L’électroménager, tout comme les objets électroniques, fait partie de la catégorie des D3E ou DEEE (pour déchets d’équipements électriques et électroniques). Et depuis novembre 2006, il est interdit de le jeter à la poubelle. Il faut passer par un point de collecte spécialisé qui emmène le déchet vers un site de traitement dédié. La raison ? Les D3E sont des déchets particulièrement complexes comportant entre autres des éléments plastiques, des métaux lourds et des gaz polluants. Un cocktail de bonheur qu’il serait criminel de jeter dans la nature.
Prenons un exemple avec un produit présent dans 97% des foyers : le réfrigérateur. Dans un réfrigérateur, on y trouve notamment des gaz dont le pouvoir sur le réchauffement climatique est 1000 fois supérieur au CO2. En bref, si on fait le calcul, ce frigo contient 1,24 tonne d’équivalent CO2 ce qui correspond à la pollution générée par une voiture pendant un an*. Il existe une manière bien spécifique de traiter ces gaz polluants pour éviter toute nuisance environnementale. Il faut donc retenir que les D3E ne peuvent pas être jetés n’importe où. Dans ce contexte, le recyclage s’impose comme une nécessité environnementale.
Le recyclage, une démarche environnementale cruciale
La première étape dans le long parcours du recyclage, c’est la collecte ! Pour ce faire, on peut désormais passer par Eco-systèmes, un éco-organisme qui collecte et recycle les appareils électriques et électroniques ménagers usagés. En 2017, cet organisme a réussi à collecter 533 640 tonnes de D3E soit un taux de collecte de 50 %. Un bien meilleur score qu’en 2006, ou celui-ci n’était que de 35 %.
Cependant, même si l'organisme semble améliorer son fonctionnement et collecter de plus en plus de déchets, notre production de déchets par habitant continue elle aussi d’augmenter. Le constat reste donc amer. Enfin, sur le gros électroménager froid (GEM F) dont le frigidaire fait partie, le taux de collecte est de 41 %. Cela signifie qu’en 2017, 1 million de ces appareils, soit 54 mille tonnes, ne sont pas collectés. Sur le GEM hors froid (GEM HF) : lave-linge, lave-vaisselle, sèche, le taux de collecte est de 48 %. Soit 2,4 millions d’unités ou encore 130 mille tonnes qui ne sont pas collectées par l’organisme de traitement pertinent en 2017. Ces déchets “perdus” finiront au mieux dans une décharge sans traitement des polluants ou au pire dans la nature…
Après la collecte, vient l’étape du recyclage et de la valorisation. Maintenant que l’appareil est arrivé à bon port, il peut être valorisé : sous forme de nouvelles matières premières (c’est-à-dire recyclé) ou sous d’autres formes comme la production d’énergie. Le taux de recyclage et de valorisation est encourageant. Sur les 533 640 tonnes de D3E collectées au niveau national par Eco-systèmes en 2017, 81% ont été valorisées sous forme de nouvelles matières premières, et 8 % ont été valorisées sous d’autres formes (énergie, remblais…).
Le recyclage, une solution miracle ?
Il est temps de prendre de la hauteur. Le recyclage, comme toute activité, à un coût environnemental intrinsèque : acheminer, trier, broyer, neutraliser implique systématiquement une consommation en ressources naturelles. D’autant plus que tout n’est pas vraiment recyclable. On parlait notamment de frigidaire, tout habillé de plastique. En France, seulement 6 % du plastique est recyclé dans un circuit fermé par an. Les autres pourcentages correspondent à : un dispersement incontrôlé dans l'environnement (entre 35-50 %), un enfouissement sous terre (20-40 %), une incinération (9-14%), qui permet de valoriser l'énergie dégagée mais qui est responsable d’émission de dioxyde de carbone (effet de serre), ou enfin des pertes lors du processus de recyclage. Pour le frigidaire, c’est encore pire, le plastique est “bromé”, pour éviter un incendie. Ce procédé, utile pour notre sécurité, rend le plastique non recyclable...
Le recyclage n’est donc pas un remède providentiel. Son succès médiatique s’explique principalement car il représente un moyen de créer de la valeur économique à partir d’un produit usagé. C’est un retardateur mais ce n’est en rien un renouvellement de notre modèle économique. En nous responsabilisant sur le recyclage, il ne faudrait pas se déresponsabiliser de notre consommation.
Quelles sont les solutions ?
Un des solutions complémentaires au recyclage serait d’instaurer une vraie politique de sensibilisation des consommateurs à l’allongement de l’utilisation des produits. En prolongeant la vie de sa machine de cinq, six ou sept ans, plus de 70 kg de D3E par machine pourraient être évités (sans compter les matières utilisées pour concevoir l’appareil).
La clé de la réussite :
- Entretenir sa machine ;
- Toujours privilégier la réparation ! Elle est d’ailleurs rentable dans 80% des cas ;
- Faire un don de sa machine à une association, car tout n’est pas à jeter ! En effet, ce n’est pas parce que celle-ci ne fonctionne plus, que toutes les pièces détachées sont inutilisables. C’est ça aussi l’économie circulaire.
- Enfin, privilégier l’achat d’une machine reconditionnée ou d’occasion dès que possible.
Aujourd’hui, il existe donc des alternatives pour éviter le geste encore trop souvent répandu de déposer systématiquement et automatiquement son gros appareil électroménager sur le trottoir. Et, si chacun adoptait ces bons réflexes, c’est finalement un geste fort qui serait fait pour protéger notre planète.
Tribune de Guy PEZAKU, CEO et Co-fondateur de Murfy. Créée en juillet 2018, Murfy propose un service de dépannage et de réparation d’électroménager pour les particuliers. La start-up propose des tarifs transparents, des délais courts, un service client de qualité et la mise à disposition de tutoriels pour l'auto-réparation à domicile. De quoi répondre aux besoins des différents consommateurs souhaitant réparer leurs appareils électroménagers. A ce jour, ce sont 1 500 réparations qui ont été réalisées depuis son lancement.
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