"La Commission européenne a adopté un nouvel ensemble de propositions visant à simplifier les règles de l'UE, à stimuler la compétitivité et à libérer des capacités d'investissement supplémentaires", peut-on lire sur le site officiel de la Commission européenne.
Aussi appelé directive Omnibus, ce nouveau paquet de propositions vise tout particulièrement les obligations des entreprises européennes en matière de durabilité. Si elle est présentée comme une mesure de simplification favorisant la compétitivité européenne, cette décision est parfois perçue comme un "détricotage" d’un des textes phares du Green Deal.
Des entreprises généralement satisfaites
Malgré la position de la Commission, certaines entreprises se sont engagées à maintenir la publication de leurs résultats extra-financiers dès 2025, comme convenu par la Directive sur les rapports de développement durable des entreprises (CSRD).
Face à ces décisions, l’association #WeAreEurope a lancé une vaste enquête en partenariat avec HEC auprès des entreprises concernées afin de récolter leurs visions et leurs préoccupations concernant cette directive et sa potentielle "simplification".
Les résultats, publiés le 19 mai, mettent en avant la satisfaction des entreprises vis-à-vis de la CSRD. En effet, seules 17 % d’entre elles se déclarent insatisfaites, alors qu’elles sont 61 % à expliquer en être "plutôt satisfaites" ou "très satisfaites".
Questionnées sur leur perception de la directive Omnibus, un quart des entreprises se sont déclarées satisfaites par la mesure, alors que 51 % d’entre elles ont exprimé leur désaccord. Parmi celles qui se sont précédemment déclarées insatisfaites de la CSRD, elles ne sont que 39 % à être au contraire satisfaites par l’Omnibus.
Un outil de "stratégie géopolitique"
Basée sur les réponses de 1 062 entreprises provenant de 26 pays de l’Union européenne, l’enquête s’attarde aussi sur les forces et les faiblesses de la CSRD. La majorité des répondants ont notamment reconnu son intérêt pour améliorer la transparence des résultats extra-financiers des entreprises et la possibilité de les comparer.
Elle souligne également que "90 % des interrogées ont reconnu sa pertinence (concernant) la souveraineté et l'influence économique – un argument rarement discuté et pourtant puissant en faveur du leadership européen".
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Concernant les critiques de la CSRD, l’enquête relève "des orientations techniques insuffisantes, un manque de proportionnalité pour les petites entreprises et la nature coûteuse et chronophage" des obligations de reporting.
La crainte que la CSRD n'entraîne un désavantage concurrentiel pour les entreprises de l'UE a toutefois été la faiblesse la moins citée, avec seulement 37 % des entreprises exprimant cette peur, "remettant en cause un argument couramment entendu".
L'Allemagne et la France favorables
Des dynamiques locales se dessinent également. Les entreprises issues des pays d’Europe de l’Est ont tendance à se montrer préoccupées par la CSRD et les obligations qui en découlent, tandis que les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest y sont généralement favorables.
Enfin, l’étude dévoile des résultats détaillés pour les cas de la France et de l’Allemagne. Sur les 534 entreprises françaises ayant participé à l’enquête, elles ne sont que 16 % à exprimer leur insatisfaction vis-à-vis de la CSRD. En Allemagne, pour laquelle 167 entreprises ont répondu, elles sont 21 % à se déclarer insatisfaites.
Pour #WeAreEurope, ces résultats "contrastent fortement avec les récents récits politiques rapportés en Allemagne selon lesquels les entreprises allemandes ne sont pas prêtes ou désireuses d'adopter les rapports ESG".