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"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" - y compris dans l’industrie, selon Hubcycle – une plateforme qui permet de valoriser les déchets organiques de certains industriels de l’agroalimentaire en ingrédients de qualité pour d’autres industries. Dans le catalogue de la jeune pousse, on retrouve ainsi des épices, comme de la coriandre, mais aussi des jus concentrés ou encore des arômes naturels, comme de la vanille.
L’idée de cette solution anti-gaspi est née dans la tête du fondateur, Julien Lesage, en 2016. Ingénieur R&D pour les industries agroalimentaires, cosmétiques et parfumerie, il prend conscience à cette époque du potentiel inexploité des "co-produits". Autrement dit, les substances obtenues lors de la fabrication d’un produit principal qui peuvent être valorisées pour limiter la quantité de déchets et ainsi réduire le gaspillage.
Limiter le gaspillage dans les usines
"J’ai réalisé que nos propres déchets contenaient des molécules qui répondaient à nos problématiques”, précise le fondateur.
Après ce déclic, le jeune ingénieur fait le tour des usines en France pendant deux ans afin de cartographier toutes les typologies de co-produits générés par les industries.
"Si on prend l’exemple de la production d’un jus d’orange, la peau du fruit, une fois pelée, va être un premier co-produit", explique Julien Lesage, avant d’ajouter : "Le pressage de la pulpe, un second. L'eau évaporée, un troisième. Si celui-ci est filtré, le filtrat pourra être un quatrième co-produit."
Selon le réseau pour la sécurité et la qualité des denrées animales, le nombre de coproduits générés en 2017 par les industries agroalimentaires françaises s’élevait à 12,1 millions de tonnes de matière sèche. Une mine d’or encore largement sous-évaluée par les industriels, notamment sur le plan environnemental.
Lorsque nous visitons des usines, nous remarquons très souvent qu'ils n’ont pas conscience qu’ils détiennent des co-produits et qu’ils ont une valeur ajoutée. Nous venons corriger cela”, souligne l’entrepreneur.
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Changer les regards et les mentalités
Avec 400 tonnes de ressources valorisées en 2024 et 1 500 tonnes depuis 2022, Hubcycle suscite aujourd’hui de plus en plus l'intérêt des PME de l’agroalimentaire françaises comme étrangères. 30 % du chiffre d’affaires est notamment réalisé à l’international. En 2024, celui-ci atteint ainsi à 4,5 millions d’euros.
Si Julien Lesage assure que l’activité de l’entreprise croit d’année en année, il ne cache pas non plus que quelques freins restent encore à lever. "Il y a parfois des a priori autour du gaspillage. Les co-produits peuvent assez vite être assimilés à des déchets. C’est à nous de faire nos preuves pour démontrer le contraire", poursuit le fondateur.
Autre obstacle selon lui : l'absence de dispositifs pour inciter les industriels à se tourner davantage vers des alternatives durables. Pour pallier ce manque, l’entrepreneur plaide notamment pour la création d’un cadre réglementaire.
"L'idée serait de viser ceux qui achètent plutôt que ceux qui produisent, car ce serait faire preuve d’un manque de compréhension du marché", relève-t-il.
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