Le sommet des Nations Unies sur l’océan s’est ouvert à Nice lundi 9 juin par une prise de parole d’Emmanuel Macron, censée présenter les engagements de la France pour la protection de l'espace maritime mondiale.
Il a appelé à la "mobilisation" pour des océans en "ébullition", ajoutant que les "abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre".
L’ONG de protection des océans BLOOM dénonce toutefois "la vacuité des annonces faites sur la soi-disant "protection forte" dans les eaux métropolitaines". Selon Swann Bommier, directeur du plaidoyer de l’organisation, "le gouvernement a fait le pari de l’enfumage médiatique, ne protégeant réellement que le lobby des pêches destructrices".
Un traité insuffisant
Dans un communiqué, BLOOM revient sur le traité international sur la haute mer, mesure phare de ce sommet. Adopté en 2023 après de longues négociations, le texte doit à présent être ratifié par au moins 60 États souverains pour entrer en vigueur. Le chef de l’État a annoncé que ce chiffre serait bientôt atteint, présentant le traité comme une victoire, "permettant de protéger 50 % de la surface de la planète notamment contre la pêche illégale".
L’ONG, qui lutte depuis longtemps contre les ravages de la surpêche, explique pourtant que le traité "ne pourra pas (...) répondre aux destructions imposées à l’environnement par la pêche industrielle".
En vérité, ce texte s’ajoute à un ensemble d’autres dispositifs préexistants, auxquels il ne peut pas se superposer. Ainsi, des sujets fondamentaux de la protection de l’océan sont écartés du traité, tels que les ressources minières des fonds marins, la gouvernance de la pêche en haute mer ou encore la régulation internationale du transport maritime.
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BLOOM souligne que "les eaux internationales qui ne sont pas déjà couvertes par l’une des instances de gestion de la pêche (...) ne représentent que 1,35 % de la surface de l’océan", sans oublier que 90 % de la pêche a lieu dans les zones économiques exclusives (ZEE), donc hors de la haute mer.
Un gouvernement "qui avait tout en main pour réussir"
Au-delà des annonces concernant le traité, l’ONG accuse le président de la République de "s’approprier" le "succès" polynésien. En effet, Emmanuel Macron a rappelé que le niveau de protection de la ZEE française avait plus que doublé, en particulier grâce à la protection de 900 000 km² de surface océanique dans les 5 archipels de la collectivité d'Outre-mer. Une mesure portée "depuis plus de dix ans par le gouvernement polynésien, les acteurs locaux, l’initiative Pew Bertarelli, l’OFB", explique BLOOM.
Enfin, elle déplore l’absence d’engagement à propos des énergies fossiles, une industrie qui participe au changement climatique et donc aux dérèglements des océans.
L'ONG conclut en notant sa déception face à un gouvernement qui "avait tout en main pour réussir un tour de force" diplomatique, comparant ce sommet à la Cop21, qui avait permis de ratifier les Accords de Paris en 2015.
Elle appelle enfin l’État français à mettre en place des "actions concrètes", telles que l’interdiction du chalutage (une technique de pêche dévastatrice pour la biodiversité marine) dans 30 % des eaux françaises, la protection des "pêcheurs et des écosystèmes côtiers en excluant les navires industriels de plus de 25 mètres de la bande côtière des 12 milles nautiques" et la fin des subventions de l'UE pour les énergies fossiles.