Alexandre Bellage, l'un des fondateurs d'OptiMiam.
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OptiMiam, l'application qui lutte contre le gaspillage alimentaire

OptiMiam est une application anti-gaspi qui met en relation restaurateurs et consommateurs. Les commerçants proposent leur invendus au rabais. Minimum 25 % moins cher que le prix de vente, c'est un moyen de faire des économies tout en luttant contre le gaspillage alimentaire. Rencontre avec Alexandre Bellage, le co-fondateur de l'application.

Quel est le bilan chiffré d’OptiMiam ?

Nous avons créé l’application OptiMiam le 16 octobre 2014, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Depuis cette date, nous avons convaincu près de 800 commerces dans toute la France, pour une communauté d'environ 200 000 utilisateurs. En terme de modèle économique, le commerçant nous rémunère à hauteur d'un euro par transaction. 

Êtes-vous rentable ?

Nous ne le sommes pas encore, puisque nous continuons à investir pour atteindre la masse critique dont nous avons besoin. À terme, nous envisageons de convaincre plusieurs milliers de commerces, pour que nos utilisateurs soient de plus en plus nombreux et qu'ils disposent d'assez d'offres autour d'eux.

OptiMiam est vraiment positionné sur le gaspillage alimentaire, mais c'est aussi l'occasion de faire des bonnes affaires pour les clients. Savez-vous pourquoi les consommateurs utilisent l'application ? 

La majorité des utilisateurs souhaitent, à leur échelle, réduire le gaspillage. Mais bien sûr, c'est aussi un moyen de faire des économies. Par exemple, nous avons beaucoup de profils étudiants, qui font attention aux prix, même s'il n'occultent pas non plus le côté anti-gaspillage. En fait, nous avons beaucoup de profils différents, mais tous partagent notre vision : la nourriture est faite pour être mangée et non jetée. Même si le principe, vous l'aurez compris, est aussi de faire des économies.

Certains utilisateurs pointent du doigt des commerces qui ne joueraient pas vraiment le jeu et qui, sous couvert de lutte anti-gaspillage, en profiteraient pour faire des promotions... 

Ce sont des cas qui peuvent arriver malheureusement. Dès que nous les détectons grâce à notre communauté, nous rappelons aussitôt aux commerçants qu'OptiMiam est une plateforme qui réduit le gaspillage en faisant des promotions sur des produits qui étaient censés être jetés. Donc la frontière peut parfois être mince et c'est notre rôle de vérifier, pour que nos utilisateurs obtiennent ce qu'ils s'attendaient.

On parle beaucoup du sujet du gaspillage alimentaire, mais les chiffres restent encore assez figés... Avez-vous le sentiment que les pratiques changent réellement, que les rapports à la nourriture évoluent ? 

En quatre ans d'existence, nous avons pu constater que le problème est beaucoup mieux abordé qu'auparavant. Aujourd'hui, il y a désormais une loi contre le gaspillage, qui interdit aux supermarchés de jeter de la nourriture. Tous les acteurs cherchent des solutions alternatives pour réduire ce phénomène. Il y a une réelle prise de conscience, du côté des professionnels comme du côté des consommateurs. Associer les deux parties pour agir ensemble, c'est l'idée d'OptiMiam

C'est un enjeu pour les professionnels ? 

Oui, aujourd'hui ça l'est. Avant c'était « normal » d'avoir du gaspillage, mais ça l'est beaucoup moins désormais. Evidemment, il y a des pertes économiques qui sont importantes et non négligeables pour les professionnels. Mais c'est aussi la prise de conscience du grand public qui oblige ces derniers à avoir plus d'éthique, et être plus proactifs sur le sujet du gaspillage alimentaire.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab, cliquez ici