Chez osapiens, constatez-vous que les entreprises ont lancé une réflexion sur leur modèle de développement dans le sillage des nouvelles réglementations en matière de durabilité ?
L’émergence de réglementations encadrant les pratiques des entreprises en matière de RSE, la directive CSRD, mais aussi la taxonomie européenne par exemple, a lancé une vague d’introspection au sein de beaucoup d’entre elles. Beaucoup de modèles d’affaires sont ainsi redéfinis, des modes de facturation à l’usage plutôt qu’à l’achat sont imaginés, certaines productions sont mêmes arrêtées. Ces réglementations ont en effet mis en exergue plusieurs enjeux : la traçabilité des chaînes de production, les émissions carbone propres à chaque produit, la pérennité des sources d’énergie essentiellement fossiles, la disponibilité des ressources en eau face au phénomène de stress hydrique dans certaines régions… Dans ce contexte, les entreprises sont attentives à avoir accès à des données afin d’évaluer ces enjeux, car on ne peut améliorer que ce que l’on peut mesurer.
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Dans ce cadre, ces réflexions portent-elles plutôt sur leur besoin de mise en conformité avec des normes réglementaires ou sur des opportunités de développement sur de nouvelles offres, de nouveaux marchés ?
Pour les entreprises la mise en conformité avec de nouvelles normes réglementaires est d’abord une obligation et elle a nécessairement un coût. Aussi, elles doivent imaginer comment ces coûts supplémentaires pourront être compensés par de nouveaux revenus. Leurs réflexions portent ainsi sur le potentiel de rentabilisation des efforts d’ajustement des modes de production qui leur sont demandés. L’application de la CSRD nécessite l’analyse de centaines de données et la mise en place de nouveaux plans d’actions. La meilleure traçabilité de leurs productions ou la réduction de leurs émissions carbone pourront être d’efficaces arguments marketing, de bons vecteurs d’amélioration de leur image de marque. Mais plus structurellement, la compétitivité des entreprises sera liée à leur performance environnementale. Les entreprises aux modèles les plus consommateurs de ressources liés aux limites planétaires seront les moins compétitives et in fine les plus fragiles. Développer de nouvelles offres, de nouvelles façons de faire deviendra une question de survie à moyen-long terme.
Nous sommes dans une période de transition et désormais, de plus en plus souvent, même si un responsable n’a pas été désigné, ces enjeux sont intégrés progressivement dans tous les métiers, dans tous les pans d’activité d’une entreprise."
Quels sont les profils des entreprises les plus avancées dans ces travaux ? Et comment ont évolué leur gouvernance en conséquence ?
Tout d’abord, nous constatons que beaucoup d’entreprises ne souhaitent plus revenir en arrière, ne remettent pas en cause les évolutions réglementaires. Mais au sein des grands groupes comme des PME, certaines opèrent leur mutation, quand d’autres ne souhaitent pas évoluer. Parmi les acteurs les plus engagés, on trouve des grandes entreprises capables de mobiliser des moyens importants, mais aussi des PME ou ETI extrêmement innovantes. En matière de gouvernance cependant, les ressources que les grandes entreprises sont capables d’allouer font la différence. Des directions dédiées au développement durable, à l’environnement ont été créées, même si elles ont plus ou moins de pouvoir. Les PME sont objectivement moins avancées, même si elles évoluent dans ce sens aussi. Et surtout, nous sommes dans une période de transition et désormais, de plus en plus souvent, même si un responsable n’a pas été désigné, ces enjeux sont intégrés progressivement dans tous les métiers, dans tous les pans d’activité d’une entreprise.
La réorientation d'un modèle de développement nécessite pour les entreprises des investissements. Quelles peuvent être leurs sources de financement ?
La bonne nouvelle est que beaucoup d’investisseurs, de fonds, de banques sont à la recherche de projets "verts" à financer. La taxonomie, la mise en œuvre de stratégies d’investissement durables parmi les investisseurs institutionnels ont pour conséquence que des capitaux doivent être alloués aux entreprises cherchant à financer la réorientation de leur activité vers des modèles prenant en compte la transition environnementale et énergétique. Les projets "verts" trouvent ainsi un bon écho auprès des financeurs.
Enfin, quel est, dans ce contexte, le rôle d'osapiens auprès des entreprises ?
Les entreprises doivent faire face à une multitude de données non-consolidées. Aussi, osapiens les aide à collecter les informations et à les organiser afin d’en simplifier l’utilisation. La mise en conformité n’est pas une fin en soi. Nous cherchons à automatiser les flux pour permettre aux utilisateurs de ces données de se focaliser sur leur réflexion stratégique. Les démarches de durabilité doivent être réconciliées avec les objectifs d’efficacité opérationnelle. Concernant les chaînes de valeur, l’objectif peut être, par exemple, de diversifier les fournisseurs afin de réduire les dépendances. Les dirigeants d’entreprises sont très attentifs à identifier les faiblesses, afin de rendre les chaînes de valeur plus résilientes.
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