72 vols intérieurs seraient concernés (la liste "non-exhaustive" est à retrouver sur le site de François Ruffin). Des courts vols franco-français considérés comme une "aberration totale" par la députée Delphine Batho, cosignataire de la proposition de loi. François Ruffin rappelle que selon l’éco-calculateur de la direction de l’aviation civile, un aller-retour Paris-Marseille en avion émet 195 kg de C0² par passager. Ce même aller-retour effectué en TGV en émet 4,14, soit près de 50 fois moins.
Le texte propose plus précisément d’interdire "les vols domestiques substituables par un trajet en train, sans correspondance, lorsque l’avion ne fait pas gagner beaucoup de temps, ce que nous quantifions à la durée du vols plus 2h30".
Cette proposition s’inscrit à contresens du degré de fréquentation de ces vols, qui a cru de 4 % en 2018 d’après le bilan présenté par le Président de l’Union de l’Aviation Française, Thomas Juin. Pourtant, les mentalités évoluent progressivement. En Suède, cette conscientisation de l’impact environnemental des trajets en avion a entraîné une remise en question chez les citoyens, accompagnée d’une "honte" de prendre l’avion : le "flygskam".
Ce n’est pas qu’une affaire de comportements individuels : la volonté politique doit suivre. La liberté de voyager n’est pas la liberté de polluer. François Ruffin, député LFI.
Les parlementaires à l’origine de cette proposition estiment qu’il est temps de prendre "des décisions nationales fortes", à l’image de pays comme les Pays-Bas qui veulent interdire la liaison Bruxelles-Amsterdam. "Nos objectifs de réduction des émissions carbone sont incompatibles avec la croissance du transport aérien, ni même avec son maintien. À nous de rejoindre les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et le peloton des nations européennes qui prennent au sérieux cette question", écrit François Ruffin.
Si cette proposition est adoptée, elle devra néanmoins s’accompagner d’une reconfiguration du système ferroviaire français car, selon François Ruffin "la croissance du transport aérien s’est faite parallèlement au détricotage du maillage ferroviaire". Enfin, cet amendement à la Loi d'Orientation des Mobilités ne constituerait qu'une première étape : la député Delphine Batho a annoncé dans une interview avec le JDD vouloir "supprimer la niche fiscale dont profite le kérosène". Le gouvernement, lui, estime que de telles décisions doivent être prises à l'échelle européenne.