©Philippe Roy / Aurimages via AFP
Entreprises

En Bretagne, des éleveurs laitiers travaillent moins, vivent mieux et œuvrent pour le climat

Travailler moins et vivre mieux tout en œuvrant pour le climat : c'est le pari réussi de jeunes éleveurs laitiers bretons, soucieux d'inciter d'autres jeunes à s'installer en reprenant les nombreuses fermes disponibles dans les années à venir.  

Leur maître-mot, l'autonomie. "Plutôt que d'agrandir, robotiser et maintenir les animaux en bâtiment, nous élevons nos vaches en plein air et nous les nourrissons exclusivement à l'herbe", résume Maud Cloarec, éleveuse au Haut-Corlay, à trente-cinq km de Saint-Brieuc, avec une cinquantaine de vaches laitières sur 70 ha. "En France, la vache ne mange en moyenne que 15 % d'herbe. Le reste, c'est du soja, des céréales et du maïs, alors qu'avec leurs quatre estomacs, les vaches sont faites pour manger de l'herbe ! Résultat : elles sont en maladie chronique car leur régime n'est pas adapté", développe la trentenaire.

Pas d'intrants, pesticides, engrais, aliments."

La liste est longue des bienfaits qu'elle attribue à l'herbe : "On n'achète pas d'intrants, pesticides, engrais, aliments". Ces derniers représentent des coûts très élevés et non maitrisables pour les éleveurs conventionnels, qui manifestent nombreux ces dernières semaines contre la flambée des matières premières qui entrent dans la composition de l'aliment pour bétail.

Ni soja, ni maïs

Un éleveur classique donne à ses bêtes du maïs qu'il cultive, et "achète du soja importé pour compléter la ration", importations à l'origine de déforestations, en particulier en Amérique latine, rappelle Maud Cloarec. De plus, une vache à l'herbe vit plus longtemps que soumise au régime maïs-soja, selon elle.

L'éleveur à l'herbe fait aussi des économies en frais de vétérinaire, car ses vaches sont moins malades, et en énergie : "comme nos prairies sont permanentes, ça réduit de 80 % nos charges en carburant (pour les tracteurs, ndlr), en eau, en électricité" par rapport au conventionnel, complète Ronan Guernion, installé sur 58 ha avec une cinquantaine de laitières à Tonquédec, près de Lannion (Côtes d'Armor). Mais les avantages vont encore plus loin : selon l'institut de l'élevage, affirment-ils, ce "système herbager (...) réduit de 75 % les gaz à effet de serre". De plus, comme les vaches restent dehors la plus grande partie de l'année, il faut qu'elles y soient bien : d'où l'attention portée au bocage, avec des haies pour les couper du vent, des arbres pour leur donner de l'ombre, souligne Franck Le Breton, installé avec Maud Cloarec. Or, prairies et bocage sont "un point chaud de la biodiversité". "Les jeunes qui veulent s'engager pour le climat devraient devenir paysans avec nous !", s'enthousiasme Maud Cloarec.

Revenu doublé "pour un temps de travail divisé par deux"

Financièrement, malgré des volumes de lait moindres compensés par une production bio pour la majorité d'entre eux, ça marche aussi : "la surprise a été de voir le revenu doubler pour un temps de travail divisé par deux", témoigne, dans un livre "mode d'emploi" écrit par ce collectif de jeunes éleveurs, Jean-Yves Penn, installé à Ploërdut (Morbihan), passé à l'herbe il y a une vingtaine d'années.

Trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une denrée rare en élevage, figure aussi parmi leurs priorités. Ils ont mis au point un mode d'organisation qui se traduit par "35 heures annualisées" en fonction des saisons. "Nous, on ne s'occupe que de notre troupeau. Ce n'est rien par rapport au travail d'un éleveur conventionnel", relève Maud Cloarec. "On s'inquiète de ne pas voir assez de jeunes s'installer mais on est victime d'une communication plaintive : travailler 365 jours par an, sept jours sur sept, pour 400 euros par mois et, à la fin, on se suicide ! Cela ne donne pas envie", relève Franck Le Breton, au moment où la chambre d'agriculture de Bretagne s'inquiète du manque de successeurs au nombre important de prochains départs à la retraite.

D'où l'idée du livre, publié au Cedapa (Centre d'études pour un développement agricole plus autonome), pour faire connaître leur démarche : "On veut faire comprendre comment ça marche, y compris à ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole, et leur montrer qu'il y a une place pour tous". Pour Maud Cloarec, l'objectif est clair : "A nous de leur donner envie !".

Avec AFP. 

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