Vers un engagement des éditeurs pour des livres durables ?
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Culture

Pour le WWF, l'édition jeunesse néglige son impact sur les forêts

Approvisionnement, conception, recyclage... Les éditeurs français négligent encore trop souvent l'impact de leur activité Jeunesse sur les forêts, selon un rapport du WWF France, qui relève un manque de transparence et d'engagement.

Le secteur Jeunesse est "à risque" car une grande partie des impressions sont effectuées en Asie, notamment en Chine, en Malaisie, à Singapour, note l'ONG.

Face à l'absence de réponses des éditeurs contactés (2 réponses obtenues sur 168 sollicitations en 2015, 1 sur 60 en 2017), le WWF a fait analyser un échantillon de 164 livres, imagiers, pop-up et livres animés, catégories très concernées par les impressions asiatiques.Parmi les conclusions du rapport, pour plus de 90% des titres, la qualité du papier et des encres est inconnue, et l'incitation au recyclage absente.

Dans 63% des cas, les imprimeurs sont soit inconnus, soit sans certification (ISO, FSC), et seuls 43% des livres étudiés satisfont à l'obligation légale d'indiquer le nom de l'imprimeur (en plus du pays d'impression).

Le WWF a également fait analyser le papier de 60 titres issus de huit maisons d'édition (Auzou, Fleurus, Gallimard Jeunesse, Hachette Jeunesse, Milan, Nathan, Pi.kids, Piccolia).

L'analyse n'a pas détecté de fibres d'arbres à bois durs tropicaux, ce qui exclut, pour ces 60 livres, tout lien direct avec la déforestation en cours et l'exploitation des forêts primaires tropicales.

Des plantations industrielles en ligne de mire

Mais "elle a montré qu'une part significative des fibres provient de plantations industrielles. Or ces plantations, généralement installées après déforestation de forêt primaires tropicales, peuvent représenter des menaces pour l'environnement (utilisation massive d'intrants, monocultures, destruction de biodiversité etc.)", note l'organisation écologiste.

Seul Nathan a engagé une démarche de certification FSC, note encore le WWF, qui ajoute que de nombreux éditeurs allemands, suisses, anglais ou américains sont bien plus vertueux (par exemple, objectif 100% de papier recyclé ou FSC chez Random House).

Les groupes français ont toutes les solutions disponibles pour sélectionner les papiers recyclés ou écocertifiés, démontrer publiquement qu'ils préviennent les risques et faire la transparence sur leurs pratiques", estime Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

"Même s'il existe des éditeurs engagés", note le rapport, "le lecteur est otage des choix des groupes et est souvent très peu informé".

Dernier exemple, le sujet du recyclage du livre en fin de vie reste "tabou" dans l'édition, et, par manque d'informations transmises par l'éditeur, beaucoup de livres continuent d'être jetés.

Avec AFP.