ce nouvel instrument soit pérennisé, peut-être au sein d'un Cese remanié.
Mais pour cela, il faudra réussir "le passage à la société, pour que les gens s'y retrouvent", souligne Yves Mathieu. Et si tel est le cas "ça pourrait renforcer la confiance" du public souvent désabusé par la vie politique, mais aussi inciter les décideurs à reconduire une formule qui leur aura permis "d'aller plus vite et de faire mieux dans la prise de décision".
Avec AFP.
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