Le lobby automobile a qualifié mercredi d'"inatteignables" les objectifs de ventes de voitures électriques en Europe.
©Rathaphon Nanthapreecha/Pexels
Entreprises

Automobile: un marché 100% électrique en 2035 est "inatteignable"

Le lobby automobile a qualifié mercredi d'"inatteignables" les objectifs de ventes de voitures électriques en Europe, à quelques jours de l'ouverture de négociations avec la Commission européenne.

"Les objectifs rigides prévus pour les émissions de CO2 des voitures et camionnettes en 2030 et 2035 sont, dans le monde d'aujourd'hui, tout simplement inatteignables", déclarent dans une lettre commune l'Association européenne des constructeurs (ACEA) et celle des équipementiers (Clepa).

"Le parcours actuel de réduction des émissions de CO2 dans le transport routier doit être recalibré pour répondre aux objectifs climatiques de l'UE tout en préservant également la compétitivité industrielle de l'Europe, la cohésion sociale et la résilience stratégique de ses chaînes d'approvisionnement", estiment l'ACEA et le Clepa.

Les constructeurs et équipementiers ne demandent pas explicitement le report de l'interdiction de la vente des véhicules à essence en 2035, et concèdent que "les véhicules électriques seront en tête de course".

Mais ils demandent que les normes soient révisées pour y inclure les voitures hybrides, les modèles à prolongateur d'autonomie (un moteur à essence qui recharge une batterie), les moteurs à essence "hautement efficaces", ainsi que les carburants synthétiques, encore en cours de développement.

La "dernière chance" pour l'UE

"C'est la dernière chance pour l'Union européenne d'ajuster ses politiques aux réalités actuelles du marché, géopolitiques et économiques, ou de risquer de compromettre l'une de ses industries les plus prospères et compétitives à l'échelle mondiale", écrivent les deux groupes.

Le lobby automobile maintient la pression sur la Commission européenne après avoir obtenu au printemps un premier assouplissement des règles imposées aux constructeurs en matière d'émissions de CO2, afin de leur éviter des amendes en 2025.

Depuis les élections européennes de juin 2024, marquées par une progression de l'extrême droite et un recul des Verts, des mesures climatiques prises lors de la mandature précédente sont peu à peu remises en cause, au nom de la compétitivité.

Diane Strauss, la directrice du groupe de réflexion T&E France, qui plaide pour une électrification de l'automobile, a averti mercredi que "si la Commission européenne cède aux constructeurs (...), l'Europe prendra encore plus de retard dans l'une des technologies les plus importantes du XXIe siècle".

"Nous avons besoin d'une industrie automobile européenne qui soit à la pointe de l'électrification, pas d’une industrie qui, à force d’hésitations, conduise l’Europe à devenir un musée poussiéreux de l’histoire industrielle", a lancé Diane Strauss dans un communiqué.

Avec AFP.