Ce résultat permettrait de couvrir 30 % des besoins français pour la construction, avec des granulats (graviers, sables) recyclés, a indiqué le président de la fédération Unicem, Nicolas Vuillier, mardi 28 mai lors d'une rencontre avec la presse sur une plateforme de recyclage à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
"Il faut valoriser les produits de la déconstruction", résume-t-il. Pour illustrer la stratégie de "boucle courte", l'Unicem a présenté un parcours en banlieue parisienne menant d'un important chantier de démolition, à Colombes, à la plateforme de recyclage de Gennevilliers, d'où repartent des granulats de béton recyclé, concassés, nettoyés, calibrés pour une nouvelle utilisation.
À Colombes, sur un vaste site de 44 000 m2 auparavant occupé par le groupe Thales, des pelleteuses et broyeuses s'activent pour réduire à l'état de gravats les anciens bâtiments de bureaux, afin de faire place nette pour un nouveau quartier. Des grandes plaques de béton sont d'abord démantelées par une pince géante, puis ces blocs sont désagrégés par un broyeur qui extrait les ferrailles que renferme le béton armé. Au milieu du va-et-vient des pelleteuses, un opérateur arrose en permanence le chantier pour réduire la quantité de poussière.
In fine, le chantier produira d'ici la fin 2019 quelque 63 000 tonnes de béton, auxquelles s'ajoutent 300 tonnes de ferraille et 3 000 tonnes de déchets industriels qui seront traités en filière spécialisée. "Le taux de recyclage sera supérieur à 95%", selon Eric Corbière, responsable du chantier pour la société Cardem, filiale d'Eurovia (groupe Vinci) spécialisée dans la déconstruction de bâtiments.
D'ici quelques mois, le site recevra une unité de concassage, pour terminer le travail de recyclage. Le béton concassé pourra être directement réutilisé dans des applications routières. "Sur chaque chantier, le choix doit être fait entre concasser sur place ou sur une plateforme" extérieure, explique M. Corbière. "En-dessous de 10 à 15.000 tonnes de béton, on n'amène pas de concasseur."
Activité complémentaire
À quelques kilomètres, la plateforme de recyclage de l'entreprise SPL à Gennevilliers reçoit des gravats de démolition de bâtiments, de la terre de déblai de terrassement ou des déchets d'enrobés routiers. Cette matière première est broyée, triée, concassée, tamisée, lavée, pour être réutilisée sous forme de sables, de gravillons ou de terre fine. Les déchets d'enrobés routiers sont réincorporés à hauteur de 10 % à 30 % dans la fabrication d'enrobé neuf.
Quant aux déchets non exploitables, comme des terres très argileuses, ils sont utilisés pour réaménager et réhabiliter les carrières. Les sites d'extraction sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à s'accompagner d'une plateforme de recyclage, pour proposer des granulats recyclés.
"Cela complète leur activité en économisant la ressource" naturelle, indique Christophe Jozon, président de la commission Economie circulaire de l'Unicem. "On n'est pas en opposition entre carrières et activités de recyclage, mais en complémentarité." L'Unicem avait conclu avec l'Etat en 2016 un "engagement pour la croissance verte" qui visait une augmentation de 50 % de la production de granulats recyclés. L'engagement a été atteint, selon l'Unicem.
De son coté, l'Union européenne a fixé un objectif de 70 % de collecte, recyclage et valorisation des déchets du BTP à l'horizon 2020. "Aujourd'hui, on a atteint ces 70 %", assure M. Jozon.
Les déchets du BTP en France sont estimés à 227 millions de tonnes, dont 93 % de "déchets inertes" (non dangereux). Selon l'Unicem, 148 millions de tonnes sont recyclées, conformément à l'objectif européen. Pour les déchets recyclables, le taux atteint même 80%. "On peut progresser, mais on est déjà à un niveau assez élevé", observe Christophe Jozon.
L'Unicem s'apprête à signer à la rentrée un nouvel "engagement pour la croissance verte" pour la période 2019-2022. "Le premier engagement a bien fonctionné", s'est félicité M. Vuillier.
Parmi les nouveaux objectifs, un taux de recyclage des déchets inertes porté à 90% à horizon 2025 et une couverture de plus de 30 % des besoins de granulats pour la construction en France.
Avec AFP.