Le 29 octobre, Oxfam a publié un rapport sur l’impact environnemental des ultra-riches.
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Environnement

Pour limiter le réchauffement, les plus riches devront réduire leurs émissions de 99 %

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Le 29 octobre, Oxfam a publié un rapport sur l’impact environnemental des ultra-riches. Il révèle que le 0,1 % le plus fortuné émet davantage de CO₂ que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, une inégalité qui pèse lourd sur l’avenir climatique de la planète.

2024 restera dans les annales comme l’année de tous les records, qu'ils soient sportifs, médiatiques ou climatiques. Tandis que les Jeux olympiques battaient des records d’audience, la planète, elle, enregistrait sa température la plus élevée depuis le début des relevés.

Mais, selon un rapport publié le 29 octobre par Oxfam, cette surchauffe mondiale a aussi un autre visage : celui des plus riches, dont le mode de vie et les investissements font exploser les émissions de gaz à effet de serre.

La planète dépend des riches...

D'après Oxfam, les inégalités climatiques atteignent en effet des sommets. Depuis 1990, le 1 % des plus riches de la planète a, à lui seul, consommé 15 % du budget carbone mondial. Sur la même période, chaque membre du 0,1 % le plus fortuné a vu ses émissions augmenter de 92 tonnes, quand la moitié la plus pauvre de l’humanité n’a produit que 0,1 tonne par personne. Autrement dit, 4 milliards de personnes ont émis 920 fois moins de CO₂ que les 8 millions les plus riches.

En résumé et pour rendre les choses plus claires, une personne faisant partie des 0,1 % les plus riches émet plus en un jour qu’une personne faisant partie des 50 % les plus pauvres en une année. Si tout le monde suivait le même mode de vie que les milliardaires, le budget carbone serait épuisé en moins de trois mois.

L’étude d’Oxfam a également révélé l’impact des émissions totales, liées aux investissements de 222 personnes faisant partie des 0,1 %. En 2024, elles s’élèvent à 1,85 milliard de tonnes, soit 4 % des émissions mondiales. À titre de comparaison, ce groupe, s’il était un pays, serait le quinzième plus gros pollueur mondial.

... qui participent à la diffusion du climatoscepticisme 

Selon Oxfam, une partie des ultra-riches continue d’investir dans des entreprises fortement dépendantes des énergies fossiles. Certaines grandes fortunes ont également soutenu, par le biais de fondations ou de financements politiques, des organisations ou médias qui minimisent les effets du changement climatique. Aux États-Unis, les industriels Charles et David Koch ont ainsi versé plus de 120 millions de dollars à des groupes remettant en cause la réalité du dérèglement climatique.

En France, la chaîne CNews a été condamnée en 2024 à une amende de 80 000 euros pour diffusion de fausses informations sur le climat. Le groupe appartient à Vincent Bolloré, dont les activités industrielles incluent des participations dans le secteur de l’énergie.

La COP30 sera notre dernière chance d’éviter une rupture irréversible dans le système climatique.

Selon le rapport d’Oxfam, l’influence de ces acteurs économiques pèse sur les discussions internationales sur le climat. Lors de la COP29, 1 773 lobbyistes issus du secteur des énergies fossiles ont obtenu une accréditation, un nombre supérieur à celui de la plupart des délégations nationales. À titre de comparaison, le caucus des peuples autochtones ne comptait que 180 représentants, alors même que ces populations figurent parmi les plus exposées aux conséquences du réchauffement climatique.

Rééquilibrer la balance

Toutefois, toujours d'après l’étude, "une transformation juste et équitable est toujours possible".  Oxfam propose plusieurs leviers pour y parvenir : la réduction des émissions des ultra-riches, l’instauration d’une fiscalité progressive sur les grandes fortunes et un rééquilibrage du pouvoir économique et politique. Ces mesures visent à orienter les investissements vers une économie bas-carbone et à renforcer la gouvernance démocratique.

L’organisation insiste également sur la nécessité d’une répartition équitable du budget carbone mondial. À l’approche de la COP30, elle appelle les États à respecter leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), en tenant compte des responsabilités historiques, des capacités d’action et du principe d’équité entre les pays.