©LUDOVIC MARIN / AFP
QUESTION DE LA SEMAINE

Urgence écologique : une politique en dents de scie pour le gouvernement Macron ?

C’est une rentrée sous le signe du climat qui s’amorce. Plusieurs rendez-vous sont donnés dans le monde entier : tandis que le G7 s’achève, le sommet de l’ONU se prépare accompagné d’un nouveau rapport du GIEC. Emmanuel Macron, lui, brille aux yeux du monde politique international par sa gestion de l'urgence climatique. Mais qu’en pensent les citoyens Français ?

Point final du G7 à Biarritz. Sous les yeux des décideurs politiques mondiaux, Emmanuel Macron semble avoir rayonné, à en croire les conclusions des journaux du monde entier. Les médias français et internationaux ont en effet loué le leadership du président lors de ce sommet basque qui s'est déroulé la semaine dernière, et son nom a fait les gros titres : "Macron réussit son G7", pour Le Monde, "Comment Emmanuel Macron se positionne en star du G7", du côté du New York Times, "Macron a secoué le G7 avec sa tactique diplomatique" juge CNN, confirmant bel et bien sa position de leader mondial face à l'urgence climatique.

Devant le monde entier, Macron se préoccupe de l'urgence climatique

Emmanuel Macron s’est d'abord démarqué dès lors qu’il s’est opposé à son homologue brésilien conservateur, Jair Bolsonaro, en amont du sommet. Tandis que l’Amazonie brûlait, Macron n’a pas hésité à remettre en question la gestion de cette crise écologique par le président du Brésil : un bras de fer qui s’est soldé par une guerre d’égo où tous les coups semblaient permis, jusqu’aux attaques personnelles envers la première dame française de la part de Bolsonaro. À Macron d’afficher son mépris sans maquillage pour le président brésilien, tant dans sa politique ("Les décisions et propos du Brésil ces dernières semaines montrent bien que le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s’engager en matière de biodiversité", selon les déclarations de l'Elysée), que dans son humanité ("Je pense que les Brésiliens qui sont un grand peuple ont un peu honte de voir ces comportements", a déploré le président français en marge du G7).

Un G7 à succès

Outre l’inimitié du président pour le leader brésilien, celui-ci a par ailleurs mis de côté ses ressentiments pour le leader américain Donald Trump : au G7, les échanges des deux hommes semblent s’être déroulés au mieux. Pour éviter le même fiasco que l'année précédente, Emmanuel Macron a chouchouté le président d'Outre-Atlantique et celui-ci semble avoir apprécié. Fort de ces échanges, Macron a signé son succès : tout s'est déroulé sans esclandre et la brûlante question de la taxe GAFA paraît avoir avancé. Quant à Donald Trump, celui-ci semblait ravi de son passage en France, remerciant son "ami" occupant de l'Elysée, et soulignant sa satisfaction à la suite de "la meilleure réunion que nous n'ayons jamais eue" avec ce dernier. Par ailleurs, le G7 a permis de débloquer une aide de 20 millions d'euros pour lutter contre les feux en Amazonie, tandis que la question sur le nucléaire en Iran et ses relations avec la Maison Blanche reste pour l'heure toujours en stand-by.

 

Une politique intérieure moins convaincante

Pari plutôt réussi pour la politique extérieure du président, donc. Mais qu’en est-il aux yeux des citoyens hexagonaux ? Ce début de semaine, ID vous a posé la question suivante : "Selon vous, le gouvernement a-t-il pris la mesure de l’urgence écologique ?" 

Sondage

Selon vous, le gouvernement a-t-il pris la mesure de l’urgence écologique ?

Choix

À date de publication, vous êtes une majorité à penser que la gestion de la crise écologique n’est pas à la hauteur de ses enjeux, malgré bon nombre de mesures annoncées par le gouvernement. Manque de concret donc, pour la plupart d’entre vous. Et si le gouvernement français a, en effet, essuyé une année face à des citoyens mécontents, tout ne semble pas être redevenu rose dans l'Hexagone. Les gilets jaunes préparent d'ores et déjà leur rentrée, au même titre que les décrocheurs de portraits présidentiels et autres grévistes climatiques. Cette année, plusieurs dossiers étiquetés "environnement" ont pourtant été mis sur la table de l'Elysée... En attente d'avancées.

Des mesures annoncées, mais pas immédiates

Gaspillage, économie circulaire : la consigne, mesure star du projet de loi

Brune Poirson y tient. En juin dernier, la secrétaire d'État à la Transition écologique a réuni un comité chargé de travailler sur la mise en application de la consigne. Composé d'élus, d'industriels et d'associations, leurs premières conclusions sont attendues ce mois de septembre.

Plus de recyclage

Tandis que l'Union européenne a décidé l'interdiction à partir de 2021 de produits plastiques à usage unique comme les coton-tiges, pailles, touillettes à café, couverts ou assiettes, la France, elle, vise 100 % de plastiques recyclés en 2025 sur son territoire.

Des plages plus propres 

Brune Poirson s'est également attaquée à la question des déchets qui jonchent les plages françaises, en présentant une charte de quinze engagements à destination des communes : "Une plage sans déchet plastique, pour des communes littorales éco-exemplaires". Élaborée avec l’Association Nationale des Elus du Littoral (ANEL), elle fixe des critères d’engagement concrets et communs à chacune des villes signataires.

Projet de loi sur les mobilités

C'est un vaste chantier, confié à la ministre des Transports Elisabeth Borne. La Loi d'orientation des mobilités (LOM), comprend une quinzaine de mesures phares toujours en discussion, comme le "plan vélo" qui sera mis sur la table dès septembre, ou encore la mise en place des "zones à faibles émissions". 

Projet de loi énergies et climat

Ce texte a été voté à l'Assemblée en première lecture en juin dernier. Le projet de loi énergies et climat a notamment permis de déclarer l'urgence écologique et climatique. Si ce statut symbolique est d'ores et déjà concrétisé, les autres mesures du texte fixent les objectifs énergétiques de la France à moyens termes : baisse de 40 % de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030, neutralité carbone en 2050...

La pêche électrique 

Pour l'Europe, la pêche électrique sera définitivement interdite d'ici 2021. Mais la France entend y mettre fin plus tôt : le pays souhaite "lancer la procédure d'interdiction de la pêche électrique dans les eaux sous souveraineté française dès la publication du règlement européen". 

Les pesticides en restriction

Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a déclaré vouloir mettre en place des "zones de non traitement". C'est-à-dire des endroits où l'épandage de produits phytosanitaires sur les cultures sera interdit, à défaut de trouver un accord entre les habitants, les agriculteurs et les élus pour encadrer le traitement de ces surfaces cultivées. 

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