D'après un rapport de l'ADEME en 2022, 16 % du CO2 du secteur aérien est émis lors de la production et distribution du kérosène, et 84 % lors de la consommation du carburant.
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Environnement

Les députés votent une contribution de l'aérien à défaut de taxer le kérosène

Les députés ont voté dans la nuit de lundi à mardi 21 mai en commission pour une contribution du transport aérien au financement des autres modes de transport, sans aller jusqu'à une taxation du kérosène, sujet qui doit se régler "à l'échelle européenne" selon le gouvernement.

Cette contribution d'environ 30 millions d'euros sera une réaffectation des surplus de recettes de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, dite "taxe Chirac", au profit de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).

Instaurée en 2006, cette taxe alimente le fonds de solidarité pour le développement (FSD) dans la limite d'un plafond annuel fixé à 210 millions d'euros. Jusqu'ici, le surplus de cette taxe était destiné "au désendettement du budget annexe de l'aviation civile", a indiqué la ministre des Transports Elisabeth Borne lors de l'examen du projet de loi d'orientation des mobilités en commission. Le montant de cette contribution pourrait avoisiner "40 millions d'euros l'année prochaine" voire "50 millions d'euros" les années suivantes, a souligné la co-rapporteure du texte Bérangère Abba (LREM), auteure de l'amendement adopté.

La taxation du transport aérien, dans le but d'améliorer la protection de l'environnement, figure dans le programme de la liste de la majorité présidentielle pour les européennes. Emmanuel Macron a quant à lui déclaré vouloir avancer "sur la taxation commune du kérosène en Europe", plaidant pour "une vraie négociation internationale" sur ce sujet, dans un entretien accordé lundi à la presse régionale.

"La France poussera pour une taxation du transport aérien mais qui doit se faire à l'échelle européenne", a affirmé Mme Borne devant la commission du Développement durable. Mais elle peut "d'ores et déjà adresser un signe de sa mobilisation sur le sujet" via cette contribution, a-t-elle souligné. Si Jean-Baptiste Djebbari (LREM) a loué "une contribution entre les modes de déplacement (...) tout à fait salutaire", les oppositions ont critiqué la mesure.

"On est en train de créer une usine à gaz supplémentaire", a lancé Valérie Lacroute (LR), proposant d'allouer une part supplémentaire de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) à l'Afitf.

Le socialiste Christophe Bouillon a jugé le financement "pas à la hauteur des ambitions" affichées en matière de transports "propres". L'ancien "marcheur" Matthieu Orphelin a salué "un premier pas" mais "il faut absolument aller plus loin": il défendra dans l'hémicycle des amendements en faveur notamment d'"une contribution écologique au décollage".

Avec AFP.