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Rappelons que l'initiative est soutenue par le Collège des Directeurs du Développement Durable, le C3D. Elle a trois objectifs clairs : permettre de s'informer et de se former grâce à une plateforme digitale et des contenus, fournis par des partenaires pionniers de la transition. Mais aussi passer à l'action par le biais d'événements, d'initiatives locales. Et enfin, développer son pouvoir d'agir.
Aussi, le 5 mars 2025, le projet a été présenté en détails à la Climate House à Paris, en présence notamment de Fabrice Bonnifet, président du C3D, de Vanessa Logerais, fondatrice de l'entreprise à mission Parangone, agence de conseil en stratégie RSE, et des différents partenaires de l'association. Au programme : naissance du mouvement, gouvernance, comité scientifique, discours de partenaires fondateurs, prochains temps forts, présentation graphique de la plateforme.
Transformer les modèles
La raison d'être de GenAct a été énoncée ainsi : "Développer les capacités d'agir des personnes pour transformer les modèles des entreprises et des organisations, afin de les rendre compatibles avec les limites planétaires." L'association est tout juste créée et sera lancée officiellement au printemps.
ID s'est entretenu à l'occasion de cet événement avec Fabrice Bonnifet. Pourquoi était-il important de lancer GenAct maintenant, dans un contexte où certains médias mettent en avant un désintérêt croissant pour l'environnement ? Selon l’enquête Obs’COP 24 pour EDF par exemple, "le changement climatique figure toujours parmi les priorités des populations, derrière le pouvoir d’achat". Mais "le sentiment d’inquiétude recule, malgré la multiplication des catastrophes climatiques".
Le Directeur Développement Durable & QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) du Groupe Bouygues n'est pas d'accord avec cette notion de "désintérêt", qu'il ne constate pas sur le terrain. Il cite les publications de Parlons Climat et note que parmi les priorités des Français, l'environnement n'a que quelque peu baissé.
"Ça fait un petit bout de temps que nous avons imaginé GenAct, au C3D, sans savoir que ça s'appellerait comme ça, explique-t-il. Il se passe plein de belles choses dans les entreprises, mais quand on regarde factuellement les chiffres, ça ne va pas assez vite. On s'est dit qu'en faisant ce que nous avons toujours fait, nous obtiendrions... ce que nous avons toujours obtenu. Car cela progresse, mais pas à la bonne vitesse, y compris dans les pays conscientisés comme les nôtres, selon ce que nous disent les scientifiques. Eux seuls peuvent d'ailleurs nous dire si nous allons à la bonne vitesse."
GenAct, c'est pour tous ceux qui ont envie d'être acteurs dans leur sphère d'influence."
Fabrice Bonnifet
Les membres du C3D ont réalisé que les collaborateurs d'une entreprise, qu'ils soient acheteurs, informaticiens, financiers, pouvaient tout à fait avoir conscience du changement climatique, sans toutefois avoir d'outils. "Ce que nous souhaitons, c'est outiller ces gens. Il y a besoin d'une méthode. Sans cela, on ne va pas loin".
Car les GenActeurs pouvant bénéficier de cette plateforme, dont Fabrice Bonnifet espère qu'ils seront bientôt des milliers, sont bien des individus en leur nom propre et non des représentants d'entreprises. "Les entreprises qui s'intéressent à la RSE viennent au C3D", souligne-t-il. Une fois sur la plateforme, il suffit de remplir un petit questionnaire et de payer une cotisation annuelle de 30 euros.
Devenus adhérents, les GenActeurs ont accès à une foule de contenus proposés par les partenaires, gratuits ou moins chers qu'en passant en bilatéral avec ces derniers (par exemple, les cours de la plateforme Sator). "Nous sommes le Groupon du système !", lance Fabrice Bonnifet.
Le président du C3D précise en effet que GenAct n'est pas un outil unique. "Il faut le modèle d'affaires, mais aussi la gouvernance, le leadership..." Le président du C3D a d'ailleurs pris le temps d'énoncer les 10 commandements de ce projet. Le premier étant "la création d'un espace sûr et juste entre les limites planétaires et le plancher social".
"Le modèle économique et social de l'entreprise doit se transformer pour produire des impacts positifs au-delà de la composante financière et s'aligner sur des trajectoires de diminution des impacts négatifs validées par la science", a-t-il énoncé.
Le 6e commandement concerne les relations contractuelles justes et équitables sur les pratiques régénératives avec les territoires. "La genèse-même de ces modèles d'affaires à visée régénérative est la coopération entre entreprises et territoires et non la compétition", a entre autres précisé M. Bonnifet.
Des partenaires forts
Une fois l'ensemble de ces commandements établi, le C3D s'est intéressé aux meilleurs partenaires pour outiller, sur tous ces plans, les personnes voulant agir pour une responsabilité sociétale des entreprises plus ambitieuse et régénérative.
"Nous en avons déjà 17 et c'est plutôt une bonne surprise, poursuit Fabrice Bonnifet. Nous pensons avoir un potentiel à 100 ou 150. Aujourd'hui, nous avons besoin d'avoir les meilleurs outils pour les systèmes d'information, les modélisations des plans d'affaires... Il fallait bien avoir une plateforme de plateformes, car cela n'existait pas avant, et c'est cela, le génie de GenAct."
Parmi ces partenaires, en dehors du C3D, citons le CJD, mouvement de dirigeants engagés pour mettre l'économie au service du vivant, Les Collectifs, réseau de professionnels-citoyens créé en vue d'accélérer la transition écologique et sociale des entreprises ; Lumia, centre de recherche et de formation dédié à l'entreprise régénérative ; LinkedIn France, Les Pépites Vertes, média et communauté pour équiper les jeunes talents de la transition écologique ; Ticket for Change, "école des pionniers du monde de demain" ; La Fresque du Climat, atelier pédagogique de sensibilisation au changement climatique ; Sator, qui propose des cours d'excellence en se donnant pour mission "d'élever la conscience citoyenne de millions de personnes, en France et dans toute la francophonie" ; Zei, la plateforme ESG qui fait rimer pilotage et impact ; IF Initiative, démarche collaborative d’entreprises, pilotée par Carbone 4 avec le soutien de six équipes de recherche, visant à construire et diffuser un nouveau référentiel pour la stratégie d’entreprise.
Le président du C3D a un message clair : "L'envie ne suffit pas pour développer son pouvoir d'agir. Faire advenir des modèles d'affaires à visée régénérative requiert l'utilisation d'une méthode éprouvée, de la coopération multi parties prenantes, de l'imagination, de l'inspiration, de la détermination, de la persuasion, de nombreuses formations, de l'endurance et une volonté acharnée. Mais la concrétisation est source d'une inépuisable satisfaction car cela nous ramène à l'essentiel : la préservation du vivant !"
