Les banques françaises ont multiplié par deux en 2022 l'encours de crédits verts et durables par rapport à 2021.
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En bref

Des banques européennes pressées de ne plus financer les nouveaux hydrocarbures

Un groupe d'investisseurs demande à cinq des plus grandes banques européennes, dont trois françaises, de "cesser de financer directement de nouveaux gisements de pétrole et de gaz d'ici la fin de cette année", a annoncé vendredi l'ONG ShareAction.

Les banques visées sont les françaises BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, la britannique Barclays et l'allemande Deutsche Bank, selon un communiqué de l'ONG, qui coordonne cette appel impliquant 30 investisseurs dont les gestionnaires d'actifs Candriam et La Française ou le fonds de pension Brunel. Ces établissements ont été les principaux financiers européens de compagnies oeuvrant à l'expansion de projets d'hydrocarbures entre 2016 et 2021, derrière le géant bancaire britannique HSBC, selon l'ONG.

La banque HSBC a annoncé fin décembre qu'elle allait cesser de financer les nouveaux gisements de pétrole et gaz, une décision qui avait été bien accueillie par les organisations de défense de l'environnement. Cette dernière est "la plus grande banque mondiale à ce jour" à avoir fait ce type d'annonce et l'a fait "après des mois de pression continue d'actionnaires activistes" de plus en plus préoccupés par cette question, fait valoir ShareAction.

Le groupe d'investisseurs, qui gère au total quelque 1.500 milliards de dollars d'actifs, a adressé des lettres aux dirigeants des cinq établissements visés. Ils y soulignent notamment que onze des vingt-cinq plus grandes banques européennes ont déjà restreint le financement de nouvelles installations pétrolières et gazières, citant, outre HSBC, l'espagnole BBVA, la néerlandaise ING, la britannique Lloyds et l'italienne UniCredit.

Un pas en avant

La Société Générale a indiqué à l'AFP avoir renforcé fin 2022 "ses objectifs de réduction de son exposition au secteur de la production pétrolière et gazière" tandis que le Crédit Agricole précise avoir confirmé en décembre ne plus financer "aucun nouveau projet d'extraction pétrolière".

BNP Paribas dit de son côté avoir engagé la sortie de l'exploration-production de pétrole, précisant qu'il ne restera en 2030 dans son portefeuille "que le reliquat des crédits à amortir, soit moins d’un milliard d'euros", et qu'elle "réduira son encours de 30%" pour le gaz.

Deutsche Bank affirme pour sa part avoir "considérablement réduit son implication" dans les secteurs à forte intensité carbone depuis 2016, et avoir mis en place "des restrictions d'activité pour le charbon, le pétrole et le gaz". Contactée par l'AFP, Barclays n'avait pas répondu dans l'immédiat.

La banque britannique NatWest avait de son côté annoncé jeudi cesser immédiatement d'attribuer certains prêts spécifiques au financement, à l'exploration, l'extraction et la production de pétrole et de gaz pour de nouveaux client.

Jeudi, l'ONG ClientEarth avait déposé une procédure devant la justice britannique visant les plus hauts dirigeants du géant de l'énergie britannique Shell pour leur gestion "défaillante" des risques du changement climatique. ClientEarth a reçu le soutien d'un groupe d'investisseurs institutionnels eux-mêmes actionnaires, qui ne sont toutefois par partie à la procédure.

Avec AFP.