Pétition "Zéro déchet au McDo", #McPoubelle ou #zerodechetaumcdo, la toile se mobilise pour faire plier les grandes enseignes de fast-food sur la question du recyclage.
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Tri des déchets : bilan à 6 mois, la restauration rapide respecte-t-elle ses engagements ?

A dix jours de l'échéance, nombre d'enseignes de fast food semblent peiner à atteindre l'objectif de 70 % de restaurants conformes avec la loi sur le tri des déchets.  

En juin, sous la pression du ministère de la Transition écologique et solidaire, quinze enseignes de restauration rapide, dont les géants McDonald's, KFC, Burger King, Starbucks ou Domino's Pizza, s'étaient engagées à respecter en trois ans des obligations en matière de tri des déchets, jusqu'ici largement ignorées.

Sur un secteur qui compte plus de 30 000 points de vente et sert 6 milliards de repas chaque année en France, ces chaînes ont promis de rendre au moins 70 % de leurs restaurants opérationnels pour le tri des déchets d'ici la fin de l'année, 90 % fin 2020 et 100 % fin 2021. Interrogées par l'AFP à l'approche de la première échéance, elles se montraient peu disposées à chiffrer le nombre de restaurants mis en conformité avec la loi.

Le numéro un du secteur, McDonald's, qui exploite 1 470 restaurants dans l'Hexagone, a assuré "déployer activement le tri sélectif en salle, en identifiant pour chaque territoire le système de collecte et de valorisation des déchets en partenariat avec les différents collecteurs, collectivités locales et centres de tri locaux". "L'enseigne sera donc bien en capacité de proposer le tri sélectif dans 100 % de ses restaurants en 3 ans" a affirmé un porte-parole, sans préciser si le palier intermédiaire de 70 % serait atteint.

Quant au numéro deux du secteur, le groupe Bertrand, à la tête de Quick et Burger King, il assure avoir "tout mis en place" pour atteindre les objectifs fixés. Mais si "en cuisine, le tri sera effectif dans l'ensemble des restaurants avant la fin d'année", en revanche, pour le tri en salle, le groupe Bertrand fera "un retour d'avancement début janvier", a simplement dit un porte-parole. Sollicité, le géant américain Domino's Pizza, qui compte plus de 400 restaurants en France où il a récemment fêté ses 30 ans, n'a pas répondu aux demandes de l'AFP, pas plus que son compatriote Starbucks.

"Même planète"

De même, les enseignes Subway, Paul, Class'croute et Pomme de Pain sont restées muettes, tandis que La Mie Câline a dit ne pas vouloir s'exprimer. En revanche leur concurrent Exki a assuré à l'AFP que 70 % de ses "restaurants français gérés en direct" seront conformes aux consignes de tri "cinq flux", grâce à l'arrivée de "meubles de tri nouvelle génération en salle et de poubelles supplémentaires en cuisine". Bien que n'étant pas soumis à l'obligation de tri des biodéchets - ses sites n'en génèrent pas assez -, Exki a indiqué tester la récupération et la valorisation. Un point sera fait par le ministère en janvier, a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Exaspérée par la lenteur du déploiement du tri dans les McDonald's, une jeune femme "écolo" de 25 ans, Marine Laclautre, a lancé en janvier une pétition sur change.org, "Zéro déchet au McDo!", qui a recueilli plus de 143 000 signatures. Cette animatrice socio-culturelle à Poitiers a aussi lancé à l'automne un "appel citoyen" à photographier les poubelles : sur 122 restaurants "visités par la communauté #ZerodechetauMcDo", moins d'un sur trois (32 %) étaient "équipés de poubelles de tri" en salle.

"On vit sur la même planète : plein de citoyens sont ultra motivés pour passer au zéro déchet, et les industriels, eux, ne font rien ! La promesse à l'Etat n'est pas tenue... j'espère que cela deviendra un sujet aux élections municipales", dit-elle à l'AFP. Les établissements de restauration rapide sont tenus d'effectuer un tri des "cinq flux" - papier, carton, verre, plastique et métaux - depuis juillet 2016, ainsi qu'un tri à la source des biodéchets en cuisine et en salle, pour ceux générant plus de 10 tonnes de biodéchets par an - une obligation étendue à tous d'ici 2024.

Or, une enquête menée fin 2018 par le ministère dans 50 établissements, a montré qu'aucun ne recyclait ses déchets, sur un secteur qui génère quelque 180 000 tonnes d'emballage et 60 000 tonnes de déchets alimentaires par an.

Avec AFP. 

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