Du 2 au 13 décembre 2019, l'Espagne accueille la COP 25.
©Gabriel Bouys/AFP
politique

Marché carbone, "déconnexion" et timides engagements... Les trois infos à retenir de la COP 25

Vendredi 13 décembre 2019, la 25ème "Conférence des parties" se clôture officiellement. Après deux semaines de réunions à Madrid, voici ce qu'il faut retenir. 

La veille déjà, la salle plénière de l'IFEMA commençait à se vider. Les uns après les autres, les participants de la COP 25 quittent la capitale espagnole pour rentrer chez eux après deux semaines de discussions sur l'avenir de la planète Terre. Des négociations lentes et peu concluantes, des engagements sans tambour ni trompette et des compromis finalement repoussés à l'an prochain. Rendez-vous dans un an à Glasgow pour la COP 26

Le sujet qui fâche : le marché de compensation carbone

Le principal sujet de ce rassemblement, sous l'égide des Nations unies et de la présidence chilienne, portait sur les objectifs fixés par l'accord de Paris en 2015 et les retards des Etats pour les atteindre. Pour les presque 200 pays représentés à la COP 25, il s'agissait de s'entendre sur des axes de manœuvre pour contenir le réchauffement dans la trajectoire 1,5°C. Mais ça bloque toujours.

Si les discussions ont été bien longues, elles ont aussi été peu concluantes et les négociations ont piétiné sur un point précis : le marché carbone, fameux article 6 de l'accord de Paris. Cette épineuse question a divisé les Etats en deux camps : les premiers ont accusé les seconds de freiner les avancées, tandis que les seconds ont accusé les premiers de moralisme.

La Chine, le Brésil, l'Australie, le Canada, le Japon, entre autres, rechignent à plier sur cette question, face notamment à l'Union européenne. Mardi, Inde, Afrique du Sud, Chine et Brésil ont signé un communiqué conjoint dans lequel ils "exhortent les pays développés à respecter leurs engagements", notamment "pré-2020". 

La ministre espagnole de l'Environnement, Teresa Ribera, a par exemple dénoncé la volonté de certains Etats de "freiner" délibérément l'action climatique, accusation soutenue par les petits États insulaires. Les représentants de 44 pays particulièrement vulnérables à la montée des eaux se sont ralliés à cette déclaration, dénonçant "le manque d'ambition" de certains Etats.

La reconnaissance des pertes et dommages causés par le réchauffement climatique a aussi fait monter la pression : responsabilité historiquement portée par les pays riches, ceux-ci ne semblaient pas tout à fait prêts à réparer les dégâts.

Quelques engagements, qui restent toutefois insuffisants

80 pays se sont engagés à présenter des plans climat plus ambitieux d'ici la fin de l'année 2020, dans l'objectif de réduire leurs émissions dans la prochaine décennie : Mexique, Chili, Maroc, Pakistan, Costa Rica entre autres... Si ceux-ci font preuve de bonne volonté dans un calendrier pour le moins serré, à l'échelle mondiale cette annonce reste largement insuffisante : en effet, les pays concernés ne représentent en tout qu'un peu plus de 10 % des émissions totales de la planète. 

Sur la question de l'article 6, la Banque mondiale a tenté d'apporter sa pierre à l'édifice pour faire avancer les discussions. L'instance a plaidé pour une tarification du carbone, aboutissant sur un partenariat international pour aider les pays "à concevoir, piloter et mettre en œuvre une tarification du carbone et des instruments de marché". "Des instruments de tarification du carbone bien conçus peuvent être un élément transformateur de la boîte à outils pour l'action climatique. Plus de la moitié des pays du monde réfléchissent à la manière dont la tarification du carbone peut les aider à atteindre leurs objectifs climatiques", a déclaré Laura Tuck, vice-présidente du développement durable à la Banque mondiale. Partenariat qui devrait être opérationnel dès juillet 2020, avec un total de 250 millions de dollars prévu en ce sens. 

Enfin, 73 pays, 14 régions, 398 villes et 786 entreprises se sont également engagés à la neutralité carbone en 2050. En marge de cette COP du côté de Bruxelles, l'UE a conclu un accord dans la nuit de jeudi à vendredi "historique", selon Elisabeth Borne. Le continent s'est engagé à devenir neutre sur le plan climatique d'ici le demi-siècle, mais sans la Pologne, pays encore très dépendant du charbon et qui est l'un des principaux pollueurs de l'Europe. 

177 nouvelles entreprises se sont engagées à mettre en place des objectifs climatiques alignés avec un scénario 1,5°C et un objectif de neutralité carbone également comme le prévoit l'accord de Paris : Chanel, Decathlon, Tesco par exemple... Par ailleurs, plus de 500 entreprises certifiées "B Corp" - répondant à un certains nombres de normes environnementales - se sont également engagées à atteindre la neutralité carbone dès 2030, avec cette fois vingt ans d’avance.

"Déconnexion" du monde extérieur

Les coups de gueule ont fusé de toutes parts lors de cette COP 25. "Déconnexion" aura été la formule de ces deux semaines pour résumer la paralysie générale qui s'est emparée de ce vaste rassemblement politique. 

À commencer par Greta Thunberg, comme à son habitude assez énervée, qui a dénoncé la "tromperie" d'une "poignée de pays riches". Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace international, a également pris à partie les dirigeants mondiaux : "Les solutions sont juste sous nos yeux. Mais où sont les champions ? Où sont les leaders ? Où sont les adultes dans la salle ?", a-t-elle lancé à l'assemblée, notant n'avoir jamais vu en 25 ans un fossé si grand entre la COP et le monde extérieur. Dans le même temps, 300 personnes, notamment des militants du mouvement Fridays for future, se sont vues poussées dehors après une manifestation surprise dans la salle plénière de l'IFEMA. Une éviction marquant "l'échec des négociations", selon la directrice de Greenpeace.

Aux rangs supérieurs, la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa a également remonté les bretelles des participants : "Nous allons dans la mauvaise direction", a-t-elle prévenu. "Nous n’agissons pas assez vite pour entraîner une transformation radicale de la société et les gouvernements continuent de subventionner les énergies fossiles", a-t-elle regretté, sommant les parties de s'entendre pour faire avancer les négociations sur l'accord de Paris... Sans grand succès.

Enfin, pour cette COP 25 au slogan "Time for action", il faudra sans doute attendre l'année prochaine... Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres avait déjà averti les participants à la veille du lancement, dénonçant des efforts "tout à fait insuffisants".

Retrouvez les moments forts de cette COP 25 sur notre article en direct ici.

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