Une étude publiée ce 10 juillet révèle une hausse de 90 % de la mortalité chez les jeunes arbres dans plusieurs forêts du Royaume-Uni.
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Tendances

Au Royaume-Uni, la mortalité des jeunes arbres a augmenté de 90 % en 20 ans

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Une étude publiée ce 10 juillet révèle une hausse de 90 % de la mortalité chez les jeunes arbres dans plusieurs forêts du Royaume-Uni. Un constat qui pourrait s’étendre à d’autres régions d’Europe. Décryptage.

Longtemps considérées comme des alliées précieuses dans la lutte contre le changement climatique, les forêts françaises jouent un rôle essentiel en absorbant le dioxyde de carbone (CO₂) présent dans l’atmosphère. 

Mais cet équilibre vacille. En dix ans, la capacité des forêts françaises à capter le carbone a chuté d’un tiers : 40 millions de tonnes de CO₂ par an entre 2013 et 2021, contre 60 millions la décennie précédente. Et la tendance s’aggrave. Entre 2018 et 2022, la capacité des forêts à absorber le carbone a nettement diminué. En 2022, selon une estimation du Citepa, elles n’ont capté que 27,6 millions de tonnes de CO₂.

Un phénomène qui gagne du terrain

Un déclin qui s’explique en grande partie par une hausse inquiétante de la mortalité des arbres. En dix ans, elle a bondi de 77 % sur le territoire français, d’après les données de l’Institut national de l'information géographique et forestière (IGN). Mais ce ne sont pas seulement les grands arbres qui sont menacés : de plus en plus de jeunes pousses ne survivent pas jusqu’à maturité.

Et le constat n’est pas isolé. De l’autre côté de la Manche, au Royaume-Uni, des chercheurs de l’université de Birmingham dressent le même bilan. Dans une étude parue jeudi 10 juillet, ils révèlent qu’à travers huit sites (de Buckholt Wood, au Monmouthshire, jusqu’à Glen Tanar, en Écosse), les forêts anciennes peinent elles aussi à se régénérer.

Malgré des contextes écologiques très différents (espèces, sols, précipitations, températures…), le résultat est partout le même : les jeunes arbres meurent. "En parcourant la forêt, on voyait bien que la régénération ne se faisait plus. J’ai eu la triste tâche de constater l’absence ou la mort de nombreux jeunes arbres qu’on espérait retrouver", confie Rachel Mailes.

Moins d’un arbre sur six atteint cinq ans

Les chiffres de l’étude sont sans appel. Le taux de mortalité des jeunes arbres est passé de 16,2 % par an avant 2000 à 30,8 % en 2022, soit une augmentation de 90 %. La probabilité qu’un jeune arbre survive plus de cinq ans a ainsi chuté de 41,3 % à 15,8 %. Pire encore : dans certaines forêts comme Denny Wood (New Forest) et Dendles Wood (Dartmoor), aucun jeune arbre n’a survécu depuis 1995.

Nous faisons face à une situation préoccupante. Ces forêts sont fragilisées, ce qui les rend plus exposées aux impacts du changement climatique et aux nouvelles maladies.

Mais qu’est-ce qui empêche donc ces forêts de se renouveler ? Selon les chercheurs, plusieurs facteurs s’additionnent : le réchauffement climatique, la prolifération de maladies et le broutage intensif par les cerfs. Un cocktail explosif pour l’ensemble des arbres, dont le taux de mortalité a également augmenté, passant de 0,5 % à 0,8 % par an. Ainsi, un arbre adulte sur 125 meurt désormais chaque année, contre un sur 200 auparavant. "Nous faisons face à une situation préoccupante", explique Bruno Ladvocat. "Ces forêts sont fragilisées, ce qui les rend plus exposées aux impacts du changement climatique et aux nouvelles maladies."

Un défi qui dépasse les frontières britanniques

Et si les scientifiques sonnent l’alerte, c’est aussi parce que ces dynamiques restent encore mal documentées. "Les conditions de ces forêts ne sont pas différentes de celles d’autres fragments forestiers au Royaume-Uni et en Europe. C’est pour cela que c’est préoccupant", précise-t-il.

Il y a encore de l’espoir pour ces forêts. Elles continuent de capter du carbone et abritent de nombreuses espèces qui font partie de notre patrimoine. Avec un peu d’aide, il est encore possible de renverser la situation.

Un constat qui ne décourage pas pour autant les chercheurs, qui travaillent désormais à la mise au point de techniques pour renforcer la résilience des forêts. Objectif : activer des "marqueurs génétiques" dans les graines afin de les rendre plus résistantes aux aléas climatiques et aux maladies. "Il y a encore de l’espoir pour ces forêts. Elles continuent de capter du carbone et abritent de nombreuses espèces qui font partie de notre patrimoine. Avec un peu d’aide, il est encore possible de renverser la situation."