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Entreprises

En 2026, l'intelligence artificielle à la croisée des chemins

Après l'euphorie des premières années, marquées par une croissance fulgurante et des valorisations vertigineuses, le secteur de l'intelligence artificielle (IA) générative devra répondre à des questions brûlantes en 2026.

Vers l'éclatement de la bulle IA ?

La fébrilité est palpable. Plusieurs investisseurs majeurs comme le japonais SoftBank et le milliardaire Peter Thiel, cofondateur de PayPal et Palantir, ont annoncé mi-novembre s'être défaits de toutes leurs actions du fabricant américain de puces Nvidia. Serait-ce le signe de l'éclatement prochain de la bulle IA ?

Les investissements colossaux dans le secteur semblent en effet démesurés par rapport aux bénéfices générés. Par ailleurs, les géants de la tech et les fabricants de puces investissent dans les start-up d'IA pour qu'elles achètent en retour leurs produits et services. Une économie circulaire, fragile en cas de retournement de marché, qui rappelle les prémices de l'éclatement de la bulle Internet en 2000.

Or, si la bulle éclate, "aucune entreprise ne (serait) épargnée, y compris nous", a averti sur la BBC Sundar Pichai, patron d'Alphabet, maison mère de Google.

La fin des cols blancs ?

"Le phénomène de l'IA est là. Il est présent et il a une influence sur la manière dont les entreprises considèrent la main d'oeuvre", a récemment déclaré le vice-président de la Réserve fédérale américaine Philip Jefferson.

Les géants de la tech, qui ont fortement investi dans cette technologie, ont invoqué leurs nouveaux gains de productivité pour licencier des milliers de cols blancs.

Mais les prévisions d'experts divergent sur l'ampleur et la rapidité avec lesquelles l'IA affectera l'emploi. Pour certains, le bouleversement sera si profond qu'il pourrait nécessiter l'instauration d'un revenu universel pour stabiliser la société.

D'autres envisagent plutôt un changement graduel. Le cabinet McKinsey estime ainsi que 30 % des emplois américains seront automatisés d'ici 2030, quand Gartner prévoit que l'IA créera plus d'emplois qu'elle n'en supprime d'ici 2027.

À quand la superintelligence ?

Quand l'humanité créera-t-elle une IA capable d'égaler voire dépasser les capacités humaines ? Le calendrier dépend des interlocuteurs.

Pour le fondateur de la start-up américaine d'IA Anthropic, Dario Amodei, l'intelligence artificielle générale (AGI) arrivera dès 2026. Sam Altman, patron d'OpenAI, l'entreprise à l'origine de ChatGPT, pense lui pouvoir créer dès 2028 une IA capable d'effectuer des découvertes scientifiques.

Meta a aussi fait de la superintelligence sa priorité, dépensant des centaines de millions de dollars pour former une équipe scientifique d'élite. Mais pour son responsable de la recherche IA Yann LeCun, qui s'apprête à quitter le navire, l'idée qu'on donnera naissance à "des génies dans un centre de données, c'est n'importe quoi".

Quel avenir pour les médias ?

Avec l'IA générative, on assiste "au plus grand bouleversement de l'écosystème de l'information depuis l'invention de l'imprimerie", lance à l'AFP le consultant David Caswell, ancien de Yahoo! et du BBC News Lab.

Les médias traditionnels sont percutés par les chatbots et les aperçus IA de Google, qui absorbent et recrachent leurs contenus sans que les internautes aient besoin de consulter les sites d'information, érodant leur trafic et donc leurs revenus publicitaires.

Parmi les réponses possibles, "devenir un produit de luxe à haute valeur ajoutée", comme The Economist ou le Financial Times, selon l'expert. Mettre en place des techniques de blocage pour empêcher l'aspiration des contenus. Attaquer les entreprises d'IA en justice. Ou signer des partenariats, comme l'ont fait le New York Times et Amazon ou Mistral et l'Agence France-Presse.

Où s'arrêtera le "slop" ?

Les contenus médiocres générés par l'IA, appelés "slop" (du mot anglais pour "bouillie"), vont-ils continuer à saturer les réseaux sociaux ?

Malgré les promesses grandioses de l'intelligence artificielle pour régler la question climatique ou améliorer la détection du cancer, sa principale manifestation au quotidien reste la prolifération d'images ou vidéos bas de gamme créées par des outils d'IA générative.

De l'ours qui fait du trampoline sur Instagram aux villes qui explosent sur TikTok, ces images fausses, souvent présentées comme vraies, alimentent confusion et désinformation.

Si les plateformes ont mis en place des mesures pour étiqueter les contenus produits par l'IA, les modérer et supprimer les spams, rien ne semble à même d'endiguer ce flux.

Avec AFP.