Maud Caillaux, cofondatrice de la néobanque 100% verte Green-Got.
©Alexandre Asmodé
Finance durable

Transparence climatique : où en sont les banques françaises ?

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Alors que les signes du changement climatique sont de plus en plus alarmants, le secteur bancaire peine à faire sa mue et à se préoccuper réellement des enjeux environnementaux. 

À travers les choix d’investissement que les banques historiques font, elles apportent ainsi toujours des soutiens financiers à des sociétés ou projets qui émettent plus ou moins d’émissions de gaz à effet de serre… Selon le rapport Banking on Climate Chaos, les grandes banques françaises ont ainsi financé le secteur des énergies fossiles à hauteur de 350 milliards d’euros depuis l'Accord de Paris sur le climat.

Bien que le chemin soit encore long, de récents événements montrent qu’un changement progressif de paradigme est possible : appel de l’AMF à durcir la réglementation européenne sur les fonds durables pour exclure petit à petit les énergies fossiles, une première banque assignée en justice pour son financement des énergies fossiles…

Près d’un Français sur deux estime avoir un impact réel sur l’environnement et la société en orientant son épargne vers la finance responsable.

L’importance de la transparence et de la mesure de l’impact

Avec la prise de conscience des conséquences liées au réchauffement climatique, il est de l'intérêt des entreprises d'aligner leurs activités sur l’objectif 1,5°C recommandé par les scientifiques, et de réduire significativement leur empreinte carbone d'ici à 2030, il en va de la préservation du climat et du vivant mais aussi de leur survie à long terme. À court terme, cela peut aussi leur donner un avantage auprès des clients, des investisseurs et surtout auprès d'employés à la recherche de sens et d'engagement. Dans un contexte où la société tend vers un nouveau modèle basé sur la transparence, il est désormais primordial pour les entreprises d’apporter des réponses claires aux consommateurs et de miser sur l'honnêteté.

Selon une étude réalisée par l’Ifop sur les Français et la finance responsable*, près d’un Français sur deux estime avoir un impact réel sur l’environnement et la société en orientant son épargne vers la finance responsable. Preuve de la prise de conscience des utilisateurs qui veulent mieux être avertis des conséquences climatiques engendrés par leur épargne et ainsi pouvoir réallouer leurs économies et transformer leurs habitudes de consommation. 

Les banques : de grands pouvoirs et de grandes responsabilités 

D’après la Banque Centrale Européenne (BCE), moins d’une banque sur cinq fait preuve de transparence quant à la méthode prévue et aux critères retenus pour respecter l’objectif de limitation à 1,5 °C de réchauffement climatique prévu par l’Accord de Paris sur le climat.***

Les banques sont aujourd’hui un levier majeur de la transition vers une finance plus durable. Nous avons besoin d’elles pour ne pas dépasser notre budget carbone et rester sous la barre des 1.5°C. Cela exige, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, de ne plus développer aucun nouveau projet d’énergie fossile dans le monde. 

Bien que l'action à l’échelle individuelle soit nécessaire, il est essentiel que les banques mettent aussi leur énergie au service de l’environnement et du climat avec comme  maître-mot la transparence.

Cela peut passer par des politiques d’exclusion sectorielles au niveau des banques elles-mêmes, la priorité étant la sortie du charbon, la mise en place d’une réglementation plus stricte avec notamment l’obligation de présenter des informations quantitatives sur les expositions aux risques liées au climat, ou encore le durcissement de la réglementation européenne sur les fond durables suite notamment à l’appel de l’Autorité des Marchés Financier (AMF). L’objectif de manière globale est donc d’exclure progressivement mais rapidement les énergies fossiles à une proportion minimale d’investissement et de privilégier les investissements dans des activités vertes pour les fonds les plus durables. 

C’est dans cette lignée que l’on a vu apparaître la création de banques plus vertes, qui se sont multipliées ces dernières années, avec l’ambition de mettre la transition écologique et énergétique au cœur de leur modèle … mais aussi l’augmentation de la pression des citoyens et des ONGs sur les banques pour qu’elles renoncent à financer des projets d’expansion des énergies fossiles, comme avec le projet EACOP ces derniers mois.  

Bien que l'action à l’échelle individuelle soit nécessaire, il est essentiel que les banques mettent aussi leur énergie au service de l’environnement et du climat avec comme  maître-mot la transparence. Sans elle, il est impossible de savoir si ses finances sont vraiment vertes. Il s’agit d’un moyen de redonner la responsabilité aux individus dans la gestion de leur argent. Ainsi chacun est libre en pleine conscience de choisir les initiatives financées par son argent.

Par Maud Caillaux, cofondatrice de la néobanque 100% verte Green-Got.

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