Allain Bougrain-Dubourg nous livre chaque mois son humeur, en réaction à un sujet d'actualité.
©Michel Pourny
HUMEUR

Le coup de gueule d'Allain Bougrain-Dubourg sur la chasse aux tourterelles

Chaque mois, le grand passionné de la cause animale et Président de la Ligue de Protection des Oiseaux Allain Bougrain-Dubourg réagit à un sujet d'actualité sur ID. Aujourd'hui : la chasse aux tourterelles. 

À en croire Elizabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, le gouvernement se comporte de manière exemplaire. Il vient d’autoriser l’abattage de 18 000 tourterelles des bois alors qu’autrefois les chasseurs se réjouissaient d’en tirer 90 000.

Bigre, elle a réduit les quotas et s’en félicite. Sauf que l’espèce figure sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature ) avec un déclin de 80 % de ses populations. Et que devant cette hémorragie, l’Union Européenne a demandé un moratoire à la France. Même les scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme, le Muséum National d’Histoire Naturelle en tête.

Quant au nouveau comité d’experts de la "gestion adaptative", récemment créé, il a conclu à la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat pour espérer stabiliser la dégringolade d’ici une dizaine d’années. À ce constat, on peut ajouter qu’une consultation publique (obligatoire avant de prendre ce type d’arrêté) a donné des résultats sans ambiguïté : la majorité des Français qui se sont prononcés demande la suspension de l’arrêté en question.

Sourde à l'éclairage scientifique, indifférente au point de vue de la société, méprisante aux recommandations de l’Europe, la ministre accorde aux chasseurs la possibilité de tuer encore et encore. Déjà en août, elle offrait un cadeau 6000 courlis cendrés à ajouter au tableau de chasse. Encore une espèce gravement menacée. La LPO a obtenu en référé devant le Conseil d’État la suspension de cette mesure.

Au-delà de ces péripéties pathétiques, on peut se demander si en terme de justice environnementale il n’y a pas deux poids, deux mesures. Car enfin, le Conseil d’État a sanctionné 12 fois de suite le ministère de l’Écologie qui voulait prolonger la chasse aux oies en février, de même des tribunaux administratifs ont condamné 30 fois des arrêtés préfectoraux autorisant la chasse au grand tétras. Qu'importe, chaque année, la parodie recommence. L’État prend des dispositions condamnables sans que la sanction ne soit aggravée. Quel citoyen pourrait bénéficier d’une telle tolérance ?

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Commentaires
Par Rld RVR - le 05/09/2019

Allez donc voir au Maghreb ce qui est réservé à cet oiseau, et dites leur de cesser la chasse. 18000 en France pour des centaines de milliers là-bas. Qu'en pensez vous M B. D.?

Par G F - le 06/09/2019

En tant qu'amoureux et observateur assidu et averti de notre chère Nature, j'ai eu plusieurs fois la preuve (sur différentes zones) que la chasse n'était pas la cause du déclin animal et de la biodiversité. Une vingtaine d'année après son interdiction, je vois moins de vie animale qu'autrefois. Le problème est ailleurs....
Pour moi la vraie cause est notre mode de vie de sur-consommation et pollutions diverses.
Attaquons nous en priorité à ces causes là!

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