Rafi Haladjian, co-fondateur de Moralscore
©Benjamin Boccas
chronique

Moralscore : "Et si c’était les gentils qui gagnaient à la fin ?"

Quelles entreprises pratiquent l’obsolescence programmée ? Lesquelles utilisent des matériaux polluants ou agissent pour l’environnement ? Rafi Haladjian, co-fondateur de Moralscore tente de répondre à ces questions pour permettre aux consommateurs de favoriser les entreprises qui respectent le mieux leurs valeurs morales.

Pouvez-vous nous présenter Moralscore en quelques mots ?

C’est un service qui permet aux consommateurs de faire des choix qui correspondent le plus à leurs valeurs morales. Chaque utilisateur peut indiquer quelles sont ses propres critères et on créé un classement secteur par secteur des entreprises qui lui correspondent le plus. Aujourd’hui, nous couvrons 17 secteurs et nous en rajoutons un à peu près tous les 10 jours. On a fait les supermarchés, les banques, les fabricants de jouets, les taxis et VTC, les smartphones, baskets, marchands de lunettes… L’idée est de couvrir au fur et à mesure tous les types de consommation. 

Nous faisons un travail de compilation de toutes les informations qui sont disponibles sur une entreprise. 

Comment effectuez-vous cette analyse ?

D'abord, nous établissons une listes de critères qui correspondent à dix grandes familles : l’environnement, les conditions de travail, le social, fiscale et aussi l’impact technologique, c’est-à-dire l’asservissement des gens à la technologie… Une fois cette grille d'analyse établie pour chaque secteur, nous partons à la recherche des réponses pour savoir comment chaque entreprise se comporte pour un critère en particulier. Notre méthode consiste à chercher toutes les informations publiques et disponibles sur ces entreprises : des rapports qui ont été fait par des ONG, les médias, des sites sur lesquels des salariés peuvent donner leur avis sur les conditions de travail - à condition qu’il y ait suffisamment de témoignages pour que ça puisse être représentatif... Nous regardons aussi le site de l'entreprises pour juger de la manière dont elle respecte la vie privée : ses conditions d’utilisation, ses principes de confidentialité. Nous faisons un travail de compilation de toutes les informations qui sont disponibles sur une entreprise. 

Sur cette question de la méthodologie, se pose effectivement l’interrogation de sa pertinence. Ce qui est public peut être de la communication, alors comment faites-vous pour essayer d'aller au delà de l'affichage ?

La communication, c’est ce qui émane de l’entreprise elle-même. Le travail que font les médias sérieux, les ONG et témoignages des différentes parties prenantes, ne peuvent pas pas être considérés comme de la communication. Justement, on prend un panel le plus large possible de témoignage pour avoir un avis. Aujourd’hui quand on regarde nos classements de manière tout à fait pragmatique, on ne se retrouve pas avec Ikea, Amazon ou Uber qui communiquent beaucoup en tête de liste, mais avec quelqu’un qui fait des pulls dans le Pays Basque.

On ne pouvait pas à la fois demander aux gens de rentrer leurs propres échelles éthiques et censurer d’emblée un certain nombre de secteurs. Notre questionnaire est très ouvert et permet toutes les opinions.

Moralscore propose un certain nombre de classements autour d’actions très concrètes liées à la vie quotidienne. La présence d’acteurs comme HOP by Air France ou Easy jet est un principe de réalité de votre part ?

Les "best in class" sont parfois les moins pires de la classe. Ça ne veut pas dire que vous devez voler en avion mais si d’aventure vous l’avez décidé, voilà ce que vous pouvez faire de moins pire. C’est le principe de notre réalité, c’est-à-dire qu’on ne pouvait pas à la fois demander aux gens de rentrer leurs propres échelles éthiques et censurer d’emblée un certain nombre de secteurs. Notre questionnaire est très ouvert et permet toutes les opinions.

Vous avez intégré les jouets assez récemment, qu’avez vous découvert en faisant ce travail ? 

À l'occasion de Noël, on s’est dit que ce serait intéressant de regarder le secteur des jouets. On a découvert qu’en France, on avait les acteurs les plus éthiques à la fois en termes écologiques et en matière de condition de travail, en particulier dans le Jura plutôt que les grosses multinationales de jouets comme Fisher-Price ou Disney. Elles font globalement ce que l’on reproche à la plupart des grosses industries : fabrication en Chine, transport dans le monde entier, ne respecte pas les conditions de travail des ouvriers. 

Quel est le modèle économique d’une offre comme Moralscore ?

Pour le moment elle n’a pas de modèle économique : on a démarré un jour après une discussion avec mes camarades et on s’est dit qu’il était sérieux et intéressant de faire cela. Donc nous travaillons tous de manière bénévole. Pour le moment, on attend que ça grossisse et puis on verra… Avant qu’il y ait un business model, encore faudrait-il qu’il y ait une audience, on l’a bien vu dans le cas de Yuka qui finit de trouver son business model une fois qu’ils ont atteint les 10 millions d’utilisateurs. 

Moralscore, en actions et en chiffres, ça donne quoi ?

Aujourd’hui on a à peu près 300 000 utilisateurs en 1 an qu'on arrive parfois à fidéliser. Il y en a qui sont plus fidèles que d’autres, à chaque fois qu’on lance un secteur il y a à peu près 30 % des gens qui reviennent.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici :

 

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