La viticulture française, en crise, doit se réformer en associant plus étroitement producteurs et négoce dans une stratégie commune.
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Politique

Viticulture: revoir le collectif, la stratégie et les aides, recommande un rapport sénatorial

La viticulture française, en crise, doit se réformer en associant plus étroitement producteurs et négoce dans une stratégie commune, mais aussi les régions entre elles, préconise mercredi un rapport sénatorial sur l'avenir du secteur, en recommandant également que les aides soient conditionnées.

Le rapport transpartisan produit par trois sénateurs viticulteurs appelle l'Etat à organiser début 2026 des "assises" réunissant toutes les parties.

Objectif: fonder "un pacte de confiance" visant à faire intervenir davantage la filière aval dans les orientations de la production, en échange d'engagements à sécuriser le revenu des producteurs.

"Dans trop de vignobles, ces deux familles ne se parlent pas", a déploré devant la presse le sénateur (LR) Daniel Laurent. "Pourquoi continuer à produire en masse des vins dont le maillon de distribution explique depuis des années qu'il ne correspond plus à l'état de la demande? Pourquoi, côté aval, acheter parfois des productions à vil prix alimentant des offres commerciales indignes ou importer du vin de l'étranger alors que la production a plus que jamais besoin de soutien?"

Les rapporteurs proposent que toute nouvelle aide à la distillation ou à l'arrachage "soit conditionnée à la réussite de ces assises, et donc à l'entente entre l'amont et l'aval", a ajouté M. Laurent, voyant dans ce rendez-vous "le lieu où chacun est mis devant ses responsabilités": banques, grande distribution etc.

Une évolution nécessaire dans le mode de production

Dans un contexte budgétaire contraint, ils proposent en outre "d'aller vers l'abandon de l'accompagnement financier des plans individuels d'arrachage pour aller vers des plans collectifs d'arrachage avec une stratégie construite à l'échelle des bassins viticoles", a expliqué le socialiste Sébastien Pla.

La viticulture subit à la fois la crise climatique et un changement des préférences de consommation, auxquels s'est ajouté récemment l'aléa des droits de douane chinois puis américains.

"Pendant longtemps, la viticulture a ronronné, on essayait de passer le cap jusqu'à l'année prochaine. Aujourd'hui ça ne peut plus se passer comme ça", a dit M. Laurent, relevant que certains vignerons "sont à bout".

Le rapport appelle les régions viticoles à s'unir sous la bannière France pour se renforcer à l'export, où l'Hexagone reste premier en valeur mais derrière l'Italie et l'Espagne en volume: 12 millions d'hectolitres contre 22 et 20, a souligné le sénateur RDSE Henri Cabanel.

Il recommande de "rationaliser" son très grand nombre d'interprofessions et organisations. Il préfère aussi des politiques d'arrachage temporaires plutôt que définitives, alors que la France cultivait 850.000 ha il y a 30 ans, 750.000 aujourd'hui et se dirige "sûrement vers 700.000".

Avec AFP.