Allain Bougrain-Dubourg, grand défenseur de la cause animale, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.
©XAVIER LEOTY / AFP
HUMEUR

Allain Bougrain-Dubourg : "Pour le Prince Philip, il fallait réconcilier l’humanité avec le reste du vivant"

Brassens avait raison, les cloches de la renommée s'estompent lorsque s'efface la vie. Le Prince Philip, relégué à trois pas derrière la reine durant quelques belles décennies, apparaît pourtant enfin en première ligne.

Chacun lui reconnaît des mérites qui n'étaient que fonctionnels jusqu'alors. Considéré comme un chef de famille tandis que sa femme gouvernait le Commonwealth, on le révèle fin stratège et mentor de la reine. Il n'est plus l'ombre de sa Majesté, il en devient sa lumière.  

Je n'ai pas compétence pour juger historiquement les mérites du monarque, mais j'ai eu le privilège de le rencontrer longuement en 1988. Jeune journaliste, je me suis risqué à jeter une bouteille à la Manche : le Prince Philip accepterait il une interview  ? Ni les vents, ni les tempêtes n'ont entravé ce message d'espoir. Sans attendre, le service du protocole du château de Windsor me faisait savoir que le Prince Philip, sensible aux préoccupations environnementales que nous partagions, acceptait de me recevoir. La suite s'est déroulée avec la simplicité des interviews exceptionnelles judicieusement préparées.

Il faut tout mettre en œuvre pour redessiner la complicité entre l'humanité et le reste du vivant.

À peine les micros et caméras mis en place, le Prince a animé le décor comme il convenait. D'une taille imposante sans être lourde, il s'est davantage singularisé par un sourire rassurant. Au diable le protocole, nous parlions le même langage, celui de la vie. Aucune question ne lui fut préalablement soumise. Il s'engagea dans une conversation, un échange et j'oserais dire un partage d'expérience. De cette conversation, deux préoccupations développées me reviennent en mémoire.

D'abord, l'idée que l'humanité ne peut pas vivre hors sol. Son ignorance, voire son mépris de la nature, l'a conduite à sa perte. Il faut tout mettre en œuvre pour redessiner la complicité entre l'humanité et le reste du vivant, m'a t-il martelé avec une conviction rassurante. Sa vision de l'avenir n'en est pas moins restée préoccupante. Trop nombreux. Nous étions trop nombreux sur cette petite planète qui ne saurait satisfaire davantage de bipèdes avides de confort. A l'époque, 5 milliards d'individus, cela semblait déjà inconcevable.

Indira Gandhi, le commandant Cousteau et d'autres, m'avaient tenu un langage analogue. Pas facile d'accompagner leur démarche. Qui allions nous choisir pour réduire la densité ? Les plus pauvres ? Par bonheur, personne n'a succombé à cette tentation et chacun en est resté au "cri d'alerte"... Quoiqu'il en soit, le Prince Philipe a planté les racines du WWF dont on peut dire les défauts et reconnaître les mérites. Il a incontestablement secoué les consciences à une époque où l'on se réjouissait des 30 Glorieuses sans mesurer qu'elles creusaient, d'une certain manière, le tombeau du futur. 

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