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HUMEUR

Chasse aux "trophées": au secours, Morel, reviens !

Ian Khama, ancien président du Botswana, laissera le souvenir d'un véritable protecteur de l'environnement. C’est lui qui, en 2014, fit interdire les chasses dites "aux trophées" qui consistaient à flinguer les "big five", comprenez les cinq grands gibiers d'Afrique décrits par Ernest Hemingway : le lion, le léopard, l'éléphant, le rhinocéros et le buffle.  

Et voilà que l'actuel gouvernement envisage de renouer avec le passé en autorisant à nouveau les trophées afin, dit-il, d'obtenir des devises permettant de... mieux protéger la faune !

Sachant qu'un éléphant peut se négocier 38 000 € et un lion 32 000 €, la tentation est grande. D'autant que l'UICN (l'Union Internationale de Conservation de la Nature) et le WWF ne condamnent pas clairement cette pratique, ce qui a généré des réactions scandalisées de la part de nombreuses associations de protection de la nature.

De tous les pays d'Afrique, le Botswana se singularise par la richesse de sa faune. Il compte 135 000 éléphants, soit la plus grande population de pachydermes pour un pays. L’hypothèse de réinitier un marché du trophée contribuera inévitablement à favoriser le trafic. Déjà, l'année dernière, près de 90 éléphants avaient été retrouvés sans vie... et sans défenses, méticuleusement arrachées. Par expérience, on sait qu'il n'y a pas de traçabilité de l'ivoire et que les tolérances, même limitées, ouvrent la porte aux abus.

Partout dans le monde, des voix s'élèvent pour rappeler que ce pays de quelque deux millions d'habitants n'a pas besoin de massacrer sa faune pour survivre. Il dispose d'un potentiel en diamants et en tourisme non négligeables. Ce dernier satisfait surtout les amateurs de safaris (non violents !) haut de gamme. Un mouvement invite au boycott du pays en représailles des éventuels abattages. Morel, le héros des Racines du ciel, était bien décidé à faire cesser le massacre des éléphants. Romain Gary l'avait surnommé "l'homme qui ne savait pas désespérer". Morel, reviens !!!!