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Environnement

Pollution lumineuse la nuit : à Tarbes, plus de 140 enseignes épinglées pour non-respect de la loi

Dans la nuit du samedi 23 février au dimanche 24, des bénévoles de France Nature Environnement ont parcouru les rues de Tarbes afin d'identifier les enseignes dont les vitrines demeurent allumées malgré l'interdiction de la loi. 

Ils se surnomment "les ambassadeurs de la nuit". Une dizaine de bénévoles de la Fédération de défense de l'environnement France Nature Environnement (FNE) ont sillonné de nuit les rues de Tarbes dans le Sud-Ouest, durant le week-end du 23 février, afin de repérer les enseignes restant allumées entre 1h et 7h malgré l'interdiction de la loi. Qu'ont-ils observé ? ID s'est entretenu avec Émilie Marsaud, chargée de mission à la FNE Midi-Pyrénées. 

Pourquoi avoir mené cette opération ?

Nous travaillons à la FNE Midi-Pyrénées depuis 2017 sur la problématique de la pollution lumineuse, nous avons créé un ensemble d'outils pédagogiques pour sensibiliser un maximum d'acteurs et notamment les élus à changer leurs éclairages. Nous nous sommes rendu compte par ailleurs qu'un arrêté obligeant les vitrines et les bureaux non occupés à éteindre leur éclairage entre 1h et 7h existait depuis 2013 (ndlr : la mesure n'est entrée en vigueur que le 1er juillet 2018). En plus de cela, en décembre 2018, un nouvel arrêté est sorti, augmentant les zones où l'éclairage devra être contrôlé d'ici 2020, 2021 (parkings, parcs urbains...). Dans ce contexte, cette opération à Tarbes a permis d'identifier plus de 140 commerces ne respectant pas la loi. Sachant que la ville est sur le territoire de la Réserve Internationale de Ciel Etoilé du Pic du Midi. Les communes de ce territoire doivent être d'autant plus actives pour préserver le ciel de la pollution lumineuse. 

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Qu'ont fait concrètement les bénévoles face à ces vitrines allumées ?

Ils ont photographié tous les commerces allumés et ont déposé un petit mot sur les vitrines, rappelant l'existence de l'arrêté. Nous constituons maintenant un dossier que nous envoyons à la mairie. Nous allons sensibiliser les commerçants, nombre d'entre eux ne sont pas informés et c'est normalement le devoir du maire. 

Ce ne sont donc pas nécessairement des commerçants "rebelles" ?

Il y en a forcément mais pour une grande majorité d'entre eux non, c'est dû à une ignorance de la loi. 

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Quel est de toute façon l'intérêt pour eux de laisser leurs vitrines allumées la nuit ?

Certains se disent que la nuit est un moment comme un autre pour faire de la communication, d'autres affirment qu'ils ont des caméras et que celles-ci ne fonctionnent pas sans lumière... D'autres encore ont du mal à changer leurs habitudes, ils ont toujours fait comme cela et c'est très difficile d'instaurer une politique de changement dans les mentalités.

Pour rappel, quels sont les impacts de la pollution lumineuse ?

Sur la faune et la flore, c'est la perturbation du fonctionnement et de la physiologie des espèces. Par exemple, sous les lampadaires, les feuilles d'arbres vont tomber plus tard, cela va affaiblir les arbres et éventuellement les rendre malades... Il y a aussi un changement du rapport proies-prédateurs, je pense notamment aux chauves-souris et aux insectes. Il y a par ailleurs un gros impact sur la migration des oiseaux, qui sont censés se repérer par les étoiles. Au niveau de la santé de l'homme, plus de 40 % des Français sont perturbés par la pollution lumineuse : notre hormone du sommeil, la mélatonine, est mal sécrétée et cela engendre tout un tas de maux : stress, fatigue, obésité et jusqu'à parfois certains cancers. En plus, c'est source de production de CO2 et ça fait baisser la qualité de l'air, sans compter les conséquences économiques et énergétiques. 

Est-ce la première fois que la FNE mène une telle action ?

Non, nous avons déjà mené des actions similaires en Haute-Garonne et dans le Gers. En hyper-centre toulousain, nous avons repéré 92 enseignes hors-la-loi. Dans six communes du nord de la métropole toulousaine nous en étions à une trentaine, elles sont plutôt bonnes élèves. Nous en avons recensé entre 30 et 40 à Fleurance, dans le Gers... Et cette action se répand à l'échelle nationale. La FNE Auvergne-Rhône-Alpes est très active sur le sujet, nous avons d'ailleurs créé une dynamique intra-mouvement, "Les sentinelles de la nature" : nous incitons tout citoyen à nous alerter sur de mauvaises actions concernant notamment la pollution lumineuse.