Fabriquée dans son dernier atelier de production de chaussures de ville en France et déclinée en quatre modèles, "Sessile", paire de sneakers unisexe, contient des composants sélectionnés pour leur caractère "recyclable ou naturel". Le démontage de ces chaussures leur offre une possibilité de seconde vie. En parallèle, comme 66 marques textiles françaises dont le groupe Kering, H&M ou le Slip Français, Eram s'est engagé dans une campagne numérique nationale baptisée #RRR pour "réparer, réutiliser et recycler". Cette campagne, lancée samedi 5 octobre, a pour but d'encourager les consommateurs à donner une seconde vie à leurs vêtements, linge et chaussures.
"Les préoccupations d'éco-responsabilité dans la mode sont en ce moment très importantes pour les entreprises qui ont compris, comme à l'ère du digital il y a quelques années, que toutes les entreprises devaient s'y mettre", explique à l'AFP Gildas Minvielle, directeur de l'Observatoire économique de l'Institut français de la mode. "C'est important pour les consommateurs en forte demande de ce type de produits."
Une des industries les plus polluantes
La campagne propose des ateliers de réparation et d'"upcycling", qui consistent à donner une deuxième vie aux vêtements ou accessoires. Ce qui permet à l'acheteur, au-delà de la prise de conscience, de saisir combien il est nécessaire d'adapter sa consommation de vêtements, de chaussures... D'après EcoTLC, 624 000 tonnes de textile d'habillement, linge de maison et chaussures (TLC) sont mis sur le marché mondial chaque année. En novembre 2018, France Nature Environnement publiait un communiqué mettant en évidence que la pollution causée par l'industrie de la mode est plus importante que le trafic aérien et le trafic maritime réunis. Eléonore Kubik, chargée de mission Gestion et Prévention des Déchets à France Nature Environnement, précisait à ce propos que "toute étape confondue, l’industrie textile émet 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an (...)."
Mais dans le domaine de l'optimisation de la matière première, "Eram est quand-même assez en avance sur le marché français", souligne Michelle Guilloux-Bonnet, déléguée générale de Fédération française de la chaussure. Pour ses sneakers recyclables, la marque s'impose des normes strictes. "Semelle en caoutchouc recyclé" du Portugal, cuir "tanné sans chrome" d'Italie, "lacets en coton bio, oeillets et galons français", énumère Virginie Radier-Tricard, responsable du développement commercial de La Manufacture, tout en reconnaissant chercher à faire encore mieux en matière de traçabilité de l'origine du produit.
Co-créatrice de ces chaussures de sport, elle a porté le projet en quelques mois avec trois autres jeunes cadres de l'entreprise, dont un docteur en matières textiles, Gauthier Bedek, et la collaboration de la styliste parisienne Foteini Pangos. "Nous sommes tous parents, âgés entre 30 et 40 ans et tous sensibles aux questions écologiques. On a voulu créer une marque dont on soit fier, la moins nocive possible pour l'environnement, et qui concilie sens et style", explique Virginie Radier-Tricard.
Seconde vie
Promesse de ses créateurs, la réparabilité de ces sneakers reposera sur un nouveau procédé de démontage -"en cours de brevetage"- qui permettra, en fonction de leur état, de démonter, débactériser et rénover les chaussures usées renvoyées par les clients afin de les revendre. Le client n'aura qu'à retourner les chaussures usées au groupe qui se chargera de les démonter pour les remettre dans le circuit de vente.
Eram cherche à recentrer sa stratégie autour de l'éco-conception afin de fabriquer des produits low-impact, et avec pour ambition de diminuer son empreinte carbone de 30 % d'ici à 2030. Ainsi, les chaussures produites à Montjean-sur-Loire sont confectionnées à partir de chutes de cuir et de semelles inutilisées. En France, d'autres marques se sont lancées sur le créneau des chaussures recyclables : M. Moustache et Jacadi proposent par exemple de reprendre les anciennes chaussures pour les recycler ou les réparer, Ector et Angarde vendent des sneakers ou espadrilles créées à partir de matière recyclées, précise Michelle Guillloux-Bonnet. L'expert Gildas Minvielle souligne que cette tendance s'étend au-delà des chaussures de luxe et gagne le "fast fashion" : on était dans une logique de croissance un peu excessive, aujourd'hui même les distributeurs qui ne sont pas forcément positionnés sur des produits très chers sont conscients" des limites du modèle du consommer-jeter.
En 2018, EcoTLC évalue la collecte de textile/linge/chaussures à 3,6 Kg par habitant soit 239 000 tonnes, ce qui représente environ 38 % du gisement potentiel chaque année. Sur la part de ces TLC récoltés, seulement 0,4 % n'est pas valorisé. Les 99,6 % restant sont réutilisés en l’état ou recyclés.
Avec AFP .
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