Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités des territoriales et co-animateur du "grand débat national", le 15 janvier.
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Entreprises

Grand débat : l'économie sociale et solidaire espère un "tournant" dans la politique du gouvernement

L'économie sociale et solidaire, qui joue un rôle "d'amortisseur social" avec ses milliers de coopératives, entreprises associatives et de réinsertion, espère que la crise des "gilets jaunes" et le grand débat annoncent "un tournant dans la politique du gouvernement".

"Ca fait plusieurs mois qu'on alerte le gouvernement en disant 'attention vous allez créer des situations très difficiles dans le territoire'", a rappelé vendredi Sébastien Darrigrand, délégué général de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes), lors d'une conférence de presse. "Il y a un certain nombres de signaux et d'actes concrets pris par ce gouvernement depuis deux ans qui ne favorisent pas la cohésion sociale", constate-t-il. "Parmi les gilets jaunes, il y a des gens qui étaient en contrat aidé et qui se sont retrouvés sur le carreau avec la baisse drastique de ces contrats".

L'économie sociale et solidaire (ESS), avec sa myriade de très petites entreprises, notamment dans le secteur de l'insertion, était un gros pourvoyeur d'emplois aidés. La suppression sur trois ans des trois quarts de ces contrats (de 350.000 à 100.000) l'a touché de plein fouet. "Nos adhérents estiment à 60.000 le nombre d'emplois menacés", a indiqué M. Darrigrand. Il a mis en garde contre l'alternative mise en avant par le gouvernement dans le grand débat ("vous voulez des baisses d'impôt ? Il faut baisser les dépenses sociales").

Crédit d'impôt et réforme de la taxe sur les salaires 

"Si on baisse les dépenses sociales, les situations d'isolement et de précarité vont se développer dans les territoires", a-t-il estimé. "Il faut arrêter de penser le social comme une dépense: une aide au maintien à domicile, un contrat d'insertion sont des investissements, qui vont éviter des coûts bien plus importants".

L'ESS, qui pèse 10% des emplois en France (14% des emplois privés) avec 2,3 millions d'emplois, entend participer pleinement au grand débat public. L'Udes souhaite un crédit d'impôt pour soutenir l'innovation sociale et une réforme de la taxe sur les salaires, un impôt "inique" qui pénalise l'emploi, "puisque plus vous avez de salariés, plus vous payez la taxe".

La taxe sur les salaires, créée en 1948, vise les entreprises qui ne sont pas soumises à la TVA pour au moins 90% de leur chiffre d'affaires. Parmi les secteurs concernés figurent les banques et assurances, mais aussi les entreprises socio-médicales et le secteur associatif. Selon la Cour des comptes, qui l'a critiqué en octobre, cet impôt est acquitté par 165.000 redevables et ses recettes, affectées à la Sécurité sociale, ont atteint 13,9 milliards d'euros en 2017.

Avec AFP.