97,7 % des voitures roulent exclusivement à l'essence ou au diesel.
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Id décrypte

Qu'est-ce que le bioéthanol ?

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Le marché du biocarburant explose. Depuis deux ans, les ventes de voitures "flex fuel" et les points d'achat de superéthanol E-85 se sont démultipliés. Vraie solution à la pollution automobile ? Argument marketing ? Le bioéthanol est-il aussi vert qu'il le prétend ?

Le sans-plomb est de moins en moins populaire. Si l’essence traditionnelle reste majoritaire sur le marché automobile, des alternatives viennent grignoter des parts, avec des arguments de poids : un prix et une empreinte écologique réduite. Avec les voitures électriques, les biocarburants prennent de plus en plus de place dans le parc automobile français. Selon les chiffres du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), la consommation de superéthanol-E85 a augmenté de 83 % entre 2021 et 2022. Au premier trimestre 2023, le bioéthanol représente autour de 7 % de part de marché des essences. Un enthousiasme des consommateurs qui diversifie l’offre. On trouve aujourd’hui environ 3 400 stations-service proposant du bioéthanol, contre 580 en 2015.

Bioéthanol, de quoi parle-t-on ?

Si le procédé est connu depuis le début du XXe siècle, il a été longtemps éclipsé par le pétrole, puis revenant au goût du jour à l’heure de la crise écologique, et de l’augmentation généralisée du prix de l’essence. Peu de constructeurs proposent aujourd'hui des véhicules équipés en réservoirs à bioéthanol, à l'instar de Land Rover ou Ford, entreprise américaine leader de ce marché. Il est cependant possible de convertir son véhicule à l’aide d’un boîtier "flex fuel", monté par un garage agréé.

L'éthanol est présent dans tous les carburants, dans des proportions différentes. Le superéthanol-E85 contient entre 65 et 85 % de bioéthanol, là où les essences fossiles en contiennent entre 5 et 10 %. Cet éthanol est de plus issu de la biomasse, c’est-à-dire des productions agricoles. On parle alors de "biocarburant". En France, 60 % de la production d’alcool éthylique est destinée au bioéthanol, issu des cultures de betteraves sucrières, de blé, ou de maïs. Selon le SNPAA, l’utilisation du bioéthanol, qui pollue beaucoup moins que l’essence lors de la combustion, permettrait d’éviter l’émission d’un million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, et de 90 % d’émission de particules fines, par rapport à une essence classique.

Des qualités environnementales qui permettent au bioéthanol de bénéficier d’une Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) inférieure à celle de l’essence (0,1183 € le litre de bioéthanol, contre 0,6829 €), et de proposer des prix à la pompe autour de 70 centimes en 2022.

Un biocarburant qui fait débat

Cependant, malgré la popularité du superéthanol, des critiques se font entendre. D'abord sur son prix, moins avantageux en 2023, même s'il reste inférieur à celui des autres essences. Il passe en janvier pour la première fois au-dessus de la barre d’un euro, et se stabilise autour de 1,12 € en avril. Pour les producteurs, cette hausse s’explique par l’inflation, qui se répercute sur les coûts de la production agricole, et particulièrement le coût des engrais et des gaz utilisés.

Car si le bioéthanol est plus écologique à la combustion, sa production fait débat. Certains, comme l’ONG Transport et Environnement, s’opposent à son développement, qui serait en réalité polluant. Selon l’organisation de promotion de la mobilité durable, les terres cultivées pour le bioéthanol pourraient absorber plus de carbone si elles étaient laissées à la végétation naturelle. Une politique en faveur du bioéthanol a pour conséquence d’augmenter les surfaces cultivées, et donc les émissions liées à l’agriculture intensive.

Autre critique de l’ONG, la part de la production agricole alimentaire allouée au biocarburant. Selon elle, celle-ci "menace la sécurité alimentaire mondiale". Pour fournir le blé nécessaire au superéthanol E-85, l’équivalent de "9 millions de baguettes [sont] brûlées chaque jour", illustre Transport et Environnement. Le tout dans une situation "d’augmentation du coût de la vie et [de] crises alimentaires".

Des observations appuyées par la Cour des comptes en 2021, qui insiste dans son rapport sur la nécessaire transition vers les "biocarburants avancés", composés de biomasse non-destinée à l’alimentation (déchets de bois, ou de végétaux). Et de conclure : "Les éléments disponibles à ce stade convergent vers un mix de solutions pour atteindre la neutralité carbone. Dans ce contexte, les biocarburants, conventionnels et avancés, dont les apports doivent rester mesurés […] constituent, au moins pour la transition, un potentiel important pour notre pays".

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