L’Association pour la Protection des Animaux Sauvages, a acquis environ 1 200 hectares en 10 ans.
©Clément Roche/ Vercors Vie Sauvage/ ASPAS
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Une association achète des forêts pour que la nature se développe sans activité humaine

Acquérir un ancien enclos de chasse pour en faire une réserve naturelle où les animaux et la nature peuvent s’épanouir… C’est le projet fou qu'a accompli une association de protection animale.

Faire des terrains un sanctuaire naturel dont l’objectif est la libre évolution de la nature et la non-intervention humaine, tel est le souhait de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS). Elle achète des espaces verts afin que la faune et la flore puissent se développer à leur rythme et sans intrusion massive de l'Homme. Son dernier exploit : l'acquisition d'un terrain de 500 hectares dans le Parc naturel régional du Vercors : le projet "Vercors Vie Sauvage".  

Il y a une multitude d’écosystèmes et de milieux différents." 

Si le terrain a pu être acheté, c’est tout simplement parce qu’il était en vente dans une agence immobilière. "Mais il y a surtout sur cette espace une multitude d’écosystèmes et de milieux différents, ce qui est très riche en matière de naturalité", nous confie Madeline Rubin. La moitié de l'espace était réservée à la chasse, et si la pratique y est aujourd'hui interdite, cette partie est encore clôturée.

Certains animaux non issus du milieu naturel français ne peuvent pas être lâchés dans la nature. "Nous avons une interdiction formelle de le faire qui nous est imposée par la préfecture et la Direction départementale des Territoires", renchérit la directrice de l'association. Elle explique qu'en France, "il y a une politique stricte" sur l’accouplement des espèces. En d’autres termes, cette décision consiste à éviter le croisement entre une espèce naturellement présente en France et une espèce "étrangère". Un an plus tard, une solution a été trouvée pour les animaux non-français : ils seront capturés, stérilisés, et ensuite déplacés dans des "parcs sanctuaires" où ils pourront "vivre leur vie tranquillement".  

Plus de deux millions d'euros réunis par 20 000 donateurs 

L'association aux 14 000 membres, fonctionne sans subventions publiques. Le sol a donc été acquis grâce à des dons. Le financement participatif et la mobilisation de plus de 20 000 donateurs ont permis de réunir 2 350 000 euros. La crise sanitaire de 2020 ne permet pas de faire un bilan représentatif de cette première année. Mais il est possible d'observer des résultats sur les autres sites. Par exemple, dans la Réserve de Vie Sauvage® des Deux-Lacs, le retour du castor, de la loutre, et de la genette, a été constaté et confirmé, assure l'association. "Tout comme le balbuzard pêcheur qui passe ponctuellement", ajoute cette dernière. Si l'idée d'acheter des forêts a émergé dans les années 1980, ce n'est qu'en 2010 que l'association s'est vraiment lancée dans l'aventure.

"Nous sommes partis du constat tout simple que sur des espaces protégés, la stratégie et l’ambition de protéger de l'État n'étaient pas à la hauteur de l'urgence et des enjeux actuels", explique Madeline Rubin, directrice de la ASPAS, à ID. "Par exemple, dans beaucoup d’entre eux, il y a de la chasse, de la coupe de bois, du pastoralisme… Ce n’est pas suffisant pour avoir un réel impact sur la préservation des milieux", complète-elle. Pour tenter de contrer cela, l'association a créé Réserves de Vie Sauvage®, son propre label pour les espaces qu'elle achète. Il est accompagné d'une charte comportant un niveau de protection "assez exigeant", selon elle.

1 200 hectares sous la "protection" de l'association 

Dans ces réserves, toutes les activités qui ont un impact de nuisance sur les milieux naturels sont interdites : couper les arbres, la pêche, la chasse, les engins motorisés, le pastoralisme, le prélèvement et la cueillette d'éléments composant la nature… L'activité humaine n'est toutefois pas interdite, elle est "limitée à la balade contemplative et immersive", indique l'association. L'ASPAS est propriétaire de cinq réserves sauvages dans la Drôme, les Côtes d'Armor et l'Hérault. Au total, elle a acquis environ 1 200 hectares. 

Il y a des réelles oppositions qui pourraient faire capoter les ventes..."

Différents projets de réserves sont en cours et seront lancés début 2021. "Il y a des réelles oppositions qui pourraient faire capoter les ventes, donc tant que nous n'avons pas signé de compromis, nous n'en disons pas plus", révèle Madeline Rubin. En attendant qu'ils soient publiquement annoncés, il est tout de même possible de soutenir les projets à venir avec différentes formes de dons.

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