Des produits interdits dangereux pour les animaux sont en vente libre sur Internet
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Humeur

En 2018, le poison continue de faire recette, tant pis pour les animaux ?

L'autre semaine, les cadavres de deux gypaètes barbus (des vautours rares faisant l’objet de programmes de conservation au niveau européen) sont retrouvés du côté des Pyrénées. A l'autopsie, les causes de la mort ne font aucun doute : ils ont été empoisonnés par du Carbofuran, un produit pourtant interdit d'usage en France depuis 2007.

Interdit d'usage, certes, mais pas interdit de vente, notamment sur Internet. Conséquence, le petit commerce parallèle va bon train et un milan royal, lui aussi empoisonné au Carbofuran, est retrouvé quelques jours plus tard, dans le même état. L’affaire n'est pas isolée. La redoutable strychnine, utilisée dans la lutte contre les petits rongeurs et le corvidés, fut interdite d'emploi en 1999 au vu des conséquences meurtrières qu'elle générait dans la chaine alimentaire. On la retrouve encore aujourd'hui en vente libre sur le site Ali Baba...

La colle est disposée sur des baguettes positionnées dans les arbres

Dans un autre genre, le piégeage des oiseaux à la glu est autorisé dans le sud de la France. Mais il faut, en principe, déclarer son installation et se conformer à un protocole précis. Or, la glu en question peut être vendue à n'importe qui sans avoir à préciser son usage. Les pots de glu se vendent donc sur Internet et leur usage se pratique n’importe où et n'importe comment. À ce propos, il faut savoir que la colle est disposée sur des baguettes positionnées dans les arbres. N'importe quelle espèce d'oiseau qui se pose est immédiatement engluée, qu'elle soit protégée ou non ...

Lors de la loi sur la reconquête (?!) de la biodiversité, en août 2017, il fut proposé un amendement permettant d'exclure de la vente des produits interdits d'usage. Rejet catégorique d'une majorité conseillée par les lobbyistes. C'est ainsi que l'on trouve sous le vocable "piège pour nuisibles" une multitude de pièges à ressort ou à trappe, permettant de capturer n’importe quelle espèce protégée, sans que l'acheteur n'ait à justifier son emploi et à faire valoir ses compétences. De même, ne fut pas retenue l'idée que l'incitation à braconnage (comme l'incitation au racisme, par exemple), pouvait être punissable !

Las, la LPO a quand même adressé un courrier circonstancié à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (Bercy) pour que la vente des produits chimiques interdits d'usage en France n'aient plus pignons sur rue dans les pages d'Internet.

Cette sollicitation n'a pas encore trouvé écho. Elle relève pourtant de l'élémentaire et permettrait de contribuer efficacement à lutter contre le déclin de la biodiversité sans avoir à investir des budgets jugés prioritaires en d'auteurs lieux.