L'ONG de défense de l'environnement ClientEarth a déposé jeudi devant la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles une action "contre le conseil d'administration de Shell pour ne pas avoir géré les risques matériels et prévisibles posés à l'entreprise par le changement climatique", assure-t-elle dans un communiqué.
L'organisation, qui entame cette procédure en tant qu'actionnaire de Shell, estime que les onze administrateurs du groupe ont manqué à leurs obligations légales en omettant d'adopter et de mettre en oeuvre une stratégie de transition énergétique conforme à l'Accord de Paris, ce que conteste l'entreprise.
À long terme, il est dans l'intérêt de l'entreprise, de ses employés et de ses actionnaires – ainsi que de la planète – que Shell réduise ses émissions plus fortement et plus rapidement.
Selon ClientEarth, c'est la première fois qu'un conseil d'administration d'entreprise est interpellé sur son incapacité à préparer correctement la transition énergétique. "La transition vers une économie à faible émission de carbone n'est pas seulement inévitable, elle est déjà en cours. Pourtant, le conseil d'administration persiste avec une stratégie (...) fondamentalement défaillante" qui fait peser des risques sur "le succès futur de Shell", selon Paul Benson, avocat de ClientEarth, cité dans le communiqué.
Shell balaye les accusations
"À long terme, il est dans l'intérêt de l'entreprise, de ses employés et de ses actionnaires – ainsi que de la planète – que Shell réduise ses émissions plus fortement et plus rapidement", a-t-il ajouté. Shell a balayé ces accusations, estimant que la procédure "n'a aucun bien-fondé" et que sa stratégie climat "est alignée sur l'objectif plus ambitieux de l'accord de Paris: limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels", selon une déclaration transmise à l'AFP.
ClientEarth indique avoir reçu le soutien d'un groupe d'investisseurs institutionnels eux-mêmes actionnaires, citant notamment les fonds de pension britanniques Nest and London et CIV, ou le gestionnaire d'actifs français Sanso IS, qui ne sont toutefois par partie à la procédure.
Shell a confirmé le soutien de ce groupe d'investisseurs à la procédure de ClimateEarth, mais souligne que ces derniers "représentent moins de 0,2% de l'actionnariat total de Shell", et précise que ses actionnaires ont voté à 80% en faveur de sa stratégie climat. Shell a annoncé la semaine dernière le bénéfice le plus élevé de son histoire en 2022 et des redistributions massives à ses actionnaires, attisant les appels à davantage de taxes et les critiques d'ONG écologistes.
Avec AFP.
