Exemple d'exploitation mobilisant l'hydrologie régénérative à Rancho San Ricardo (Mexique).
© Simon Ricard/Permalab
Environnement

L'hydrologie régénérative pour réhydrater les paysages

Article réservé aux abonnés

L'assèchement des nappes phréatiques et les faibles précipitations entraînent des mutations du secteur agricole. Pour une meilleure infiltration de l'eau par les sols, l'hydrologie régénérative s'avère être une solution prometteuse. 

Au 1er août 2023, 72 % des nappes phréatiques françaises restaient en-dessous des normales mensuelles, a partagé le Bureau d'Études Géologiques et Minières (BRGM). Un stress hydrique qui complexifie les besoins en eau des exploitations agricoles et des habitants des communes concernées. L'hydrologie régénérative, couplée à l'agroécologie permet une meilleure gestion des cycles de l'eau. 

"Une vraie solution à développer" pour répondre aux sécheresses 

Encore peu développée en France, l'hydrologie régénérative propose un réaménagement des surfaces pour améliorer la répartition de l'eau dans les sols. Simon Ricard est formateur en hydrologie et agriculture régénératives à Permalab et co-fondateur de l'association Pour Une Hydrologie Régénérative visant à généraliser cette "approche de la régénération des cycles de l'eau par l'aménagement des sols agricoles et du territoire" pour répondre aux enjeux climatiques.

Inspiré par des techniques de keyline design répandues dans les années 1960 en Australie, Espagne et Amérique latine, Simon Ricard importe cette "conception des sols des régions au climat plus arides et contraints où la gestion de l'eau était primordiale".

En France, l'agriculture dépend à 90 % des eaux de pluie, mais les besoins en irrigation gagnent du terrain dans certaines régions au vu des épisodes de faible pluviométrie qui s'allongent. Selon Simon Ricard, l'hydrologie régénérative permettrait une résilience et indépendance du monde agricole aux précipitations. "Elle est d'autant plus pertinente dans les territoires plus secs comme l'Occitanie puisqu'elle vise à mieux répartir l'eau." Au contraire, l'hydrologie régénérative imagine un aménagement des surfaces agricoles, pour que, quand il pleut, l'eau de pluie reste à la parcelle et ne ruisselle pas. "Une vraie solution à développer", selon Simon Ricard. 

Un triptyque eau-sol-arbre

En hydrologie régénérative, quatre principes s'articulent entre eux, "retenir, ralentir, répartir et infiltrer l'eau à l'échelle des parcelles, des fermes, des bassins-versants", insiste Simon Ricard. Pour favoriser l'infiltration de l'eau dans les sols, l'installation de micro-ouvrages tels que des petits canaux, mares temporaires, des tranchées d'infiltration, permettent de répartir l'eau de manière homogène sur l'exploitation agricole. Simon Ricard résume : "L'hydrologie régénérative va de pair avec des pratiques agroécologiques d'amélioration de la résilience des sols et l'agroforesterie de plantations d'arbres."

Ces trois aspects fonctionnent en synergie "à mesure qu'on pense, aménage et conçoit des espaces agricoles pour régénérer les cycles de l'eau" en vue d'implanter une résilience hydrique à long terme. Chaque année, en effet, les sols perdent en moyenne 1,5 tonne de terre par hectare à cause du ruissellement, indique le Service de données et études statistiques (SDES). Pour construire un paysage agricole résilient, la mise en oeuvre des trois modèles d'aménagement des surfaces est incontournable, comme l'estime Simon Ricard. 

Le modèle agricole français complique l'hydrologie régénérative

Si la réflexion reste la même et est toute aussi viable pour des surfaces dédiées au maraîchage ou à la paysannerie que pour de vastes exploitations de l'agriculture conventionnelle, elle est rendue plus difficile à mettre en oeuvre pour ces dernières. Les intrants phytosanitaires ont rendu les sols imperméables à l'eau et donc "ne va pas dans le sens de l'hydrologie régénérative".

Naturellement, "toutes les pratiques agricoles mécanisées avec un travail du sol lourd sont défavorables à la régénération des cycles de l’eau", ce qui implique de revoir le modèle agricole français dans son ensemble pour déployer largement des pratiques agroécologiques. Grandes surfaces et hydrologie régénérative n'en sont pas moins incompatibles. À titre d'exemple, l'association PUHR a accompagné une exploitation espagnole de 100 hectares, ancienne oliveraie, dans le réaménagement de ses champs pour favoriser la circulation de l'eau.

"La mécanisation, l'optimisation des techniques d'agricultures et le drainage des sols se sont faits au détriment des haies et de l'évacuation de l'eau". L'absence de haies dans le paysage agricole entrave également la répartition homogène de l'eau sur les surfaces, c'est pourquoi l'hydrologie régénérative requiert la plantation d'arbres pour être efficiente. "On a organisé l'évacuation plus rapide de l'eau pour avoir plus de surfaces agricoles", regrette Simon Ricard.  

Une vingtaine de fermes en France se sont déjà saisies de l'approche d'hydrologie régénérative, à des échelles différentes. 

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !  

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #12 : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins”. 

Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour associer économies avec écologie ! 


 

Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques. 

#TousActeurs

 

* Offre sans engagement valable pour toute nouvelle souscription d’un abonnement à l’Infodurable. Au-delà du 1er mois, à défaut de résiliation, reconduction tacite de l'abonnement à 6,90€ par mois. Le client peut à tout moment demander la résiliation de son abonnement. Cette résiliation prendra effet le dernier jour de la période d'abonnement en cours.
Pour toute question, vous pouvez contacter notre service client par mail contact@linfodurable.fr.