Allain Bougrain-Dubourg, grand défenseur de la cause animale, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.
©XAVIER LEOTY / AFP
HUMEUR

Allain Bougrain-Dubourg : "Le dernier vol du casseur d'os"

[L'humeur d'Allain Bougrain-Dubourg] Les qualificatifs manquent pour décrire le gypaète barbu, autrement dit le "casseur d'os".

Seigneur du ciel, il coiffe l'aigle royal avec ses 2 mètres 90 d'envergure. On le sait capable de grimper à 7 000 mètres d'altitude dans l'Himalaya et supporter – 40° de température. Il avale plusieurs centaines de kilomètres dans la journée pour localiser sa pitance, et bien d'autres singularités font de ce superbe vautour un être d'exception. En résumé, il impose le respect. En théorie seulement car il sera naïvement considéré comme nuisible tandis que son cadavre empaillé fera l'objet de trophée recherché. Il n'en faut pas tant pour générer l'hécatombe, l'espèce est exterminée jusque dans les années 1920 au point de s'effacer du ciel alpin.

Que de courage et de détermination pour permettre, durant les années 1980, le retour du grand vautour grâce à des réintroductions effectuées avec des oiseaux issus de captivité. Les ornithologues et autres associations de protection des oiseaux, qui se sont tant investis pour permettre la renaissance du phénix, n'ont pourtant guère eu le temps de se réjouir. Voilà qu'ici et là, subrepticement, des cadavres sont retrouvés, pathétiquement cloués au sol. Les collisions avec des câbles n'expliquent pas tout, les autopsies révèlent souvent des plombs et des poisons. Mais curieusement, l'administration se montre peu efficace à débusquer les coupables.

Suspicion d'empoisonnement...

Durant ces dernières années, 7 vautours morts, dont un vautour moine, on été enregistrés dans les Alpes avec une forte suspicion d'empoisonnement. Outre un non-lieu, aucune suite n'a été donnée, malgré les nombreuses relances de la LPO. Et voilà qu'un gypaète barbu et son gypaéton viennent d'être retrouvés morts dans leur nid sur la commune de Val-Cenis, au cœur du parc national de La Vanoise. Lorsqu'on sait qu'un tel oiseau met 7  ans avant d'atteindre la maturité sexuelle et ne produit qu'un jeune tous les 2 ou 3 ans, on mesure le préjudice pour cette espèce.

Il reste 17 couples actuellement recensés dans les Alpes françaises, un effectif trop faible pour une espèce toujours menacée... qui ne se cache même plus pour mourir.

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