Le groupe La Poste repense ses usages, allonge la durée de vie de ses équipements et développe de nouveaux services circulaires pour ses clients comme pour ses propres activités.
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Gestion des ressources : le groupe La Poste structure sa démarche vers plus de sobriété

Dans un monde où chaque ressource compte, le groupe La Poste repense ses usages, allonge la durée de vie de ses équipements et développe de nouveaux services circulaires pour ses clients comme pour ses propres activités. Fer de lance de la décarbonation, le groupe veut aussi être pionnier dans la mesure de l’empreinte matière.

Face à la raréfaction des ressources et à l’urgence climatique, La Poste structure sa démarche pour piloter son empreinte matière au même titre que son empreinte carbone. Claire Baritaud, directrice politiques, expertise et programmation à la direction de l’engagement sociétal, et Fannie Derenchy, directrice ressources & économie circulaire du groupe La Poste, détaillent la stratégie du groupe et les outils qui permettront d’en mesurer les effets. 

Aujourd’hui, on parle beaucoup du climat, mais la question des ressources gagne en importance. Qu’en est-il pour le groupe La Poste ? 

Claire Baritaud : Le groupe La Poste intervient dans de nombreux secteurs : transport et logistique, banque-assurance, services numériques, services de proximité… Parmi ces activités, certaines ont un impact direct sur le climat, comme le transport, qui reste naturellement notre enjeu environnemental le plus critique. 

Mais avec la montée de l’e-commerce et, parallèlement, celle des modèles de seconde main, la question de l’économie circulaire prend aussi une importance croissante. Nous avons donc choisi d’intégrer cette dynamique au cœur même de notre modèle d’activité. 

Par ailleurs, La Poste, c’est plus de 226 000 collaborateurs, 40 000 points de service et une présence dans 50 pays : cette empreinte sociale s’accompagne logiquement d’une empreinte ressources. Même si nous sommes avant tout une entreprise de services, nos activités consomment des quantités significatives de matières. C’est pourquoi la gestion des ressources et l’économie circulaire constituent un enjeu environnemental majeur du groupe, comme le climat et la pollution de l’air. 

Fannie Derenchy : Cette orientation s’inscrit aussi dans la continuité de ce que nous faisions déjà. Depuis plusieurs années, nous suivons de près nos consommations et nos approvisionnements, avec l’idée de prolonger la durée de vie de nos équipements, de réemployer ou de valoriser nos déchets, et d’accompagner nos clients vers des modèles plus sobres. Sur ce dernier point, par exemple, cela fait presque 14 ans que nous avons lancé Recygo, notre offre de collecte et recyclage des déchets de bureau.  

Aujourd’hui, nous voulons aller plus loin et donner un vrai cadre à ces démarches, parce que les constats sont clairs : 7 des 9 limites planétaires sont franchies, et une part importante des émissions de gaz à effet de serre vient de la production et de la consommation des objets, bien au-delà de l’énergie ou du carburant. Les filières de gestion des déchets arrivent aussi à saturation, ce qui rend d’autant plus urgent de repenser la façon dont nous concevons, utilisons et faisons circuler les ressources. 

En quoi cette démarche complète-t-elle vos actions concernant le climat, la pollution de l’air et la biodiversité, et comment s’inscrit-elle dans la cohérence de votre démarche ESG ?  

Claire Baritaud : Travailler sur nos ressources entrantes et nos déchets a un impact direct sur nos émissions de gaz à effet de serre. Ça permet de suivre l’empreinte carbone de notre chaîne de valeur, depuis l’extraction des matières premières jusqu’aux services que nous fournissons, et ainsi de prendre en compte les limites planétaires, un aspect que notre politique climat ne couvrait pas totalement. 

Sur la biodiversité, les experts identifient cinq grandes pressions : celles sur lesquelles La Poste agit le plus concernent le réchauffement climatique et la pollution. Et finalement, les deux renvoient à la même question : l’usage des ressources. C’est pour ça qu’en intégrant la gestion des ressources et l’économie circulaire dans notre stratégie ESG, on crée un vrai fil conducteur entre nos politiques climat et pollution, biodiversité et ressources. 

En matière de sobriété et de numérique responsable, quelles initiatives clés mettez‑vous en place pour limiter l’impact de vos équipements numériques ? 

Fannie Derenchy : Au-delà du numérique au sens strict, le groupe La Poste gère plus de 700 000 équipements électriques et électroniques en France : ordinateurs, téléphones, serveurs, automates en bureau de poste... Nous avons intégré depuis longtemps des critères RSE dans nos appels d’offres, d’abord sur la consommation énergétique et les labels d’éco-conception, puis sur la durabilité des équipements, leur réparabilité et l’intégration de matières recyclées. Nous avons également développé des politiques d’allongement de la durée de vie : maintenance préventive, réparations sur site ou à distance, réutilisation de pièces pour limiter l’achat de neuf.  

L’autre grand axe, c’est la circularité des ressources. L’idée, c’est de faire durer les équipements le plus longtemps possible sur leur site d’origine, puis de les transférer vers d’autres établissements quand ils ne sont plus utilisés. Et quand ils ne trouvent plus preneur en interne, on leur donne une seconde vie à l’extérieur, à travers des dons ou des reventes, notamment avec des partenaires comme la Croix-Rouge ou des associations locales via nos délégations régionales. 

Et cela porte ses fruits : l’année dernière, nous avons économisé près de 10 000 tonnes de matières grâce à l’allongement de la durée de vie et au réemploi des équipements informatiques. 

On a parlé du numérique, mais plus largement, comment La Poste intègre-t-elle l’économie circulaire dans ses différentes activités ? 

Fannie Derenchy : Bien sûr, nous ne nous limitons pas au numérique ! Pour nos véhicules, nous avons développé des partenariats avec des garages et des prestataires de maintenance afin de privilégier la réparation avec des pièces détachées issues de notre propre flotte et que nous réutilisons. Nous limitons ainsi l’achat de pièces neuves et prolongeons leur durée de vie. 

De même, nous reconditionnons les vélos des facteurs. Ces opérations, réalisées par notre filiale d’insertion professionnelle Nouvelle Attitude, permettent de remettre en état les équipements pour les réutiliser en interne ou les vendre, tout en formant des personnes à un métier. 

Pour les vêtements professionnels, nous intégrons aussi depuis plusieurs années des critères environnementaux dès la conception et le choix des matériaux, afin d’allonger leur durée d’usage et d’en faciliter le recyclage. 

Ces démarches mobilisent de nombreux métiers au sein du groupe, des équipes achats aux utilisateurs finaux, et contribuent à renforcer l’éco-conception et la circularité dans l’ensemble de nos activités. 

Claire Baritaud : En bref, nous appliquons l’échelle des 5 R : repenser, refuser, réparer, réemployer et, en dernier recours, recycler. "Repenser" consiste à éco-concevoir les produits-matières, "refuser" permet d’éviter de consommer de la matière inutilement, tandis que "réparer" et "réemployer" prolongent directement la durée de vie des objets. Le recyclage, lui, intervient seulement quand les autres leviers ne sont plus possibles : il permet de récupérer des matières, mais avec une perte de valeur. Ensemble, ces leviers nous rendent plus sobres dans l’usage des ressources et contribuent à améliorer notre empreinte environnementale. 

Et côté clients, quels dispositifs ou services proposez-vous pour les aider à adopter des pratiques circulaires ? 

Fannie Derenchy : Nous les accompagnons dans leur transition et les sensibilisons à des pratiques circulaires. Nous proposons aussi des produits et services qui favorisent des usages plus responsables des ressources. Par exemple, parmi nos initiatives pour le grand public, on peut citer l’emballage colis réutilisable, que le destinataire peut utiliser une seconde fois au lieu d’en acheter un nouveau. Dans le même esprit, la filiale Recygo récupère au passage des facteurs les déchets et petits équipements de bureau au sein des entreprises pour les recycler en France, ou dans l’Union européenne. Depuis le 1er janvier 2025, le recyclage des vêtements professionnels est obligatoire. La Poste a créé, avec sa filiale Recygo, la première filière de collecte et de recyclage des vêtements professionnels, et c’est un nouveau service que nous proposons aux entreprises. 

Claire Baritaud : Il y a aussi l’exemple de Colissimo, qui travaille avec ses clients e-commerçants sur leurs emballages de transport et de livraison. Les colis à distribuer peuvent arriver dans nos plateformes dans de grands contenants en carton. Plutôt que de jeter ces contenants, nous les reconditionnons et les découpons pour créer de nouveaux emballages, qui peuvent être utilisés par d’autres clients e-commerçants. Ce ne sont là que quelques exemples parmi les nombreuses actions d’éco-conception et expérimentations menées par les équipes et leurs partenaires externes. Elles permettent déjà d’économiser plusieurs centaines de tonnes de matière chaque année. 

Enfin, pouvez-vous expliquer le rôle de La Poste dans le Global Circularity Protocol et ce que ce protocole met en place ? 

Fannie Derenchy : Le Global Circularity Protocol est un nouveau standard international qui permet de piloter la circularité en entreprise, en cohérence avec les limites planétaires. La Poste fait partie des six entreprises qui ont testé ce protocole pour s’assurer qu’il soit clair, applicable et réaliste. Cela nous permet de mieux suivre nos progrès et de contribuer à l’élaboration de standards applicables à l’échelle mondiale. La première version a été révélée pendant la COP30, avec la Frontrunner Coalition, un collectif de plus de 35 entreprises qui se sont engagées à appliquer et promouvoir ces standards, et dont le groupe La Poste est co-signataire. 

Claire Baritaud : La Poste a aussi été la première entreprise à signer l’appel à actions de l’International Resource Panel, affilié à l’ONU. Cela vise à inciter toutes les institutions à définir des cibles à atteindre en termes de consommation de ressources. C’est essentiel pour que la transition vers un modèle durable, rentable et responsable fonctionne réellement. 

En partenariat avec La Poste.