Cette annonce de l’enseigne vient supplanter la précédente précisant déjà la réduction de 20% de la facture entre 2017 et 2021, et ainsi renforcer la stratégie de sobriété énergétique mise en place depuis plusieurs années.
Alors que le prix de l’électricité s’envole, la Première ministre, Élisabeth Borne, a demandé un plan de sobriété aux entreprises fin août, en vue de possibles rationnements cet hiver. Pour toutes les industries, les économies sont une affaire de survie. La marque de grande distribution Lidl propose un vaste plan d’actions permettant de baisser sa consommation d’énergie de 10 % supplémentaires d’ici la fin de l’année 2023. Rencontre avec Romain Recq, responsable du service HSQE (Hygiène Sécurité Qualité Environnement) de Lidl qui donne les bonnes pratiques pour réduire sa note d'électricité.
Tout le pays s’engage dans une période de forte tension concernant les ressources énergétiques, et plus particulièrement celles de l'électricité. Les prix flambent et le gouvernement évoque des mesures de délestage pour les entreprises dans les mois à venir. Comment, en tant qu’acteur majeur de la grande distribution en France, vous inscrivez-vous dans ce contexte ? Quelle est votre responsabilité ?
Aujourd’hui, nous sommes soumis à des risques de coupures de courant en raison notamment du programme de maintenance des centrales nucléaires, en plus du contexte ukrainien. Cet engagement de 10% supplémentaires de réduction de notre consommation énergétique doit contribuer à l’effort collectif nécessaire afin que l’on évite ces coupures de courant nationales, d’ores et déjà envisagées, dans les prochains mois.
Chez Lidl, nous n’avons pas attendu le plan de sobriété énergétique demandé par le gouvernement pour faire notre transition énergétique. Elle fait partie intégrante de l’ADN de Lidl qui place l’efficacité, au sens large terme, comme valeur fondamentale de l’entreprise. La particularité de Lidl, c’est que l'enseigne n’est pas cotée en bourse et que nous sommes propriétaires-exploitants de 90% de nos sites. Cela implique une grande liberté dans la gestion de nos systèmes de production et de distribution avec une vision sur le long terme, pour assurer la pérennité de notre modèle économique et de nos points de vente. Nous avons donc la possibilité d’investir sur des projets avec des retours sur investissement à dix ans, ce qui nous laisse l’opportunité d’être des précurseurs. Par exemple, nous n’avons pas attendu que soit réglementaire l'installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures de nos nouveaux supermarchés pour prendre ce sujet à bras le corps (aujourd’hui obligatoire à hauteur de 30% de la surface totale depuis la Loi Énergie Climat). Et nous sommes aujourd’hui très satisfaits de l’avoir fait au vu du prix de l'électricité qui a réduit fortement le temps de retour sur investissement.
Au-delà de l’impact positif sur l’environnement, nous avons compris depuis longtemps les nombreux atouts économiques d’une telle démarche. Par exemple, en sachant qu’un éclairage à la technologie LED est 80% plus efficace qu’un néon, nous en avons déployé dans 98% des supermarchés (les 2% restants étant des sites sur lesquels des projets immobiliers seront mis en place à court terme). De la même manière, installer des portes vitrées sur les meubles frais permet, en moyenne, de réduire de 10% la consommation globale du site. Ces actions nous permettent de faire baisser nos factures et d'accélérer la rentabilité des investissements.
Quelles mesures phares allez-vous déployer les prochains mois pour atteindre l'objectif de 10% de réduction supplémentaire de votre consommation énergétique actuelle ?
La principale mesure concerne la réduction de 1 à 2 degrés des températures de consigne (la température à partir de laquelle le chauffage se met en route) sur l'ensemble du périmètre Lidl France (c'est-à-dire dans les surfaces de vente, mais aussi dans les centres logistiques et aux sièges).
Une autre mesure concerne la mise en place d’une réduction de l’intensité lumineuse en zone commerciale pendant les heures d’ouverture du supermarché. Nous étions déjà sur ce modèle avant et après l’ouverture commerciale, avec seulement un tiers de l’éclairage allumé dans nos 1600 supermarchés de France. Désormais, cette mesure est applicable à l’ensemble du secteur de la grande distribution. Ce consensus de la part de tous les acteurs permet, d’une certaine manière, de lever les freins psychologiques des clients concernant l’éclairage.
Enfin, une dernière mesure concerne l'extinction des enseignes lumineuses, directement après la fermeture (auparavant, nous laissions l’éclairage allumé une heure après la fermeture). Cette modification est minime en termes de consommation mais c’est un symbole fort.
Comment alors prioriser vos actions dans ce vaste plan ? Par exemple, le chauffage et la climatisation sont parmi les deux postes de consommation les plus importants. Ils représentent plus de la moitié de la consommation totale dans le tertiaire, selon un rapport de l’ADEME.
Ce chiffre est correct à l'échelle moyenne de l’ensemble du secteur tertiaire. Mais, il existe une particularité dans celui plus spécifique du commerce : notre poste de consommation le plus important est la production de froid , qui représente 44% en moyenne du montant total de la facture. Viennent ensuite effectivement le chauffage et la ventilation à hauteur de 20%, puis l’éclairage entre 15 et 20% également.
Bien que le froid soit notre poste de consommation le plus important, nous sommes obligés d’en produire, pour respecter la chaîne du froid et donc, pour assurer la sécurité alimentaire de nos clients. Pour transformer les processus, il n'existe pour le moment pas d’actions simples. Cela implique une réflexion plus complexe, plus coûteuse et nécessitant plus d'ouvrages. Concrètement, nous travaillons déjà avec nos fournisseurs pour référencer de nouveaux meubles moins énergivores, qui respectent néanmoins les normes de sécurité et assurent de bonnes conditions de travail. Aussi, en connaissant bien nos systèmes, nous sommes capables d’utiliser à bon escient nos ratios de consommation. Par exemple, nous savons que la production de froid a un impact direct sur le chauffage et la climatisation. Les meubles surgelés émettent de la chaleur pour produire du froid. En hiver, ils sont donc intéressants pour réduire le chauffage. En été, en revanche, ils ont un impact négatif sur la consommation de climatisation. C’est donc une recherche perpétuelle d’équilibre en fonction des saisons et donc des températures extérieures.
Point important : nous sommes capables de chiffrer toutes nos actions. En effet, nos derniers supermarchés sont équipés de GTB (gestion technique du bâtiment), ce qui nous permet de piloter à distance et en temps réel les consommations énergétiques de chaque supermarché.
Les meubles surgelés émettent de la chaleur pour produire du froid. En hiver, ils sont donc intéressants pour réduire le chauffage. En été, en revanche, ils ont un impact négatif sur la consommation de climatisation. C’est donc une recherche perpétuelle d’équilibre en fonction des saisons et donc des températures extérieures.
Comment responsabilisez-vous vos collaborateurs ? Menez-vous des campagnes ou des formations en interne ?
Depuis 2017, nous sommes certifiés ISO 50 001 (une norme internationale relative au management de l'énergie), pour l’ensemble de nos sites. Cela implique, au-delà de mettre en place une politique énergétique, de former l’ensemble de nos collaborateurs à celle-ci. Ainsi, plus de 90% de nos salariés en supermarchés et en plateforme logistique ont été formés aux éco-gestes à adopter pour limiter la consommation d’énergie.
En plus de cela, nous avons décidé d’organiser fin novembre une semaine sur la sobriété énergétique à destination de tous nos collaborateurs : l’occasion de faire quelques rappels, d’expliquer les nouveaux dispositifs et ceux à venir. Tous nos sites en France ont été concernés et nous laissons dorénavant les directions régionales se charger de l’application et du suivi opérationnel sur le territoire. Nos équipes techniques sur place nous permettent d’avoir un regard “terrain” et d’apporter des observations constructives pour s’adapter au mieux aux spécificités de chaque site. C’est donc ce travail d’équipe au quotidien qui permet la mise en place de dispositifs ambitieux pour Lidl France.
En partenariat avec Lidl.
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