©DENIS CHARLET / AFP
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Un atelier éphémère à Lille pour "offrir des masques aux habitants"

Alignés dans le hall majestueux de la mairie de Lille, des dizaines de bénévoles inspectent leurs "kits de couture", démarrant ou réglant leurs machines. Depuis lundi, la salle du conseil municipal s'est transformée en atelier éphémère, fabriquant des milliers de masques "à destination des habitants".

"Je prépare mes élastiques: deux pour les oreilles, un pour le nez. Je les positionne à l'aide du gabarit. Et je pense au point d'arrêt !", énonce dès 9h, sur l'écran géant du "Grand Carré" de l'hôtel de ville, une couturière professionnelle. Debout et concentrées, de nombreuses novices observent le tutoriel avec attention, les habituées n'écoutant que d'une oreille.

Sur chaque table, espacées de deux mètres, la mairie a disposé des "kits prêts à assembler": des carrés de tissu filtrant blanc ou rouge à motifs, des élastiques, du fil, un gabarit et une notice permettant à chacun de confectionner cinq masques "Garridou", un modèle développé et utilisé par le CHU de Lille. "Si vous allez vite, n'hésitez pas à en demander d'autres !", sourit Floriane Gabriels, directrice adjointe du pôle animation de la ville.

Lancé en début de semaine, l'atelier accueille "environ 70 couturières - et quelques rares couturiers - par demi-journée, certains venant toute la journée". Professionnels, étudiants ou amateurs, "les bénévoles s'inscrivent avec pour seule condition d'apporter leur machine à coudre", explique Mme Gabriels à l'AFP. "Le premier jour, la plupart étaient non formés mais les gens reviennent et progressent !", se réjouit-elle, ravie que l'objectif initial de 1.500 masques par semaine soit déjà dépassé. Prévu pour fonctionner "au minimum jusqu'au 11 mai", l'atelier "a les capacités d'en confectionner 10.000". Soit "une goutte d'eau dans l'océan du besoin", mais "importante tout de même".

Car, en vue du déconfinement, la ville entend "offrir à chacun des 238.000 habitants de Lille, Lomme et Hellemmes un masque en tissu réutilisable", via cette "production locale" mais aussi via des commandes auprès de couturiers, associations, entreprises locales, françaises et européennes, rappelle à l'AFP Martine Aubry.

"Oublier un peu l'argent" 

Pour la maire PS, l'initiative "permet de relancer le local et de faire fonctionner la solidarité". Destinés au grand public, les masques pourront être redirigés" vers les hospitaliers lillois, personnels des Ehpad ou agents municipaux exposés "s'ils avaient des problèmes d'approvisionnement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", assure-t-elle.

Testé par la direction générale de l'armement, le masque "Garridou" est "extrêmement filtrant" et lavable 20 fois. S'il a toutefois été jugé "moins respirant et confortable que d'autres", une "version 2", actuellement en cours d'homologation, doit prendre le relais prochainement. La mairie achète les tissus à l'entreprise Lemahieu et reçoit gracieusement des élastiques et fils envoyés par Leroy Merlin ou la SAS Brunel. L'entreprise Doublet s'occupe, elle, de la découpe.

Relevant sa frange rousse, Claire Browet, habilleuse au Théâtre du Nord, inspecte une trentaine de masques "défectueux", qu'elle doit aujourd'hui "réparer". Avec une autre intervenante de l'atelier "maisons de mode", elle "repère les défauts et recoud pour qu'un maximum de masques passent le contrôle qualité". Chargée aussi "d'épauler les bénévoles", elle "vérifie les coutures, le positionnement des élastiques ou des plis", permettant aux couturières de "devenir autonomes". "C'est un vrai challenge !", lance en riant Florence Roussel, 65 ans, plus habituée à confectionner "coussins et rideaux". Arborant son "tout premier masque" fabriqué en une heure, elle salue "l'accueil très chaleureux", ainsi que les courtes séances de décontraction musculaire proposées par un animateur sportif de la ville.

"Je suis tellement fière de faire ces masques, de pouvoir aider et ça me sort de chez moi !", s'exclame aussi Giacomina Sillity, 54 ans, en recherche d'emploi. "Ici, j'ai beaucoup appris !", ajoute-t-elle, impatiente "d'en fabriquer plein pour la famille et les voisins". Plus loin, Patrick Yanga a "organisé un travail à la chaîne". Couturier professionnel et professeur au sein d'une association, il distribue les tâches à trois "élèves", prenant en charge "les parties les plus difficiles".

"A plusieurs, on va beaucoup plus vite !", sourit-il, souhaitant "se rendre utile, sauver des vies et oublier un peu l'argent".

Avec AFP.

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