Dans l'Aveyron, le chien soupçonné de s'en prendre aux troupeaux était un chien-loup.
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Justice

La Haute-Vienne autorise à son tour l'abattage de chiens errants après des attaques de troupeaux

Le 30 mai, le préfet de la Haute-Vienne a déposé un arrêté autorisant la "neutralisation" de chiens errants pour éviter les attaques de troupeaux. Une décision similaire avait été prise fin avril en Aveyron. Les associations alertent.

En quatre nuits successives, un éleveur de la commune de Saint-Paul, en Haute-Vienne, a perdu au moins sept de ses brebis. En cause : les loups, mais aussi les chiens errants du département. Pour faire face à cette menace, le préfet a déposé un arrêté, le 30 mai, autorisant la neutralisation de ces chiens, par l’Office français de la biodiversité et les lieutenants de louveterie, à Saint-Paul et à Saint-Genest-sur-Roselle. Une décision fortement contestée par les associations de protection animale. 

Car si par "neutralisation," on peut entendre anesthésie, c’est en réalité un abattage systématique qui est prévu, selon Laure Ieltsch, présidente de la SNDA (Société nationale pour la défense des animaux). La responsable condamne l’utilisation de cette méthode brutale et surtout illégale, alors que d’autres solutions "moins radicales" pourraient être mises en place. Parmi elles : des mesures préventives qui permettraient d'éviter les attaques. "Ces dispositifs de protection ne sont peut-être pas suffisamment déployés, pourtant, ils sont prévus dans la loi," note Laure Ieltsch. 

Si les tireurs sont assez prêts pour tirer sur l’animal, ils peuvent très bien tirer avec des seringues anesthésiantes"

Et si malgré ces dispositifs de prévention, les attaques persistent, les chiens errants ne devraient tout de même pas être tués, selon la présidente de la SNDA. "Si les tireurs sont assez prêts pour tirer sur l’animal, ils peuvent très bien tirer avec des seringues anesthésiantes," assure la présidente de la SNDA. L’arrêté préfectoral pris dans le département de la Haute-Vienne n’est limité ni dans la durée, ni dans les horaires, ce qui signifie que des tirs peuvent avoir lieu en pleine journée dans les deux villages concernés. "Cela pourrait engendrer des accidents," prévient Laure Ieltsch. 

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Cette dernière s’inquiète pour les chiens qui se seraient enfuis de leur domicile momentanément, mais aussi pour les riverains, qui pourraient subir les conséquences de balles perdues. "Cet arrêté est pris dans l’urgence et pour faire plaisir, entre guillemets, aux éleveurs, dénonce Laure Ieltsch. Évidemment, nous pensons également aux brebis qui souffrent de cette situation, mais il existe d’autres solutions que cet abattage systématique."

Dans l'Aveyron, un arrêté similaire suspendu

Cet arrêté rappelle celui pris dans l’Aveyron, environ un mois plus tôt. Le préfet du département avait autorisé, du 10 avril au 10 mai, l’abattage de chiens errants dans 5 communes aveyronnaises, suite à des attaques de troupeaux. Des loups étaient soupçonnés, mais aussi un chien-loup, qui errait dans le département. Mais le 26 mai, un recours avait été déposé devant le tribunal de Toulouse par plusieurs associations, dont la SNDA. Une décision a été rendue le 7 mai, annonçant la suspension de l’arrêté de manière provisoire, en raison de doutes sur sa légalité. Aucun chien errant n'a donc été tué.

Laure Ieltsch salue la rapidité de cette décision et espère que l’arrêté soit complètement annulé dans la seconde étape de la procédure juridique : la procédure de fond. Pour la Haute-Vienne : même décision. Le 4 juin, la SNDA et d’autres associations comme One Voice ont déposé un recours d’urgence contre l’arrêté. 

Le juge des référés a fixé l’audience au 26 juin, à 14 heures, au tribunal administratif de Limoges. Laure Ieltsch et son équipe espèrent, comme pour l’Aveyron, un retrait de cet arrêté "inutile et cruel."