Investir dans la forêt peut faire rêver. Mais contribuer à faire vivre l’industrie du bois tout en préservant la nature vient avec son lot de défis pour les propriétaires forestiers. La France totalise 25 millions d'hectares de forêts, 75 % de ces massifs étant détenus par des propriétaires privés. Le principal revenu que ces derniers tirent de la forêt est lié à la vente de bois, qui sera utilisé dans la construction, le secteur de l’emballage ou encore en bois de chauffage. La plupart des forêts tirent également des revenus de la location des parcelles pour la chasse. Une pratique peu rentable qui permet surtout d’assurer la régénération des arbres, car il n'existe plus de prédateurs naturels à certaines espèces qui mangent les jeunes plants, comme les chevreuils. Le rendement associé à l’exploitation forestière est généralement modéré, autour de 2 % annuels. Il est compensé en partie par la prise de valeur du massif, qui augmente année après année pour les forêts bien gérées, ainsi que par des avantages fiscaux conséquents. Mais attention : la gestion forestière est aussi soumise à des impératifs réglementaires stricts.
Des obligations de gestion durable
Toutes les forêts de plus de 25 hectares ont l’obligation de rédiger un plan simple de gestion, qui va décrire le programme de coupes et de travaux effectués sur les parcelles détenues sur dix à vingt ans. Ce plan doit être agréé par l’un des Centres régionaux de la propriété forestière, le but étant de contrôler les pratiques des gestionnaires et de s’assurer qu’elles sont compatibles avec le renouvellement de la forêt. Les propriétaires de parcelles plus petites doivent quant à eux rédiger un règlement type de gestion, une formalité simplifiée mais qui doit également être validée par les autorités compétentes. Comme le plan simple de gestion, ce document permet de définir un programme de coupe avec la même exigence de gestion durable. La forêt fait d’ailleurs partie des secteurs d’activités qui ont été intégrés à la taxonomie européenne, système de classification des activités "vertes". L’intégration de la filière bois à cette taxonomie, assortie des critères à respecter pour être considérée comme une activité durable, est prévue pour 2022.
Des enjeux environnementaux croissants
En plus de ces obligations légales, les gestionnaires forestiers font face à un défi grandissant : le réchauffement climatique. Il s’agit d’un risque important à prendre en compte, puisqu’il pourrait être la cause de la crise des scolytes, qui a causé de nombreux ravages dans les forêts de l’est de la France notamment, et qu’il aggrave également des phénomènes existants, comme les feux de forêts dans le Sud. Pour adapter les forêts françaises, les gestionnaires font évoluer leurs pratiques, multipliant les essences et les provenances présentes sur une même parcelle. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à faire un travail sur le sujet du carbone, la forêt étant un réservoir de carbone considérable. Certains groupements forestiers sont allés jusqu’à réaliser des calculs précis sur la quantité de bois stocké dans les sols et le bois, dans le cadre de la labellisation Greenfin, octroyée à deux groupements forestiers d’investissement de France Valley. Réservoir de biodiversité, patrimoine naturel indispensable à notre économie et notre bien-être, la forêt est un actif durable qui demandera à son propriétaire un engagement important, à la hauteur des enjeux qui y sont associés.
Deux façons d'investir dans la forêt
Il est possible d’investir dans la forêt de deux manières différentes : en achetant directement des parcelles ou en acquérant des parts de groupement forestier. Dans ce dernier cas, le propriétaire délègue la gestion du massif au groupement, qui s’occupera des acquisitions, de l’entretien et des coupes. Ces deux façons d’investir n’ont pas tout à fait les mêmes avantages en matière de fiscalité - par exemple, il est possible de bénéficier d’un abattement de 75 % sur la valeur du bien transmis à ses enfants dans le cadre d’une donation dès le premier jour de détention lorsque l’achat se fait en direct, et au bout de deux ans si l’on achète via un groupement. En revanche, ces deux types d’investissements sont soumis exactement aux mêmes contraintes réglementaires avec l’obligation, dans un cas comme dans l’autre, de gérer durablement.
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