19 films en sélection officielle, mais aucun sur la cause environnementale. Ce manque à l’appel reflète possiblement le manque d’engagement écologique du Festival de Cannes, pointé du doigt chaque printemps. Et pire qu’un manque d’engagement, l’impact conséquent de cet événement a été souligné à plusieurs reprises. Pourtant, depuis trois ans, ce dernier tente de redorer son blason.
"Depuis 2021, le Festival s’est engagé dans une démarche environnementale globale, volontariste et pragmatique," est-il précisé dans une rubrique du site Internet de l’événement. Et pour définir ses actions, l’événement a choisi de suivre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.
38 000 tonnes de CO2 émises par l’édition 2023
Le Festival s'est donc engagé à mieux gérer ses déchets, maîtriser sa pollution, sa consommation d’énergie, des ressources naturelles, à réaliser des achats responsables, etc. Au total, l'événement estimait son empreinte carbone à 38 000 tonnes de CO2 en 2023. Un chiffre à la baisse, puisqu’en 2019, 49 000 tonnes avaient été comptées.
Pour baisser ces émissions de gaz à effet de serre, plusieurs actions ont été mises en place par l’organisation du Festival. Arrêt de la distribution de bouteilles en plastique, diminution de la fréquence de changement du tapis rouge, ou encore goodies désormais fabriqués en Europe sont à présent au programme. Le Festival finance également des actions favorables à l’environnement. Parmi elles, on retrouve par exemple un projet de lutte contre la précarité énergétique dans les quartiers de Marseille. Des projets internationaux sont également soutenus, notamment au Mozambique ou au Mali. 2 200 000 euros ont été récoltés par le Festival pour tous ces projets.
Les pratiques trompeuses du Festival
Mais en mai 2023, le média d’investigation Disclose a publié une enquête, décernant au Festival "la palme d’or du greenwashing." Pour répondre à ses objectifs de réduction CO2, le Festival aurait surestimé la compensation carbone liée à certains projets qu’elle finance, notamment le projet Kariba. Cette information a été révélée en janvier 2023 par le média néerlandais Follow the Money. Le projet Kariba devait permettre de compenser 42 millions de tonnes de CO2 annoncées. En réalité la déforestation liée au projet aurait généré 15 millions de tonnes de CO2, selon des estimations internes à South Pole, soit trois fois moins que ce que prétendaient les consultants, relaye Disclose. South Pole est un cabinet suisse spécialisé dans la vente de crédits carbone aux entreprises, qui travaille avec le Festival de Cannes.
Disclose rappelle également que 80 % des émissions de CO2 liées au festival "sont causées non par les fibres du tapis rouge mais par les déplacements des stars en avion, leur séjour sur des yachts amarrés dans la baie ainsi que l’hébergement du public." Au cours de l’édition 2023 du Festival de Cannes, le collectif Extinction Rebellion avait introduit des voitures télécommandées équipées de fumigènes, pour empêcher le décollage d’un jet privé.
En plein #FestivaldeCannes2023, les activistes de #ExtinctionRebellion @AnvCop21 @attac_fr ont introduit sur le tarmac de l'aéroport de #Cannes-Mandelieu des voitures télécommandées munies de fumigènes barrant ainsi la route à un jet privé s'apprêtant à décoller 🛬#Cannes2023 pic.twitter.com/7T9RISbtfw
— Extinction Rebellion France 🐝🌺 (@xrFrance) May 20, 2023
Du 1er au 4 juin, à Cannes, se tiendra la troisième édition du Festival International du Film Ecologique et Social, à Cannes également. Celui-ci met en lumière des initiatives écologiques et sociales, à travers le cinéma.