Sur les 19.262 communes analysées par imagerie satellite, 62 % pratiquent une "extinction totale en coeur de nuit". Et sur l'ensemble de l'Hexagone (34.900 communes environ), cela concerne désormais 35% des communes.
Selon l'étude, "30 % des extinctions totales ont été mises en place au moment de la crise énergétique de septembre à décembre 2022".
"Il y a eu un gros pic d'extinction à l'hiver 2022 suite à la guerre en Ukraine. Depuis, ça s'est un petit peu tassé", observe Emma Bousquet Borrut, responsable d'études observation satellitaire au Cerema d'Occitanie.
"Les mises en place d'extinctions sont plutôt constantes, et s'ajoutent dans le temps, ce qui explique pourquoi la France est de moins en moins éclairée", ajoute-t-elle.
Certaines régions, comme la Bretagne, ont un éclairage historiquement faible. D'autres, comme l'Auvergne-Rhône-Alpes, l'Île-de-France, l'Occitanie ou la région Paca, concentrent la majorité des extinctions récentes, dans un objectif clair de réduction des coûts.
L'enquête annuelle, menée collectivement par l'Association Française de l'Éclairage et le Cerema, souligne que l'éclairage public ne représente plus que 0,54% de la consommation électrique en 2024.
Une baisse qui contribue à la diminution globale de la consommation d'électricité en France (-3,2% en 2023) et à la réduction des émissions de carbone liées à l'éclairage public, précise l'enquête.
Une économie d'énergie qui résulterait à la fois des "rénovations d'ampleur des parcs d'éclairage" et des "extinctions nocturnes qui se sont démultipliées".
L'utilisation massive de LED, qui représente aujourd'hui 40 % du parc national, censées réduire la consommation énergétique, pose néanmoins question.
"La lumière bleue des LED perturbe fortement la biodiversité" souligne Mme Bousquet Borrut, évoquant l'arrivée plus récente de LED "chaudes", moins nocives mais plus onéreuses.
Malgré ce mouvement d'extinctions, elle note cependant que "de plus en plus de communes réfléchissent à rallumer".
"Certains habitants associent le manque d'éclairage à l'insécurité. Cependant, il n'y a pas de consensus sur le lien entre insécurité et éclairage, mais des études sont en cours", précise-t-elle.
À lire aussi : Pollution lumineuse : cette application permet aux habitants de gérer l'éclairage public
Cette tendance au rallumage "est inquiétante car le sujet de l'éclairage doit traiter dans son ensemble l'énergie, la sécurité, la biodiversité, et la santé humaine."
Enfin, le Cerema précise que "par satellite, on ne distingue pas l'éclairage public de l'éclairage privé; or les collectivités font beaucoup plus d'efforts de sobriété que les usines, commerces, ou restaurants, qui sont souvent excessivement éclairés, parfois durant toute la nuit."
Avec AFP.