Une augmentation de 2,9 °C entre 1990 et 2020. C’est ce que la planète aurait connu si l’ensemble de sa population avait émis comme les 10 % les plus riches du monde, alors que la température moyenne de la planète a augmenté de 0,61 °C depuis 1990.
Une étude parue début mai dans la revue scientifique Nature Climate Change dévoile les inégalités mondiales face au changement climatique et souligne la responsabilité des plus aisés dans cette crise.
Une double inégalité climatique
Elle fait également valoir que si l’ensemble de la population terrestre consommait comme les 50 % les plus pauvres, le réchauffement climatique n’aurait tout simplement pas lieu. Quant aux émissions des 1 % les plus riches, elles auraient permis d'atteindre les + 6,7 °C si tout le monde avait rejeté autant de CO2 depuis 1990.
Plus spécifiquement, l’étude révèle que les 10 % les plus fortunés ont contribué 7 fois plus que la moyenne à l’augmentation des vagues de chaleur et 6 fois plus à la hausse de la sécheresse en Amazonie. Pour les 1 % les plus riches, ces chiffres s'élèvent respectivement à 26 et 17 fois plus.
Les régions de l’Asie du Sud-Est et de l’Amazonie sont paradoxalement celles qui souffrent déjà le plus du changement climatique, tout en ayant un bilan carbone par habitant peu élevé.
Céline Guivarch, économiste et autrice du dernier rapport du GIEC, attire l'attention sur les "questions de responsabilité, voire de réparation devant les tribunaux" du poids de cette double inégalité.
Une responsabilité individuelle à nuancer
Contrairement aux idées reçues, cette catégorie des 10 % les plus aisés ne se limitent pas aux plus grandes fortunes de notre monde, plus souvent désignés sous le nom d’"ultrariches". Principalement domiciliés dans l’Union européenne, aux États-Unis, en Chine et en Inde, les détenteurs de ce type de patrimoine représentent 820 millions de personnes à travers le monde en 2025.
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Concrètement, il s’agit des personnes au revenu annuel supérieur à 42 980 euros brut, comprenant leur salaire et des possibles autres sources de revenus. En France, environ 30 % des salariés gagnent davantage que cette somme, qui s’élève à 2 800 euros net par mois, rapporte l’Observatoire des inégalités.
Le rapport note toutefois que les émissions de CO2 de cette tranche de la population ne relèvent qu’en partie de sa responsabilité individuelle. En effet, une part significative de leurs émissions ne provient pas de son mode de vie et de sa consommation.
Ainsi, dans la méthode de calcul utilisée par l’étude, les émissions engendrées par les placements financiers des épargnants sont prises en compte dans leur empreinte carbone. "Une partie des épargnants n’ont pas le choix, voire pas l’information, sur la façon dont leur argent est investi", relève Céline Guivarch.
Elle ajoute aussi qu’"une partie de la consommation est contrainte et façonnée par des structures collectives". Certains postes d’émissions sont en effet profondément ancrés dans les modes de vie des pays industrialisés et exigent l’instauration de mesures collectives plus qu’individuelles pour s’en émanciper.