Emmanuel Macron.
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Politique

Feu vert à la 5G : malgré la controverse, les enchères démarrent

Malgré la controverse qu'elle suscite, la 5G arrivera en France : le gouvernement donne son feu vert au début des enchères ce 29 septembre. 

La 5G fera bel et bien son apparition dans l'Hexagone. La France, "en retard" dans le déploiement de cette technologie au grand dam du gouvernement, lance ce mardi l'attribution des premières fréquences. Elle devrait rapporter plusieurs milliards d'euros à l'Etat.

Ces enchères, initialement prévues en avril puis repoussées par la crise, doivent permettre aux opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) d'acquérir 11 "blocs" de fréquences aujourd'hui inutilisés. Elles ouvriront également la voie aux premières commercialisations de services 5G dans certaines villes d'ici la fin de l'année.

Contre l'avis de l'opposition

La 5G suscite toutefois l'hostilité d'une partie de l'opinion. Responsables politiques et ONG remettent notamment en question l'intérêt de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques pour la santé et l'environnement. Mi-septembre, près de 70 élus de gauche et écologistes - parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou la maire de Marseille Michèle Rubirola - ont demandé un moratoire sur l'attribution des fréquences dans une tribune publiée par le Journal Du Dimanche (JDD). Une requête qui faisait écho à l'une des mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat

Mais le gouvernement a souhaité maintenir son calendrier sans attendre un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prévu en mars 2021, soulignant que la plupart des pays avancés ont déjà attribué ces fréquences. "La France va prendre le tournant de la 5G parce que c'est le tournant de l'innovation", disait Emmanuel Macron en réponse à cette tribune en ironisant sur ceux qui préféreraient "le modèle Amish" et le "retour à la lampe à huile".

D'autant que pour l'exécutif, la 5G ne présente pas "d'effets néfastes avérés à court terme en-dessous" des valeurs limites recommandées concernant l'exposition aux ondes électromagnétiques, avait estimé la ministre de l'Ecologie Barbara Pompili sur la base d'un rapport commandé par le gouvernement. Pour elle, le fameux moratoire demandé par une partie de l'opinion publique n'est pas nécessaire puisque "toute la littérature scientifique" indique que les fréquences ne présentent "aucun risque" sanitaire, avait-elle rappelé sur Europe 1.

SFR, Bouygues Telecom, Free et Orange dans la course

Malgré la défiance, le futur réseau mobile sera lancé en France en utilisant d'abord la bande allant de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz) sur le spectre électromagnétique.

Les quatre opérateurs concernés ont déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans cette bande de fréquences, au prix fixe de 350 millions d'euros. Avec les 110 MHz supplémentaires mis en jeu, l'État espère encaisser 2,17 milliards d'euros au minimum. Un opérateur ne pourra pas acquérir plus de 100 MHz "pour donner ses chances à chacun", explique l'Arcep, régulateur français des télécoms qui encadre les enchères.

L'enchère principale, qui devrait durer une dizaine de jours, sera suivie d'une "enchère de positionnement" permettant aux opérateurs de choisir s'ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibles d'interférences avec d'autres services.

Certaines communes s'y opposent 

Dans la métropole bordelaise, où la 5G fait l'objet d'expérimentation depuis deux ans, une motion a été votée vendredi dernier pour demander toujours ce fameux moratoire, ainsi qu'un report du processus d'attribution des fréquences. La gauche, qui a désormais la majorité au conseil métropolitain, exigent du gouvernement une "étude globale et indépendante des impacts climatiques, environnementaux, sanitaires, technologiques et financiers" de la 5G, ainsi qu'un débat public sur le sujet. 

À Rennes, l'édile socialiste Nathalie Appéré a, elle aussi, demandé une étude d'impact et souhaite que soit respecté "un élémentaire principe de précaution". Elle a alors lancé un "groupe de travail pour étudier les conséquences du déploiement éventuel des antennes du réseau 5G à Rennes", a-t-elle fait savoir par communiqué. 

Ce débat politique enflammé, marqué par la menace de plusieurs collectivités locales d'entraver le futur déploiement de la 5G, peut-il avoir un impact sur le comportement des opérateurs lors des enchères ? "Cela va changer un peu le rapport de force", estime auprès de l'AFP Guillaume Vaquero, expert télécoms pour le cabinet Wavestone. "On était dans un schéma où l'Arcep exigeait des opérateurs des engagements dans la couverture. Là, les opérateurs peuvent dire : 'On est prêt à déployer, mais quelles sont les garanties pour qu'on puisse le faire dans de bonnes conditions ?', car derrière, ce sont des investissements colossaux", ajoute-t-il.

Entrave du géant Huawei

Autre élément à prendre en compte pour les opérateurs : les fortes restrictions sur le géant chinois Huawei, qui vont notamment obliger SFR et Bouygues Telecom à changer d'équipementier (Ericsson, Nokia) pour une grande partie de leur futur réseau. "C'est sûr que cela a mis les opérateurs dans une position très délicate car ils ont dû revoir leurs plans d'investissement qui sont à l'échelle d'une décennie", souligne encore Guillaume Vaquero.

La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'internet mobile et les usages vidéo. À terme, la 5G doit accélérer les débits et connecter tout ce qui ne l'est pas actuellement (usines, transports...).

Avec AFP.

En partenariat avec BFM Business : revoir la chronique ici.

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