En France, l’intérêt des particuliers pour une épargne plus engagée ne cesse de croître. D’après l’enquête "Les Français et la finance responsable" réalisée par le Groupe Ifop pour le FIR, 55 % des épargnants déclarent accorder une place "importante" aux dimensions sociales et environnementales dans leur décision de placement.
Un signe clair que l'épargne responsable n’est plus perçue comme une niche, mais comme une véritable attente citoyenne. Reste alors une question : que signifie concrètement "investir de manière responsable" pour celles et ceux qui souhaitent aligner leur portefeuille avec leurs valeurs ?
Qu’englobe vraiment l’épargne responsable ?
Épargner de façon responsable revient à intégrer des éléments qui dépassent les seuls critères financiers classiques. Les épargnants prennent en compte des facteurs dits "extra-financiers", en complément de l’analyse des rendements ou des risques. Autrement dit, ils s’intéressent également à des dimensions liées au développement durable afin de sélectionner les entreprises présentes dans leurs portefeuilles.
Pour savoir si un placement relève véritablement de cette démarche, les épargnants s’appuient sur les fameux critères ESG. Selon l’AMF, ils mesurent "la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la stratégie des acteurs économiques".
- Les critères environnementaux évaluent l’empreinte directe ou indirecte de l’entreprise : gestion de l’énergie et des déchets, usage des ressources, émissions de gaz à effet de serre, etc.
- Les critères sociaux portent sur l’impact de l’activité sur les salariés et les parties prenantes : conditions de travail, inclusion, dialogue social, formation…
- Les critères de gouvernance analysent la manière dont l’entreprise est dirigée : lutte contre la corruption, transparence, équilibre des pouvoirs, rémunération des dirigeants.
Ces indicateurs aident les épargnants à évaluer comment une entreprise agit réellement sur la société.
Quels outils pour aider l’épargnant ?
Pour guider le public dans cet univers parfois technique, plusieurs labels apportent aujourd’hui des repères fiables :
Le label ISR, lancé en 2016 par le ministère de l’Économie, vise à "permettre aux épargnants, ainsi qu’aux investisseurs professionnels, de distinguer les fonds d’investissement mettant en œuvre une méthodologie robuste d’investissement socialement responsable (ISR), aboutissant à des résultats mesurables et concrets". Depuis mars 2024, il repose sur un référentiel renforcé, exigeant une démarche plus transparente et plus ambitieuse.
Autre référence : le label Greenfin. Créé en 2015 par le ministère de la Transition écologique, il garantit "la qualité verte des fonds d’investissement" et exclut notamment les secteurs du nucléaire et des énergies fossiles.
Enfin, le label Finansol, porté par l’association Fair, distingue les produits d’épargne solidaire, finançant des projets à forte utilité sociale ou écologique, tout en assurant une information claire aux souscripteurs.
Où placer son épargne responsable ?
Aujourd’hui, les épargnants disposent de plusieurs solutions pour placer leur argent de manière responsable. L’assurance vie, par exemple, reste idéale pour ceux qui souhaitent constituer un capital tout en bénéficiant d’une grande souplesse dans le choix des fonds. L'épargne retraite responsable, quant à elle, se réalise principalement via le PER et permet de préparer l’avenir tout en orientant son épargne vers des projets respectueux de l’environnement et de la société. D’autres supports, comme le PEA, le PEE ou le compte-titres, offrent également la possibilité d’accéder à des fonds durables.
Mais cette accessibilité soulève une question fréquente chez les épargnants : est-il possible de conjuguer impact social ou environnemental et performance financière ? Les études récentes montrent que oui. Une méta-étude publiée en 2021 par la NYU Stern School of Business a conclu que les placements responsables offrent une rentabilité globalement comparable à celle des investissements traditionnels, et même supérieure dans près d’un tiers des cas. Le constat est confirmé par un rapport de Morningstar publié en 2023 : "sur trois, cinq et dix ans, le fonds ESG moyen a battu son homologue traditionnel moyen".
Ainsi, il est possible d’investir de manière éthique et rentable, en alignant ses choix d’épargne sur ses valeurs tout en conservant un rendement attractif.
