La Ville Lumière n'est pas une exception. Un arrêté de 2013 sur l'éclairage intérieur des bureaux ou des vitrines et l'illumination et un décret de 2012 sur les publicités et les enseignes, entré pleinement en vigueur en juillet, sont loin d'être respectés en France.
Ces textes prévoient que les lumières intérieures des commerces et bureaux soient éteintes une heure après leur fermeture. Les vitrines et les enseignes doivent être éteintes au plus tard à une heure du matin, sauf si les magasins sont encore ouverts. Dans les agglomérations de moins de 800 000 habitants, les publicités lumineuses doivent s'éteindre entre une heure et six heures du matin, sauf certaines exceptions.
La réglementation reste toutefois méconnue et mal appliquée. Pour y remédier, des associations organisent des opérations de sensibilisation. Samedi, des volontaires de France nature environnement (FNE) ont arpenté en pleine nuit les rues d'une trentaine de communes en Rhône-Alpes, Alsace, Auvergne, Bourgogne et Franche Comté. "On a relevé plus d'un millier d'irrégularités", en particulier chez des agences immobilières, indique Elodia Bonel de FNE à l'AFP.
Eteindre ces lumières allumées la nuit permettraient de réaliser des économies d'énergie et de lutter contre le réchauffement climatique. L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) évalue les économies d'énergie possibles à l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 750.000 ménages, hors chauffage et eau chaude. De plus, la lumière la nuit peut perturber notre horloge biologique, ce qui accroît le risque de cancer, de diabète et de dépression. Elle perturbe les plantes et les animaux nocturnes et prive du spectacle de la Voie lactée.
"Bilan contrasté"
A Montigny-le-Bretonneux, en région parisienne, l'association Résistance à l'agression publicitaire (RAP) a profité du "jour de la nuit", organisé depuis dix ans courant octobre, pour sensibiliser à la pollution lumineuse. "On éteint les enseignes lumineuses, qui ont un interrupteur extérieur, avec une perche et on colle un mot à la porte des commerces pour rappeler que c'est illégal", raconte Matthieu, un volontaire.
Leur action paye, puisqu'ils n'ont éteint que 19 enseignes en 2018 contre 50 en 2016 sur le même parcours. Le bilan est "contrasté entre les villes et à l'intérieur des villes", constate Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN), qui mène des actions similaires depuis 2014 dans 13 grandes villes.
Si certaines communes vont dans le bon sens, il reste encore du travail et tous les mairies ne font pas leur travail d'information, voire de répression, déplorent les associations. "On peut faire autant de nuits blanches, si les élus n'interviennent pas derrière, ça ne sert à rien", résume Elodia Bonel. A Montigny-le-Bretonneux, la mairie, interpellée par RAP, vient d'envoyer "un e-mail à toutes les enseignes (de la ville) pour leur rappeler leurs obligations" et les sanctions possibles, des amendes de 750 ou 7500 euros maximum, fait savoir Anne-Marie Démoulin.
"Cela porte ses fruits, nous avons eu plusieurs retours", assure la directrice du service d'urbanisme à la mairie, qui indique que les commerçants ignorent souvent la réglementation mais "dans l'ensemble la comprennent".
Pour l'ANPCEN, il faut aller plus loin avec un plan national de prévention, de limitation et de suppression des nuisances lumineuses. Le ministère de la Transition écologique assure avoir "conscience de la difficulté liée au contrôle de cette réglementation". D'autres textes n'ont toujours pas été mis en oeuvre, ce qui a valu au gouvernement de se faire condamner par le Conseil d'Etat pour son inaction en mars.
Ils sont actuellement soumis à la consultation publique, avec huit ans de retard, et concernent l'éclairage public, celui des équipements sportifs ou encore des parcs et les parkings, ainsi que les espaces naturels protégés pour y mettre un frein aux éclairages intempestifs.
Avec AFP.